Phobies

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J’ai toujours été assaillie par des peurs qui, peu à peu, sont devenues phobies.

Cela a commencé à mes 6 ans avec ma maîtresse d’école qui enfermait régulièrement un garçon africain dans le cagibi, dans le noir. Et Amir qui me terrorisaient avec ses menaces de me frapper.

Puis mes peurs ont pris le dessus au collège, en 4ème. Ma peur du monde devenait phobie sociale. J’étais apeurée à l’idée de me rendre au collège, dans ce grand bâtiment angoissant rempli de ces personnes qui ne me soutenaient pas. J’ai d’ailleurs fait une crise d’angoisse un jour où la peur était trop forte. Je tremblais, tombée au sol, je pleurais, je suffoquais. N’en pouvant plus d’essayer de surmonter mes émotions, j’avais fait une tentative de suicide la veille. J’avais avalé plein de médicaments. J’ai été amenée par deux élèves à l’infirmerie, qui a décidé de m’hospitaliser. Je suis restée dix jours à l’hôpital. L’équipe soignante n’était pas très douée avec moi alors lorsque je suis revenue chez moi, tout est redevenu comme avant.

Mes angoisses sont devenues invivables au CFA lorsque j’étudiais les chevaux. A ce moment-là, j’ai quitté l’école et, dans la chambre de Lucas, mon agoraphobie est apparue. Petit à petit, je n’arrivais plus à sortir de sa chambre jusqu’à m’isoler complètement. Je n’arrivais plus à dire « bonjour » aux inconnus, je n’arrivais plus à sortir sans qu’une personne de confiance accepte que je lui tienne le bras. Je regardais toujours le sol, je ne levais que rarement la tête. Je ne m’ennuyais pas dans ma chambre, j’interagissais beaucoup sur un forum pour personnes agoraphobes et phobiques sociales, jusqu’à ce que l’on me nomme administratrice où là ce forum est devenu une véritable occupation à temps plein.

Lorsque j’ai quitté Lucas pour Bastien, mes phobies ont diminuées. Je me suis un peu émancipée. J’arrivais à ne plus tenir une personne de confiance. Je n’avais confiance en personne là où vivait Bastien. En revanche, ma phobie de l’abandon ne m’a pas quittée, je devenais également dépendante de Bastien tout comme je l’avais été de Lucas. Je souffrais de dépendance affective. C’était invivable. Je vivais dans la peur de perdre mon nouveau pilier, Bastien, celui qui me maintenait debout.

La phobie de l’eau m’est apparu il y a quelques années, à mes 23 ans. Avec un groupe d’amis de la mère à Bastien, nous avons pris une maison en location pour assister aux grandes marrées de Saint Malo. Lorsqu’on était sur le sable, d’un coup, j’ai vu la mer monter et j’ai alors paniqué. Nous nous retrouvions presque bloqués entre la mer et le mur qui définissait la fin de la plage. J’ai vu tout noir et, d’un coup, j’ai comme perdu conscience, tout en pleurant, tout en restant debout. Je ne savais plus où j’étais, qui j’étais, j’étais dans un état d’amnésie. Je n’étais plus personne, je n’étais qu’angoisse. Là, deux amis de mon ancienne belle-mère m’ont portée jusqu’à un escalier qui menait au bitume. Sauf qu’une grosse flaque d’eau devant moi m’empêchait de monter. J’ai alors encore une fois paniquée, j’ai pleuré comme pas possible, alors ils m’ont montée jusqu’au bitume où j’ai pu respirer enfin. Là, ma conscience est revenue et mon âme est pleinement retournée dans mon corps. J’ai ensuite eu un petit peu le syndrome du sauveur. Quentin, cet homme qui a pris les devants lorsque j’étais en crise me paraissait tout d’un coup comme quelqu’un d’hyper important à mes yeux. Je lui en étais si reconnaissante. Malheureusement, j’ai quitté cette vie avec Bastien peu de temps après et je n’ai jamais revu Quentin.

Aujourd’hui, des années ont passées et je suis toujours apeurée et phobique de certaines choses, ce qui m’empêche de travailler.

J’ai toujours la phobie de l’abandon bien qu’elle soit beaucoup plus vivable qu’auparavant. Je me dis que si Léo me quittait, ma vie ne deviendrait que déchéance. Je tomberai dans l’alcool et les drogues, je vivrai au jour le jour, je ne me verrai plus d’avenir.

J’ai la peur extrême de sortir de chez moi dans des lieux que je ne connais pas, que ce soit dans des bâtiments, des trains, des lieux extérieurs. Il m’est arrivé, lorsque j’ai voulu affronter ces phobies, de souffrir de crise de tétanie. Je tombais ainsi au sol et n’arrivais plus à bouger. Les yeux ouverts, la respiration presque coupée. Les passants affolés ont déjà appelé les pompiers pour moi dans ces moments-là.

J’ai également la peur invivable de parler à plusieurs personnes en même temps. J’arrive maintenant à tenir une conversation, courte certes, avec une ou deux personnes en même temps. Au-delà de deux personnes, cela devient impossible pour moi, je deviens mutique.

Sinon, la phobie de la route m’est apparue. Je peux conduire dans ma petite ville, bien que je ne sache pas reconnaître toutes les routes, car je n’arrive pas à me repérer dans l’espace. Mais en dehors de ma ville, cela m’est compliquée. Je panique vite et donc je frôle les accidents.

J’ai la phobie de faire les courses alimentaires seule, cette phobie ne m’a pas quitté bien qu’elle ait évolué, elle est beaucoup moins forte qu’au temps de Lucas. J’arrive cependant à me rendre dans quelques magasins que je connais par cœur, des magasins de vêtements, des animaleries ou encore des magasins pour la maison.

J’ai également la phobie des fantômes. Ayant eu trois hallucinations visuelles et une centaine auditives, j’ai peur que cela soit des fantômes qui me traquent.

Une nouvelle phobie vient s’ajouter à ma liste. J’ai vu la psychologue judiciaire et ais répondu à toutes ces questions. Elle a bien vu mon mal-être par rapport à l’histoire. J’ai ensuite téléphoner à la gendarmerie pour savoir quelle serait la suite. Le gendarme que j’ai eu en ligne m’a dit qu’ils enverront le rapport de la psychologue à la gendarmerie du département de mon agresseur et que suite à ça, il sera placé en garde à vue. J’ai très peur que la personne concernée aille pleurer dans les jupons de ma mère et que, du coup, ma mère rejette toute la faute sur moi comme elle en est très bien capable. J’ai extrêmement peur qu’elle et mon père ne veuille plus me parler. Comme ils ont fait les morts pendant les trois interminables jours qui ont suivies le moment où l’histoire a éclatée. 

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