Choisir ou renoncer

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—   Je suis contente que tu m’invites chez toi.

—   Avec plaisir, ça fait longtemps et puis je préfère l’intimité au lieu d’aller au restaurant.

—   Hum, oui je suis d’accord…le sujet de Marta ?

—   Oui.

—   Ne soit pas désoler. Je peux ?

—   Oui, bien sûr. Installe toi dans le salon, tu connais le chemin. J’arrive avec l’apéritif. Une préférence ?

—   Du vin, si tu en as.

—   Toujours au cas où.

Je sors mon paquet pour m’en griller une après avoir retirer ma veste à côté de moi sur le canapé. La santé de ma sœur me fais fumer à nouveau au moins quatre cigarettes…heureusement, la danse et mon travail me permet de souffler.

En ce moment, je dors chez mes parents en attendant de trouver un logement qui me convienne, étant aussi exigeante qu’en classe. Je me doute que ce soir, Marta veut dormir avec moi comme elle le faisait de temps en temps pendant les vacances.

Je suis contente qu’elle se soigne mais j’ai peur que tout ça ne sert à rien…on sait tous qu’elle ne vivra pas au-delà de dix ans voir moins. Oui, je suis fataliste et Carmen, qui revient, va me donner tout de suite de l’espoir, enfin je l’espère. C’est quoi son secret ?

—   Elle est entre de bonnes mains Adela.

—  Oui, je ne dis pas le contraire sauf qu’on ne sait toujours pas ce qu’elle a ! Mes parents m’ont tout dévoiler sur son passé, son mode fonctionnement et ce que vous m’avez raconter, dépasse tout ce qu’on peut imaginer.

—   Schizophrénie avec un ou plusieurs troubles associer ? Il en existe différentes formes.

—   Le psychiatre y pense mais c’est peu probable de le diagnostiquer aussi vite. Même si ces dernières semaines, il y a eu des signes. Tu sais quoi ?

—   Je t’écoute.

—   Je pense que les médiums existent. Quoi ?

—   Adela. Je ne remet pas en cause que des gens y croient sauf que…

—   Que quoi ? Ma grand-mère en été une. Sans doute que ma sœur est comme elle…

—   Ta sœur refuse et c’est normal, d’admettre comme les médecins qu’elle a possiblement un don. Et, j’ai compris qu’elle lutte contre ça mais on l’aide pas assez, à mon sens.

—   Tu me perds Carmen. Bien sûr qu’on l’aide ! Entre le psy, les médocs, notre soutient au quotidien ! C’est un long travail donc c’est normal qu’il y a pas encore de résultat.

Je nous sert et bois la moitié avant de réfléchir à ses propos. Son regard et son silence me font bondir.

—   Non Carmen ! Tout mais pas ça !

—   C’est pour son bien Adela. Elle doit être hospitaliser, cette première crise intense peut recommencer et ça risque fortement d’impacter son parcours scolaire.

—   Carmen, elle a besoin de la danse. C’est aussi vital que pour moi. Déjà qu’on l’a faillit lui dire non de manière définitive après sa greffe.

—   Elle pourra revenir l’an prochain.

—   Et perdre une année ! Tu sais que ça me rappelle sa période boulimique-anorexie ?

—   Adela, tu sembles oublier le point crucial, sa santé. Tu sais bien que tout tient à un fil pour elle et je crois qu’elle se désintéresse de l’école. Même si les notes ne sont pas catastrophiques. Prendre du temps pour elle, dans une structure adaptée, c’est à mon sens, primordial. Après, c’est au médecin de le juger et il ne va pas tarder à me donner raison.

—   Ma mère m’a dit tout à l’heure qu’elle veut se soigner mais pas dans un centre.

—   C’est juste mon avis. Si elle se sent suffisamment forte pour terminer l’année, il est évident qu’on fera tout pour l’accompagner au mieux.

—   Marta est un paradoxe à elle toute seule. Tout comme l’était l’alcool pour moi.

—   Comment ça ?

—   Elle veut être aider, lutter contre ses pensées sauf qu’elle refuse d’être mise dans la case de malade. Pour être plus précise, aujourd’hui à ma mère, elle dit exactement, « Je ne veux pas revenir dans un centre, être une folle parmi d’autres. Je veux être juste Marta comme avant. Je veux tuer mamie sans me briser le crâne. Être libre sans les chaines ».

Elle picore une olive pensive et moi, je me sers à nouveau.

