Crise d’angoisse

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Je me suis rappelée d’une crise d’angoisse faite pendant des vacances… Je vous raconte. 


Je suis allongée en position foetale, sur le bord d’un chemin. Quelques passants me demandent si tout va bien. Je leur fais signe de la tête, difficilement, que oui et ils repartent aussi vite. Je suis mal, le soleil tape sur mon crâne.


Le temps file petit a petit, je n’arrive plus à bouger, ma crise d’angoisse ne s’arrête pas. Je suis incapable de me lever et de rentrer chez moi. Je suis perdue sans mes lunettes, je ne saurais retrouver le trajet pour repartir. Mes larmes ne coulent pas, je suis juste inerte, presque morte. Ma bouche est sèche. Je supplie la vie de m’aider, mais rien ne se passe. Des passant passent devant moi, mais aucun ne m’aide.

Il me faudra attendre un long moment avant qu’un couple avec leurs enfants ne s’arrête pour me demander si je vais bien. Je ne peux pas bouger la tête pour leur répondre, je les distingue à peine. La femme s’en va, appelle ses enfants et je l’entends au loin téléphoner. J’aurai voulu lui dire que j’ai peur de perdre mon homme


— Bonjour, je vous appelle parce qu’on a trouvé une jeune fille allongée sur le bord d’un chemin, elle est habillée comme en plein hiver, gros pull et bottines, elle a l’air mal.


— Comment tu t’appelles ? me demande son mari resté, inquiet, auprès de moi.


J’essaie de chuchoter mon prénom, mais rien ne sort. Je reste muette. J’ai l’impression de mourir petit à petit.


— Est-ce que je peux prendre ton pouls ?


Il pose alors ses doigts sur mon poignet, avant de crier à sa femme que mon pouls est normal.


— Je suis désolé, on appelle les pompiers, je ne sais pas quoi faire d’autre pour t’aider…


Le temps continue à passer, je crame sous le soleil d’été. On est en Bretagne, ce matin je me suis habillée chaudement car il faisait frais, oubliant que le temps change vite en bord de mer.


Je ne me rends plus compte du temps qui passe, paralysée dans l’herbe, quand j’entends le camion de pompiers arriver. L’homme s’en va, me laissant seule.


— Elle est là, je la vois ! crie un des pompiers.


Ils accourent aussitôt vers moi, me demandent comment je m’appelle.


Je ne réussis pas à leur répondre, j’essaie de chuchoter au pompier, qui baisse sa tête auprès de mon visage, que j’ai fais une crise d’angoisse.


— On va vous assoir.


Il me relève alors, m’assoit en m’adossant sur les genoux d’un des pompiers.


Il me tient, je n’arrive pas à rester asise. Ils me parlent, mais je ne réalise pas tout, je suis trop affaiblie. Ils m’assoient alors sur une chaise et m’y attachent, pour m’emmener dans leur camion. Je regarde le sol, toujours immobile.


Une fois dans le camion, une policière monte. Le pompier me détache et essaie de me lever pour m’allonger sur le lit, mais il oublie une des ceintures de sécurité.


— Tu ne veux pas t’allonger ?


Je me détache alors et, enfin, j’arrive à chuchoter !


— Ramène-moi chez moi…


— Oui, mais d’abord je veux savoir ce qu’il se passe. Ce n’est pas normal de se retrouver en position foetale, sur un chemin.


— S’il vous plait, le supplié-je.


— Il s’est passé quoi pour que tu te retrouves comme ça ?


— Rien, j’ai fait une crise d’angoisse, lui murmuré-je.


— Si, il s’est passé quelque chose et on va le savoir.


— Comment tu t’appelles ? me demande la femme.


— Je n’ai pas envie de donner mon nom, je veux d’abord rentrer chez moi.


— Ça ne se passe pas comme ça, ce n’est pas toi qui décide, on a besoin de quelques informations et après on te ramènera chez toi, me répond le pompier.


Je ne parviens pas à les regarder dans les yeux.


— Tu es arrivée comment ici ?


— J’ai fais une crise d’angoisse.


— Mais on se retrouve pas dans cette position comme ça, je passe ici tous les jours, je n’ai jamais vu personne dans cet état.


— J’ai juste fait une crise d’angoisse…


— Il s’est passé quoi ?


