Un nouveau souffle
Elle est enfin réveillée après deux jours. Hagarde, elle fixe la vitre. L’infirmière m’a informé que le cardiologue lui a conseillé de rester au moins une semaine sous surveillance et ainsi décidé si elle désire être opéré une seconde fois.
Et je suis là, presque cachée comme si j’avais peur de savoir quoi lui dire. Ce qui est un peu vrai car pendant son long sommeil, je n’ai pas vraiment réussie à lui parler. Je voulais que Rosa le fasse mais elle ne voulait pas venir là voir. Attendant qu’elle sorte.
Marta ne bouge toujours pas et ça me rend triste. Elle me semble morte sauf que je me dois de ne pas me laisser abattre. Je me sèche mes yeux, souffle un coup et m’annonce. Toujours rien jusqu’à que je caresse sa joue et lui sers sa main, ce qui l’a fait réagir.
— Comment tu te sens Marta ?
— …
— Tu nous as fait peur tu sais.
— Pourquoi ? Il s’est passé quoi ?
— Rejet du greffon pendant une possible crise de panique.
— Je m’en rappel plus.
— L’important c’est que tu sois en vie.
— Il va se passer quoi ensuite ? Enfin, je pense accepter la deuxième chance.
— Tu auras besoin de soins, de repos et seul le médecin nous dira si ton nouveau cœur pourra à nouveau tenir.
— Elle m’a quitté…
— Qui ?
— De l’eau s’il te plaît. Merci.
Je lui donne deux verres et relève le lit en me demandant de qui elle parle. Rosa nous a avoué que Maria est encore en vie et ma mère ne lui en veut pas du secret pas même à sa mère. Mon téléphone sonne et un simple message confirme les paroles de ma sœur qui fixe cette fois le ciel.
— Mamie est morte et tout s’explique. Elle avait une sœur, elle me l’a dit. Je l’appel souvent inconsciemment, elle m’a élevé dans la compréhension de la mort. Elle m’a avoué qu’on avait un rare don de communication. Elle se sentait si folle, si seule que j’étais celle qui ne l’a jamais juger.
Elle me redonne le verre et j’ai besoin de m’assoir après l’avoir déposé. Pendant que je relis le message de ma mère sans y croire, elle touche ses électrodes puis ses perfusions avant de revenir vers moi.
— Marta…comment, comment tu vois ton avenir ?
— Je n’arrête pas de tenter de comprendre sauf que je suis fatiguée…Alors je me dis, rien n’as déjà de sens… Roberto le sait que mon plan pour gagner la bataille sera de…
— De ? Mamie va te donner des conseils ? Tu sais ce long silence n’indiquait rien de bon.
— Papa et maman m’ont tout avoué de, a à z. On tourne en boucle sur les mêmes éléments. Il revient plus fort pour me tester, c’est sûr. En attendant, je compte remonter une dernière fois sur scène avant de fonder une famille. Ensuite, la secte ? Le projet ? Chaque chose en son temps. J’ai la chance qu’il ne parle plus.
— Je suis heureuse qu’en ce moment tu continue de prouver chaque jour ta force de vivre. Cependant, en parlant de ça, on pense que tu dois changer de psychiatre.
— Pourquoi ?
— Il ne va pas à notre sens, creuser plus tes envies, ton passé. Il rabâche à chaque fois tes psychoses et te donnes un lourd traitement. Tu ne trouves pas ?
— Peut-être mais c’est vrai, il m’emmerde. Même si je ne veux pas revenir en arrière, il ne m’a posé beaucoup les questions. En art-thérapie, c’est plus moi. Pourquoi je dois revenir le voir au centre ? C’est vrai une nouvelle fois, je devrais le changer…
— Quels types de questions il te pose ?
— Un peu malsain, par exemple si je suis arrivé à le battre, décrire sa voix. J’avais demandé pourquoi tout ça, il m’a dit comme vous, trouver des indices sur où il est.
— Je vais regarder si quelqu’un pourrait te prendre. Il faudra à nouveau réadapter les traitements.
— Ouai, comme d’habitude.
— Une préférence pour le sexe ? Homme ou femme ?
— Celui qui réduira en poudre ses médocs inutiles. Construire une vie de famille dans la sérénité est mon objectif. J’aurais jamais cru dire ça un jour…la greffe nous fait évoluer et voir les choses autrement. Avec l’ajout d’un fou de l’ombre, de mamie morte vivante et d’Eva, mon amie nostalgique…
— Tu espères être mère quand ?
— Rapidement. Sauf que je suis réaliste, Roberto m’a tiré la sonnette d’alarme, il ne suffit que j’ai un enfant pour que ma santé se stabilise. Tu piges ?
— Je l’approuve ma petite sœur, je l’approuve. Sinon, pour continuer sur ta lancée de positivisme, j’ai envie à ta sortie, de refaire une journée souvenir avec les photos, des vidéos de notre enfance et quand tu étais à l’école.
— Avec plaisir. Ça sera quand tu voudras et quand aussi, je serais sur pied. En tout cas, ne me quitte plus jamais si tu tiens à moi.
— Je te le promet ma sœur. Je te le promet.
Un dernier câlin et l’infirmière passe avec le médecin. Avant de rentrer à la maison, je passe voir Carmen pour décompresser avec mon rituel, vin et cigarette.
Une fois sortie d’affaire, en attente d’un donneur, ma sœur reprend un peu des couleurs par ma journée souvenirs accompagnée de musique. Cependant, elle s’épuise à courir, boxer pour sortir sa rage, sa culpabilité des derniers mois.
Tous lui intime de ralentir la cadence, car rien de garantie que sa survie hors-norme puisse tenir plus longtemps. En patientant, elle avance avec Roberto dans sa réadaptation à la vie, en allant faire des courses, trouver son chemin, aller au restaurant bref…Car jusqu’à maintenant, elle restait souvent dans leur appartement entre des rendez-vous et nous voir.
Annotations
Versions