Scarification
La première fois que je me suis scarifiée, j’ai écrit « aide-moi » sur mon ventre. C’était à l’époque où Lucas était mon petit copain. Je devais avoir 16 ans. Un appel à l’aide !
Je n’ai pas recommencé à me faire mal jusqu’à mes 25 ans environ où là, je me suis scarifiée le bras. C’était juste avant le décès de mon chat. Puis le lendemain de sa mort, j’ai été hospitalisée deux mois en psychiatrie.
J’ai recommencé à me scarifier le bras vers mes 28 ans où j’ai dû avoir des points de suture. J’ai été emmenée par les pompiers. Une infirmière, ensuite, venait me voir chaque matin pendant dix jours pour changer mon pansement, puis pour retirer les fils.
La dernière fois que je me suis scarifiée remonte à une semaine, deux semaines avant mes 31 ans. Je me suis coupée dans mon bain, j’ai perdu beaucoup de sang. L’eau était bien rouge ! Au téléphone, je l’ai dit à un copain. Mon chéri a entendu la conversation et tout de suite, à taper comme un fou à la porte de la salle de bain. Je lui ai ouvert et, immédiatement, il a appelé le 15 qui nous a envoyé les pompiers. Il était en panique ! C’est une femme qui s’est le plus occupé de moi. Je lui ai dit que tout ça est inutile, que mes plaies sont superficielles, elle m’a répondu « on prend soin de vous ». Elle était tellement zen et belle et, avec son sourire radieux, elle arrivait sans aucun souci à me faire sourire aussi. Elle m’a fait un pansement, ils ont pris ma tension et ont vérifié ma respiration, puis ils m’ont emmenée à l’hôpital.
Là-bas, j’ai dû attendre deux heures sur un fauteuil. Au bout de ces deux heures, j’en ai eu marre, d’autant plus qu’une sonnerie retentissait sans cesse et que je suis presque allergique aux bruits, je me suis alors évadée de l’hôpital. J’ai suivi les panneaux pour les voitures « sortie » et me suis rendue à la sortie de l’hosto afin que Léo vienne me chercher.
Les urgences l’ont appelé, lui ont dit que le médecin me cherche et qu’il faut que je revienne. Je lui ai répondu que non, je suis partie, point final.
Deux pompiers sont donc venus me chercher dans la rue ! Ils m’ont dit que je dois faire une décharge si je veux sortir. Je les ai suivi jusqu’à l’hôpital bien que je sentais le piège gros comme une maison.
Quand je suis arrivée, un médecin nous attendait. Il a dit que je verrai avec lui pour la décharge et il m’a installée dans le box 4. Je n’ai jamais revu ce médecin ! Une infirmière est venue me questionner et m’a ensuite annoncé que si je repartais, ce serait la gendarmerie qui viendrait me chercher cette fois. Elle m’a dit que si je voulais sortir, il fallait que mon taux d’alcool, car j’avais bu le soir, soit à 0.
Peu de temps après qu’elle m’ait laissé, je suis sortie de mon box, et j’ai demandé un test pour l’alcool à une infirmière qui passait. Elle m’a répondu froidement que ça ne changerait rien, que je suis hospitalisée jusqu’au lendemain, jusqu’à voir le médecin psychiatre et, elle aussi, m’a informé que si je sortais de l’hôpital encore, ce serait la gendarmerie qui viendrait me chercher. J’ai donc demandé à avoir mon médicament qui me fait dormir, puis j’ai éteint la lumière du box et me suis endormie jusqu’au matin où ils m’ont déplacée. Ils m’ont mise dans un couloir à côté de plein de box séparés entre eux par des rideaux.
J’étais très fliquée suite à ma petite évasion. Lorsque je voulais fumer, les infirmières me disaient de laisser mon sac sur mon lit. Elles savaient que je ne partirais pas sans évidemment. J’ai attendu jusqu’à l’heure du midi où j’ai enfin vu le psychiatre du service. Il ne voyait pas d’inconvénients à ce que je sorte. Je lui ai dit la vérité, que je m’étais scarifiée à propos de la plainte concernant le fiancé de ma sœur. Que j’étais apeurée par cette plainte et que la scarification me semblait être la seule solution pour calmer mes angoisses.
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