—   Il y a plusieurs choses que je ne comprends chez elle.

—   Comme quoi ?

—   Déjà, quand elle nous a dit qu’elle continuait de voir et entendre les morts, comment ça se fait qu’elle n’a jamais eu de crises ?

—   Tu sais ce qui sait passer vers ses neuf ans ?

—   Oui. Mais elle n’a pas eu d’autres souvenirs que ça ?

—   Non. Et tu sais aussi la grande dépression suite au choc traumatique qui a durer deux ans ?

—   Oui, où elle était muette jusqu’à sa tentative de suicide.

—   Et bon, après ça, il y a des crises de colère, phases dépressives entre deux joints. Sauf que les documents médicaux durant les deux autres années, démontrer des délires de psychoses peut régulier. Et pourtant, Marta a avoué parfois, raconter que la mort rôdait autour d’elle. Surtout son amie. Et à l’époque, les psys ont mis ça sur le compte du puissant choc traumatique sans faire mention de la petite enfance.

—   Je te suis oui, je comprends qu’à la fois Marta mentait et à la fois, il y a eu donc un mauvais ou difficile diagnostic.

—   En tout cas, pour revenir à l’école, elle a appris des techniques de gestions comportementales.

—   Ce qui explique qu’elle a réussissait à s’en sortir.

—   Elle a su développer l’art de l’acting. En vérité, ma sœur n’est pas une manipulatrice dans l’âme. Elle l’use souvent pour réussir des choses mais c’est quelqu’un, comme me dise mes parents et dont j’ai vu, de disons, indécise.

Je repense à tout nos moments et pour de rare fois, à notre enfance. Jusqu’à que je quitte le navire et dont j’ai sans doute fragiliser l’enfant qu’elle était. Dire que l’épisode du chat, n’a jamais été évoqué pour ne pas la perturber.

J’appréciais beaucoup aussi ma grand-mère et pourtant, j’avais une pointe de jalousie qu’elle s’intéresse plus à ma sœur. Elle m’a même prédit que je serais une grande danseuse et que « Le miroir sera brisé dans un éclat de dernière gloire. Derrière chaque verre, une seule lueur permettra de retrouver le parquet ».

Je ris jaune en pensant qu’elle avait raison sauf que je n’avais pas retenu ni compris quand j’avais seize ans. Qu'avait t-elle pu dire à Marta ? Pourquoi vient elle dans son esprit surtout en ce moment ?

—   Pourquoi tu ris ?

—   Rien, je repense à une prédiction qui me concerne. Sinon, pour revenir à Marta, elle était toujours rêveuse. Dans mes pattes, dans mes pas. Enfant qui aimait le risque et les bêtises. Puis, à l’école, entre nous, d’un calme, d’une gentillesse incroyable et prête à aider.

—   Elle aime aussi être admirer. Elle est aussi une travailleuse acharnée.

—  Oui. Mais, elle me disait et encore maintenant, qu’elle doute de ses choix. Et pendant les vacances, elle a peur de qui elle est. Au-delà de ce qui se trame, au fond, elle n’a jamais su pourquoi elle dansait, pourquoi elle demandait une telle admiration. Elle a peur que c’est notre grand-mère qui l’ai toujours influencé.

—   Elle sait même pas pourquoi elle a suivi tes pas ?

—   Une admiration semble l'évidence. Sinon, au fur et à mesure qu’on discute, je suis convaincu qu’elle est possédée. Et c’est une bonne chose de continuer une grande thérapie pour sortir de ça.

—   Et si cela ne marche pas, tenter de maitriser son don.

—   Tu te moques de moi, non ? Depuis tout à l’heure tu…

—   C’est au final à elle de décider. Mais la clé est sans doute qu’elle parle d’Eva.

—   Hum….

—   Que pense le psychiatre ?

—   Secret médical en majorité. Pour le moment, elle a eu que six séances, ce qui est maigre. Il se concentre sur les psychoses, il analyse son rapport avec la mort et les premières apparitions. Eva a eu sans doute un impact sauf que c’est réglé depuis des années. Pourquoi tu me sors d’un coup qu’elle est une possible clé ?

—   Car elle a beaucoup parlé avec elle pendant sa crise. Elles veulent se parler d’après ses dires.

—   Tout cela m’a fatiguée.

—   Tu veux rester manger ? Tu n’es pas obliger.

—   Tu sais quoi ? Je t’invite à la maison ! Je te ramène après.