— Je marchais et je me suis perdue, parce que je vois flou sans mes lunettes, j’ai paniqué, j’ai voulu me calmer. J’ai vu ce chemin, je me suis assise dans l’herbe et j’ai essayé de me rassurer. Ça n’a pas marché, je me suis allongée et là je n’ai plus réussi à bouger.


— Mais on ne se met pas dans cet état sans raison, qu’est ce qu’il s’est passé ? me répète la policière.


— Rien. Mon copain a reçu un appel qui ne m’a pas plu. J’ai l’impression de l’avoir perdu.


— On peut le comprendre, tu sais. Ça fait longtemps que tu vis ici ?


— J’y suis en vacances, depuis une semaine.


— Bon. Tu veux bien me donner ton prénom ?


— Delh.


— Et ton nom ?


— Quand je serai chez moi.


J’entends à la radio qu’ils veulent m’emmener à l’hôpital, je panique et me lève en furie. Je reprends tout à coup un peu de forces ! Je sors du camion et m’aperçois qu’une dizaine de policiers et pompiers nous escortent. Ils m’encerclent alors.


— Ramène-moi chez moi, s’il te plait, dis-je à une policière qui ne porte pas de masque contrairement à ses collègues.


— Viens Delh, m’ordonne le pompier, on retourne discuter dans le camion.


Je le suis, m’adosse contre le lit et il me requestionne.


— Tu vis où pendant tes vacances ?


— Je ne connais pas l’adresse, près de l’église, un portail de garage bleu.


La policière descend du camion.


— La présence d’une femme te rassure ?


— Non, je m’en fiche, je veux juste rentrer chez moi.


Une dizaine de minutes défilent, pendant lesquelles ils me posent un tas de questions que je peine à entendre.


— Elle est née à St Germain en Laye ! crie une voix masculine.


Je ne sais pas comment ils ont eu cette information.


— Tu prends des médicaments Delh ?


— Non.


— Tu as une maladie ?


— Non plus, non.


Il me regarde, et enfin j’arrive à lever les yeux. J’aperçois ses yeux marrons. Il est jeune, il tient une feuille verte entre ses mains.


— J’ai besoin de tes informations Delh, ta date de naissance ?


— 12 mars 1993.


— Ton nom de famille ?


— Non, je ne veux pas que ma famille soit au courant. Ramenez-moi chez moi, s’il vous plait !


— Des policiers sont allés chez toi Delh, on ne peut pas te relâcher comme ça, il faut que l’on s’assure que tu sois en sécurité.


Je panique, ils ont vu la maison en ruine. Il me demande avec qui je suis en vacances, je lui réponds avec mon copain. Il me demande alors son prénom et à quoi il ressemble, pour qu’il puissent le chercher.


— Il est brun, il sort toujours avec son husky. Et il s’appelle Jim.


— On va chercher le copain, nous informe la policière en descendant du camion.


Elle ferme la porte derrière elle, je soupire et nous attendons.


De longues minutes interminables défilent. Le pompier me demande s’il y a des activités qui me détendent. Je lui parle de la présence des chevaux et l’équitation. Je lui dis également que j’ai travaillé une année dans une écurie de tourisme équestre. Il me réponds alors qu’aux Sables, pas loin, il y a une écurie où je pourrais aller, en disant que je viens de sa part. 


La femme revient, nous informe que mon copain buvait un verre en terrasse, qu’il arrive.


Nous continuons à discuter, je lui dit que peindre sur toile m’apaise, que l’écriture aussi. Il m’encourage alors à continuer. Je lui demande de l’eau aussi, car je suis complètement déshydratée…


Jusqu’à ce que la porte s’ouvre et qu’entre mon copain étrangement serein. J’accoure vers lui, l’enlace quelques secondes et m’excuse.


— Bonjour monsieur, est ce que Delh prends des médicaments ?


— Non, pas à ma connaissance, leur répond-il.


Il ment, car sinon ils m’auraient emmenée aux urgences psychiatrique vue que je suis diagnostiquée schizophrène.


Il nous laisse repartir, après avoir fait signer une décharge à mon copain et nous avoir proposé de nous ramener en voiture. Nous avons refusé, cela nous ferait du bien de marcher un petit peu. Il nous ont alors indiqué le trajet, nous sommes parties sous le regard d’une quinzaine de policiers et pompiers.

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