Réveil
Enrobée d'un liquide visqueux, une moiteur tiède baignait Samra, lui rappelant la couchette biologique, et malgré la fraicheur du lieu elle reprenait connaissance délicatement, sans pour autant lui faire perdre de vue sa position d'otage. L'air qui entrait par ses narines paraissait froid. Ses idées restaient claires et son ouïe lui fît comprendre qu'on l'entourait largement sans comprendre l'activité environnante. Aucune douleur ne l'affectait, seulement le sentiment de ne pas être libre ainsi qu'une immense solitude. Les yeux clos, Samra tentait de trouver des indices quant aux moyens de se sortir de cette situation. Le profil du visage sur le bras, paumes plaquées au sol, une impression de terre battue lui parvint, de par l'odeur et le toucher lisse. Elle compta les secondes pour s'encrer plus encore dans la réalité après un sommeil étrange où l'on est venu lui parler au travers de sensations et d'images.
Je-ne-sais-quoi vient de me frôler. Je perçois quelque chose... Elle se concentra comme on fait le point avec sa vue, malgré ses yeux fermés - C'est un rifle ! - Elle ouvrit seulement les paupières : un flou provenant de ce qui la recouvrait laissait imaginer des colosses en nombre. Après quelques minutes, elle vit ses ravisseurs s'agiter dans une sorte de théâtre gigantesque baigné d'une lumière ocre scintillante provenant d'une multitude de torches enflammées qui tapissaient l'enceinte de la grotte. Ces êtres semblaient se comporter comme des sénateurs lors de la Rome Antique, à débattre, se contredire, convaincre mais sans la parole. Samra s'aventura à tourner lentement la tête vers la créature la plus proche. Elle vit un mastodonte, aux griffes courbes et longues comme des cimeterres, le thorax velu bombé, tenant méticuleusement un rifle comme un joueur d'échec le ferait d'une pièce.
Samra vérifia qu'elle pouvait bouger en contractant discrètement les muscles de ses membres. Elle se sentait, à son grand étonnement, en pleine possession de ses moyens. En une seconde, elle bondit, arracha le fusil des griffes de Candus, s'écarta de quelques mêtres tout en s'assurant du bon fonctionnement de l'arme. Elle savait qu'elle n'avait pas une chance de s'en sortir seule contre tous au souvenir de l'embuscade à l'air libre pourtant cette pulsion venait du plus profond de son être ; elle était irrepressible et insensée. Un besoin de ne plus être entravée plus fort encore que sa vie. Un cri ponctua son sentiment :
- Bougez plus !
Aucune émotion de transparaissait sur leurs visages bestiales. L'assemblée resta figée sauf le bras de Candus qui s'abaissa lentement après avoir perdu l'arme et Samra qui ciblait, par des mouvements empressés, ses plus proches ennemis, les uns après les autres. "Picieg" résonnait muettement. Tel un duel, la tension montait jusqu'à ce que l'un d'eux rompit l'apparente léthargie : il pris son départ de derrière Candus, s'élançant subitement sur Samra qui tira en réflexe, sans effet. L'objectif était clair pour toute l'assemblée, Samra inclue : l'écrasement de la menace qu'elle représentait. Candus réagit au moment d'être dépassé et en une seconde bouscula son camarade vindicatif d'un lourd coup d'épaule, l'envoyant s'aplatir lourdement au sol. La terre trembla devant Samra. Une fois encore, tout se retrouva suspendu. La soldate pointa son canon sur le géant avachit, sans s'en servir.
Après cette démonstration de violence, elle pris conscience de la situation et n'eut d'autre choix logique que de jeter son rifle aux pieds de Candus sans quitter son regard sombre.
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