—   Ne te dérange pas pour moi, je ne veux pas m’incruster et ta sœur à plus besoin de vous que de moi en plus.

—   Ne dis pas de sottise ! Tu viens !

Je me lève et je l’ai convaincu de me suivre après avoir tout ranger. Sur la route, on change de sujet et mes parents sont surpris de l’invitation. Pendant qu’il y a un deuxième apéritif, je vais voir Marta.

Comme prédit, elle est allongé dans son lit, les yeux grands ouverts. Depuis son arrivée, après avoir parlé un peu après le repas, elle est parti faire du vélo puis est rester cloitrer dans sa chambre depuis quatre heure.

Elle se lève pour me demander un câlin que je lui rend avec plaisir avant qu’on s’assoit toute les deux. Je cherche mes mots mais elle me devance :

—   Je vais voir un médium. Je suis sensé demain récupérer quelque chose par un ami mais je…

—   C’est quoi ? Et tu refuse d’y croire à ça. Je te sais perdu, ce n’est pas le moment pour commettre des…

—   Oublie mon ami, rien d’important. Pour le reste, j’en ai besoin. En fait, j’aimerais connaître ce que ça fait, demander un témoignage sur ce genre d’expériences. Je ne suis pas quelqu’un de normal, enfin j’ai essayé.

—   Attention de ne pas tomber sur des charlatans, ceux qui t’arnaqueront.

—   Je sais faire attention. Et puis, j’ai toujours su faire abstraction de mes visions par des techniques le peu de fois que ça venait. Tu sais, dès mon réveil, j’ai senti encore mieux ses présences. Je n’ai pas, je n’ai jamais eu peur que deux choses. Mourir et Eva. Et j’ai déjà eu une expérience paranormale.

—   Comment ça ?

—   Pendant ma tentative de suicide. Je t’ai vu sur un lit d’hôpital, j’ai vu dans ton esprit, un mélange de nous deux. Des sensations étranges dont je n’ai eu que le rappel, également à mon deuxième récent réveil.

Mais comment tout cela est possible ? Je me sens d’un coup une étrangère ou alors stupide. Je décide de lui parler de :

—   Eva. Tu en parles souvent, est-ce tu as réussi à faire ton deuil ?

—   Non…

—   Et tu te souvient de tes thérapies sur ce choc ?

—   Hypnose et ne plus porter la culpabilité. En fait, oui, je m’en veux encore mais elle aussi. Je me souviens que maintenant, un peu pourquoi on aller là-bas et j’ai comme un mauvais pressentiment. Comme si aussi, je dois accepter le destin. Mamie me guide de plus en plus pour vouloir, si je veux, être comme elle. Je sens qu’après avoir parlé avec Eva puis mamie, je ne mourrai pas de sitôt. Peu survivent après dix ans de greffe et je ne me prend pas pour une messie.

—   Marta…

—   Je me dois de m’autodétruire. C’est-à-dire, déconstruire au sens figuré, ce que j’étais, ce que je suis. Evidemment, j’aime toujours la danse, le chant ou le théâtre sauf lors de ma dernière prestation à l’école, toutes mes chansons portent des messages forts. Une fois, que j’aurais discuter avec elles, j’aurais toujours le choix de continuer à mourir sans espoir ou alors de bâtir ma légende. Je ne connais pas de monde qui ont autant une approche avec l’au-delà. Sans doute que j’écrirais un livre, ferais des conférences ou aiderais la recherche sur le mystère de la mort.

—   Bon, je te crois et avant d’aller continuer dans ce sens, je te propose d’aller reprendre des forces avec nous. J’ai invité Carmen.

—   Il faut que je la remercie. Mais merci en tout cas de pas me laisser pour folle.

—   Tu savais que mamie avait prédit mon destin tragique sur scène ?

—   Non…

— J’avais seize ans et donc je pense qu’il faut laisser les gens croient s’ils veulent. L’important pou nous tous, c’est que tu ne fasse pas d’imprudences par tes impulsivités ou que ce que tu voie, ne t’y amène pas non plus. La frontière est mince entre réelle et…

—   Je vais me doucher et j’ai encore rien décider.

—   D’accord, on s’en reparle alors. A toute suite.

Je la laisse se préparer et en informe les autres. Seule Carmen continue d’apprendre les dernières nouvelles. Marta revient un peu mieux réveiller et comme dans la voiture, on décide de parler d’autre chose. Elle écoute pas, reste calme et je sais qu’elle repense à ces paroles. Comme moi.

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