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                Les coups résonnaient contre l’acier tandis que les survivants se regroupaient devant l’accès au monte-charge. Penchant la tête au-dessus du vite, Geol observa autour d’elle avant de clamer.

— Sur la gauche, une échelle de service !

— Parfait, foncez en tête pour sécuriser la zone. Mon Colonel, vous la suivez. Michelle et Joséphine, vous passez après. Alliza, Milo, Juan, à vous juste après. Les gardes et moi fermerons la marche.

                Alliza et Juan échangèrent un regard puis la femme blindée intervint.

— Juan et moi fermerons la marche.

                Harold les dévisagea quelques secondes.

— Pourquoi ? Les sens de Juan peuvent être très utiles, quant à toi…

— Quant à moi, je pèse trop lourd, je risque d’arracher l’échelle, alors il vaut mieux que je passe la dernière.

                Juan ajouta.

— Je sais que je suis mal foutu, mais je suis redoutable au combat, j’en suis sûr. Une vraie bête. Alors, quand vous ne pourrez plus faire feu, je saurais les tenir en respect.

                Harold pinça les lèvres, mais finit par acquiescer, trop content de ne pas être le dernier à partir, et donc le plus exposé au risque. Le groupe entreprit son ascension dans l’ordre, et le docteur Allit se saisissait de l’échelle au moment où le bruit de chocs contre les portes se mua en celui de l’acier qui se plie et se déchire. Harold et les gardes se mirent alors en position, prêts à faire feu, tandis que divers gémissements et borborygmes leurs parvenaient, et Juan grogna.

— Ça pue la chair en décomposition… Ils arrivent…

— On ne s’en serait pas douté, merci Captain Obvious…

                Milo se saisit de l’échelle au moment où les premiers assaillants arrivaient dans le champ de vision du carré défensif, et Harold cria.

— Attendez ! Ne faites feu que sur ordre.

                Il reconnut le Commandant Lier, dont le visage avait été arraché, libérant pleinement sa langue semblant toujours animée d’une vie propre, et le professeur Dupont, dont le corps se recouvrait lentement d’épieux osseux lui donnant l’apparence d’un porc épic humain, et frémit à l’idée de ce qu’il pouvait devenir. Les créatures n’étaient plus qu’à cinq mètres d’eux quand subitement tout bascula. La langue du Commandant Lier partit en avant à une vitesse que nul n’aurait pu imaginer en ouvrant sa triple mâchoire avant de mordre un garde au bras gauche en lui arrachant un cri d’effroi mêlé de douleur.

— Arrachez-moi ça !

                Harold réorienta son canon vers l’appendice et fit feu, le sectionnant sur le coup, avant d’arracher l’organe à son bras captif, révélant de légères plaies là où le bras avait été mordu, et une quatrième plus profonde, stigmate d’un dard dissimulé dans les mâchoires de l’organe amputé se tortillant au sol.    Se tournant vers les monstres, le Sergent hurla.

— Feu à volonté !

                Les armes aboyèrent, crachant un déluge de plomb et de feu alors que les cartouches rebondissaient vers le sol, tandis qu’Harold se saisissait du garde blessé pour le tirer vers l’échelle.

— Serre les dents et grimpe !

                Il passa son fusil à pompe dans son dos aux côtés du G36 et délesta le blessé de sa propre arme, et le garde se saisit de l’échelle à l’aide de son bras valide pour commencer à grimper tandis que Harold se mettait en position pour faire feu à son tour. Les ogives et le plomb déchiraient les chairs et lacéraient les membres, traversant les corps de part en part sans les arrêter pour autant, quand un des gardes hurla pour couvrir le vacarme des déflagrations.

— Sergent, on ne va pas réussir à les retenir très longtemps…

                Jetant le G36 prit au blessé pour se saisir de son fusil à pompe, Harold lança un regard aux deux patients restés à ses côtés, et ceux-ci acquiescèrent. Le militaire cria alors.

