28
Harold fit quelques pas de plus avant de s’effondrer sur le côté, visiblement à bout de forces, et Allit, Michelle et le Colonel coururent à ses côtés.
— Qu’est-ce qu’il se passe ?
— Je ne sais pas… J’ai mal au dos, aux épaules et aux bras…
Allit, lèvres pincées, le retourna pour l’allonger sur le dos avant de détacher son gilet de combat et sa veste de treillis, puis de le remettre sur le flanc pour les lui retirer avant de se figer. Les traits tirés, Harold tourna la tête vers elle.
— Vous savez que c’est flippant quand vous restez silencieuse comme ça ? J’ai quoi ?
Allit sortit son téléphone portable et prit une photo avant de montrer l’écran à son patient qui blêmit. La peau de son dos et de ses épaules s’était déchirée, laissant apparaître la même peau écailleuse que sur sa main, mais à la masse musculaire plus développée. Le militaire papillonna des yeux quelques secondes, la surprise ayant chassé la douleur, avant de demander.
— Votre verdict, doc ?
Allit se redressa avant de regarder tout le monde et Milo s’approcha d’elle pour poser sa main sur son épaule et acquiescer.
— Allez-y, faites-vous confiance. Le professeur Dupont n’était pas le seul à avoir de bonnes intuitions.
Joséphine opina avant de se lancer.
— Quand vous avez soulevé Allia, la force nécessaire vous manquait, et votre corps a compensé. Il s’est adapté… Votre peau… Votre peau humaine, j’entends, n’a pas tenu le choc…
Harold grogna.
— De toute façon, j’ai comme l’impression qu’il faut que je dise adieu à mon teint hâlé… Aidez-moi à me redresser…
Alliza et Michelle lui tendirent toutes deux une main dont il se saisit, puis elles l’aidèrent à se redresser et à se mettre debout. Quand ce fut fait, Harold retira complètement son gilet de combat et sa veste, révélant son bras droit dont la peau continuait de se décoller, avant de ranger son béret dans une poche de son pantalon puis de retirer son tee-shirt couleur sable, laissant apparaître le derme déchiré pareillement sur les pectoraux et la bande abdominale.
— Super… J’ai l’impression d’être un méchant dans la vieille série V…
Une fois totalement torse nu, il remit uniquement son gilet de combat puis entreprit de vider les poches de sa veste pour récupérer les cartouches de fusil à pompe pour recharger celui-ci en marmonnant.
— Plus que six cartouches dans l’arme et douze en poches, après je passe au G36. Contrôlez vos munitions, dès qu’on atteint l’armurerie centralisée, on refait les stocks.
— On est déjà dans l’armurerie.
Harold releva la tête en direction du Colonel avant de regarder autour de lui. Pris par les évènements, il n’avait pas fait attention à ce qui l’entourait, mais découvrait à présent des râteliers bardés d’armes et de chargeurs prégraillés et sourit.
— C’est Noël…
Il se déplaça dans les râteliers avant de crier.
— Servez-vous allègrement, c’est ma tournée.
Finissant de remonter l’allée, il s’arrêta en souriant plus encore.
— Alliza, viens voir par là !
La femme à l’armure osseuse vint le rejoindre pour le trouver admirer une arme à six tubes reliée par une large gaine caoutchouteuse à un baril aussi haut que large et mesurant presque autant qu’Harold. Fronçant les sourcils, elle s’enquit.
— C’est quoi ce truc ?
Harold tourna vers elle un visage extatique avant de répondre.
— Ça, ma cocotte, c’est un canon M61 A2*, version allégée du M61 A1 Vulcan*. Six tubes rotatifs crachant quatre suppositoires anti blindages incendiaires puis une pilule explosive incendiaire, le tout à une cadence folle. Vu le backpack raccordé, je dirais qu’il y a vingt mille pruneaux… Et je t’en fais cadeau.
Alliza haussa un sourcil dubitatif avant de marmonner.
— Bah, mon vieux, tu sais parler aux femmes toi…
— Bah, je n’avais pas de parure de bijoux. Tu appuies là, les canons tournent, tu presses ensuite la détente et tu déchires en deux tout ce qui se présente face à toi. Tu veux de l’aide pour l’enfiler ?
— Non merci.
— OK, alors prépare-toi.
Harold repartit pour aller trouver le Colonel s’équipant d’un armement plus conventionnel.
— Mon Colonel, vous n’auriez pas vu des lance-grenades M203* par hasard ?
— Derrière toi. Avec ceintures de vingt grenades déjà prêtes.
