Rencontre dans le train 04/04/2022
Que le trajet me semble long, dans cette morne campagne Il n’y a personne dans ce wagon, juste une longue solitude, bercé par le bruit des rails tels un métronome déroulant le temps sans fin de ce voyage vers l’inconnu.
Le train s’arrête. Une autre gare sur ce trajet long et monotone.
Soudain, tu apparais au bout du couloir, dans l’encadrement de cette porte. Jolie bout de femme, dans cette robe d’été, que la brise fait voler, laissant apparaître de belles cuisses.
Tu parcours les rangées, cherchant ta place parmi tous ces inconnus et toutes ces places vides.
Tu arrives devant moi, regarde les numéros de siège. Vas-tu t’asseoir en face de moi ? Tu hésites, tu regardes autour de toi toutes ces places vides. Tu aimerais probablement choisir un autre endroit, pourquoi justement le seul siège dont le vis-à-vis est occupé ?
Tu te décides à t’assoir. Cette table nous séparera, frontière infranchissable. Tu ne m’as encore jeté aucun coup d’œil. Tu regardes le paysage monotone.
Tu as mis tes genoux sur le côté, pour ne pas frôler mes jambes. Tu sembles si petite dans ce fauteuil, comme si tu voulais disparaître dedans.
Je te regarde, doux visage, tu commences à t’endormir, bercée par les mouvements du train. Ta tête penche, vient se poser sur la fenêtre.
Soudain tu sursautes. Le mouvement du train de réveilles brusquement, tu te demandes où tu es.
Ton regard accroche le mien, tu rougis, tu baisses les yeux. Tu recommences à regarder dehors. Et tu te rendors.
Tes jambes se relâchent, viennent toucher les miennes. Tes genoux se calent contre les miens. Tu dors paisiblement, tu es tellement charmante.
Tu te réveilles une nouvelle fois, tu sens tes genoux contre les miens, tu deviens pivoine. Tu te redresses en évitant bien soigneusement mon regarde. Tu n’as toujours pas prononcé un mot.
Tu n’arrives pas à trouver de position où tu sois à l’aise. Ta sieste t’a complètement engourdie. Tu te lèves. Je sens au passage un doux parfum de jasmin, fraîcheur d’été.
Tu passes à côté de moi, et un virage provoque une secousse, tu trébuche et tombe dans mes bras. Je viens d’entendre ta voix pour la première fois, aussi belle que le chant d’un oiseau.
Ta tête est contre mon épaule, complètement allongée sur mes genoux. Je regarde tes yeux magnifiques. Tu essayes de t’échapper, mais tu es coincée par cette table.
Tes yeux accrochent mon regard, tu ne peux plus quitter mes yeux. Tu veux t’échapper, tu te redresse tant bien que mal, et ton visage approche du mien. Je meure d’envie de t’embrasser. Tu me regarde fixement, tu ne fuis plus mon regard, tes lèvres à quelques millimètres des miennes, belles framboises que j’aimerai tant goûter.
Ton visage parcourt le peu d’espace qui nous sépare, tes lèvres ont le goût du sucre, un frisson parcours ma colonne vertébrale, à ce contact. Tu commences à te détendre et t’abandonner à ce baiser, tu te réfugie dans mes bras, qui t’étaient inconnus il y a quelques minutes à peine.
Que ce trajet ne finisse jamais, que le train de la vie ne rencontre aucun terminus, parcourons la terre dans cet infini voyage, jusqu’à la fin des temps.
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