— Repli ! Foncez à l’échelle !

                Alliza s’avança de son pas pesant tandis que Juan se mettait à quatre pattes en grognant alors que le premier garde se saisissait de l’échelle, et ce qu’il restait du professeur Dupont chargea, une main bardée d’excroissances osseuses prête à frapper. Le coup toucha Alliza au torse, mais son armure résista au détriment des armes de son assaillant qui se brisèrent toutes. Armant le poing à son tour, et l’abattit de toute sa force sur le visage du scientifique, l’enfonçant dans un bruit de craquement sinistre alors que Juan bondissait par-dessus elle pour retomber toutes griffes dehors sur une créature en tenue d’infirmier et lui lacérer le ventre.

                Le combat dura ainsi quelques instants, Juan bondissant d’ennemi en adversaire tandis qu’Alliza encaissait les coups sans broncher pour les redistribuer ensuite, véritable char d’assaut humain, permettant aux gardes d’évacuer la zone. Quand ce fut au tour d’Harold, celui-ci hurla.

— C’est bon, venez !

                Tournant un visage couvert d’un liquide noirâtre et épais vers la femme blindée, Juan cria.

— Vas-y. J’aurais plus de facilités que toi à me sauver.

                La femme acquiesça avant de se replier. Elle avait déjà grimpé deux barreaux quand un tentacule lui saisit une cheville pour commencer à la tirer vers le bas en lui arrachant un cri de surprise. Tournant la tête dans la direction, elle vit le corps de Lier, son étrange appendice régénéré et la maintenant, manquant de lui faire lâcher prise. Se laissant glisser de l’échelle, Harold la rejoignit pour l’aider à se libérer, déchirant une fois de plus la chose d’un tirer de fusil à pompe.

— Merci.

— Pas de quoi.

                Alliza allait reprendre son ascension quand le barreau auquel elle se tenait céda. Harold parvint à la retenir en lui attrapant le bras par réflexe alors que le barreau de l’échelle auquel il était lui-même raccroché s’enfonçait.

— Je te tiens !

— Oui, mais qui te tient, toi ?

— T’occupe pas de ça et montes.

                Il tira sur son bras de toutes ses forces pour tracter la femme à lui en gémissant, sentant presque ses muscles se déchirer sous l’effort, et quand elle put saisir l’échelle, il lui fit signer de passer avant lui. Alors qu’il recommençait à monter, il cria.

— Juan, à toi !

                L’homme-bête courut en direction de la cage du monte-charge, sautant par-dessus ses adversaires, avant de pousser un glapissement tandis qu’une vive douleur le saisissait à l’abdomen. Roulant sur le sol, il tenta de se redresser en prenant appui sur ses membres antérieurs avant de gémir et de s’effondrer de nouveau. Roulant sur le flan, il vit une profonde entaille partant de son torse jusqu’à la bande abdominale, suffisamment large pour que son sang se répande en abondance sur le sol. Rassemblant ses forces, il cria tandis que les monstres s’approchaient.

— C’est trop tard pour moi ! Fuis !

                Harold, penché sur l’échelle, vit l’état du patient quatre, et la douleur étreint son cœur. Il aurait voulu dire quelque chose, ou même pouvoir courir au secours du blessé, mais il savait que ça ne servirait à rien, aussi fit-il la seule chose qu’il lui restait à faire et reprit son escalade. Sur le sol, Juan reporta son attention sur les monstres en balayant l’air de coups de griffes sans énergie.

— Allez, enfoirés, venez !

                Il se raidit subitement tandis qu’un épieu osseux se figeait dans ses flancs et que derrière lui le docteur Dupont poussait un borborygme semblable à un rire. En haut de l’échelle, Alliza aidait Harold à se hisser à l’étage.

— Où est Juan ?

                Le soldat ne lui répondit pas, se contentant de fixer le sol avant de se remettre en marche.

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