Se brûler les ailes

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Me voilà devant la salle de danse avec mon sac à dos en attendant ma sœur. Roberto m’a laissé confiant et mon angoisse me noie. Le monde défile et personne ne fait pas attention à moi.

Pourtant, je fouille dans la poche avant pour avaler deux bonbons anti-stress et manger un petit sac de chips à toute vitesse. De honte, je me cache presque jusqu’à que ma sœur arrive enfin. Elle me réprimande un peu avant d’être inquiète :

— Toi tu n’as pas assez manger.

— Non rien avaler. Mais j’ai faim !

— Et mal dormie, je me trompe ?

— Deux heures ou cinq, je n’en sais rien…

— Je ne pense pas que c’est une très bonne idée de m’assister.

— Je ne ferais que regarder…tu ne veux pas de moi ?

— Si ! Sauf que ta santé est la priorité.

— Carmen a dit oui ! Et lundi neuf heure je suis là !

— Ce n’est pas le problème Marta. Tu manques d’énergie et tu compenses par du sucre rapide qui n’est pas recommandé par le médecin.

— Je veux essayer d’être là !

— Bon, bon. Tout manière, je n’ai pas encore les premières années. On va, si tu le sens, danser un peu. Ça te va ?

— Si longtemps que j’en ai pas eu l’occasion.

— Je vais te prêter une tenue.

— J’ai tout dans le sac.

— Le classique aussi ?

— Oui.

— Alors, va te changer, je reviens avec quelque chose de plus sain.

— Comment ça ?

— Du bon sucre. Aller, file. Tu te souviens où c’est ?

— Oui…

Un baiser sur la joue et je prends mon temps pour me changer puis me voir dans la glace. Je ne me sens pas bien dans ces vêtements collant. « Tu dois écouter ton destin, la danse guide vers l’au-delà ». Oui, merci mamie, c’est bien finalement le meilleur et seul conseil que tu m’as donné. Et que je le suivais à la lettre…

Mais là, à la lueur de ma vie qui défile et du cataclysme qui a peu de chance de se reproduire d’après la psy, je la comprends mieux. La danse qui m’a servi à être vu et reconnu, celle qui m’a désormais emmener au bord de la mort…

— Je t’attends Marta. Quelque chose qui ne va pas ?

— J’ai maigri non ?

— Un peu mais rien de dramatique.

— Je sais que je ne serais pas comme toi. Faire de la grande scène…c’est bizarre, toute ma vie fût un parcours chaotique, du combattant avec des erreurs, des conneries, de la folie, des maladies, des tentatives d’en finir pour terminer avec moi, dans cette tenue, le bras marqué du mot « Coupable », source d’innombrables questions de non-sens, d’interdit et de colère. Je suis dans le carrefour d’un choix unique pour le reste de mon existence. Finalement, désoler, être assister ou assistance n’est plus pour moi que le signe d’une défaillance neuronale…

….

Ébahi, je reste l’écouter sûr d’elle qui me fixe en continuant son discours :

— Si je ne le retente pas, je suis foutu et je serais incapable de retenter. Maintenant, en bas, je t’avoue, tout est prêt.

— Comment ça ?

Elle sors des vestiaires et intriguée, je la suis pour m’arrêter à l’escalier. La foule s’amasse et les professeurs avec Carmen cherche à comprendre. Marta descend lentement avant de se placer face au micro en bas.

Derrière elle, un grand panneau avec une télévision annonce son nouveau nom de groupe « Les passagers ». A côté d’elle, des guitares et Curtis prêt à lancer les sons. Devant elle, un caméraman. Les élèves lui laissent de la place et je repère Roberto, Tania et César ainsi que Silvia, Ingrid et Lola eux aussi surprissent.

— Bienvenu dans mon avant-dernier concert. Ici, ça parle de tout, de moi, de reprise ou pas. On s’en fou, écouter, transpirer, renouer avec votre âme. Vous connaissez, redécouvrez. Je ne sais pas ce que je ferais de ma vie après la vente de mes cd, ici face au monde, je m’oublie volontairement. Une heure ou deux, je vous direz quand je me serais trop brûler les ailes. Les passagers, c’est les morts, les ancêtres, c’est vous, c’est moi, Eva ou qui vous voulez. Pleurer, aimez-vous, voyager. J’ai perdu le contrôle et je vais m’emmener avec vous dans ce périple d’au moins, une vingtaine de chansons.

Elle indique à son ami de commencer et on profite de la revoir telle qu’elle était. Elle s’envole dignement, nous emporte émotionnellement et on ne veut pas que ça s’arrête.

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