— Merci ! Prenez-en un aussi, au cas où…
Le Colonel lui montra sa carabine M4A1* déjà équipée du lance-grenades.
— Je ne t’ai pas attendu.
— Parfait.
Il se saisit de la bandoulière de grenades et la passa autour de son torse par un bras et le cou, avant de faire basculer le tout pour que les explosifs soient dans son dos.
— Pourquoi tu fais ça ?
Souriant, Harold répondit.
— S’il a contaminé des gardes armés et qu’ils nous tirent dessus, le projectile devra traverser mon corps avant de toucher la grenade. Je réduis les risques qu’elles explosent, comme ça.
— Pas bête.
Le gradé l’imita tandis qu’Harold se saisissait d’une mitraillette pour commencer à l’équiper au moment où Michelle le rejoignait.
— Tu t’éclates ?
— On peut voir ça comme ça. Je te prépare une Vector*.
— Une quoi ?
— Un petit pistolet-mitrailleur, pas trop lourd, précis et sans trop de recul. Grailles les chargeurs, tu veux bien, et après je te préparerais un gilet de combat.
Michelle haussa un sourcil avant de s’exécuter.
— J’en fais combien ?
— Sept. Un dans l’arme, six dans le gilet. Tu es un amour.
— Ça, je le savais déjà. Tu lui mets quoi comme accessoires ?
Toujours souriant, le militaire répondit.
— Sous le corps de l’arme, tu as une poignée ergonomique pour te faciliter la prise en main, avec un pointeur laser intégré, et sur la poignée garde-main je te mets un AIM-point, pour si tu dois prendre une visée. Et une sangle, pour que si tu venais accidentellement à la lâcher, tu ne la perdes pas pour autant. Tiens, essaie-la.
Il tendit l’engin à sa compagne qui passa la sangle autour de son coup, et il l’aida à prendre une visée correcte plusieurs fois, puis lui apprit à changer le chargeur et armer le pistolet-mitrailleur. Après quelques minutes, quand il fut certain que Michelle avait acquis les bases, il cria.
— Tout le monde est prêt ?
Il reçut plusieurs réponses positives et reprit.
— Alors en route. On a un générateur à faire exploser.
Alors qu’il arrivait à une des portes blindées, Geol lui lança deux objets cylindriques.
— Tiens soldat. Deux grenades incendiaires, à la place de tes pauvres fumigènes.
Harold sourit à s’en déchirer les joues.
— C’est vraiment Noël !
*Le M61 Vulcan est une arme hexatube (six canons) d’un calibre de 20 mm (20 × 102 mm) avec grande cadence de tir (6 000 cps/min), utilisant le principe de la mitrailleuse Gatling. Elle fut développée aux États-Unis. Elle est depuis les années 1960 le principal canon équipant les avions de combat des États-Unis, du vénérable B-52 aux chasseurs de dernière génération F-22 ; seul le A-10 a un canon différent, le GAU-8 Avenger de 30 mm antichar. Il est cependant de plus en plus abandonné dans ce rôle au profit de missiles air-sol. D’autres appareils embarquent le GAU-12 Equalizer de 25 mm, plus adapté à l’attaque au sol que le M61. Il sert aussi d’arme antiaérienne, sur le M163 VADS, une variante du véhicule blindé M113 dédiée à la lutte antiaérienne, et dans le Phalanx CIWS, un système de défense pour les navires.
*M61A2 : Version allégée du M61A1 pesant 93 kg. Il équipe les F/A-18E/F Super Hornet et F-22 Raptor ainsi que les F-CK-1 Ching-Kuo taïwanais. Les F/A-18C/D ont par ailleurs été rééquipés de M61A2
*Le M203 est un lance-grenades développé entre 1967 et 1968 par l’AAI corporation sous contrat de l’US Army. Le lance-grenades M203 est un lance-grenades à un coup de calibre 40 mm et à rechargement manuel venant se placer sous le garde-main de l’arme depuis laquelle il est utilisé. De conception entièrement métallique, il n’a pour autant pas un poids excessif. Le M203 peut utiliser tous les types de grenades de 40 x 46 mm OTAN.
*Le Colt M4 est une carabine militaire conçue aux États-Unis, en service dans les forces spéciales américaines à partir de 1994 et qui remplace les variantes du M16 dont il est dérivé dans toutes les unités de combat américaines
*Le KRISS Vector, aussi appelé TDI KRISS Super V XSMG, est un pistolet-mitrailleur chambré en .45 ACP, en 9 mm et en .40 S & W fabriqué par Transformational Defense Industries en 2006 sur la base des brevets déposés par Renaud Kerbrat en 2003.
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