From : André | To : Francine | Le 20 – 10 – 62
Criant d'amour dans le labyrinthe désert des sagesses de ce monde, crois-moi Francine, tu m'as fait retrouver ce courage et cette clairvoyance de l'essentiel que j'avais lorsque tu avais 14 ans et qui m'avait rendu si sensible à la présence spirituelle.
Je commençais à m'enliser. Ta vérité m'a déchiré mais réveillé. Ta vérité, toutefois, avait la démesure exaspérée d'une passion prisonnière de son abstraction, cherchant désespérément à s'incarner, à trouver une issue qui lui ouvre la possession de la réalité. L'intensité du courage et du déchirement de ta rupture avec l'asservissement familial ne pouvant d’ailleurs qu'aggraver ce moment de crise.
Oh combien la terre des Hommes et des Femmes est belle, Francine, charnelle et chaleureuse. Dieu ne veut pas la mort ou a fuite mais l'amour et l'incarnation. Il a tout fixé sauf l'accueil que l'on fait à sa création. Et sa création est suffisamment riche pour étancher toutes les soifs et satisfaire toutes les faims. Encore ne faut-il rien privilégier, ne rien hypostasier, ne rien défier - surtout pas l'amour que l'on a pour lui .Toi-même me parlait du rire et de l'humour de Dieu - . La croix, comme tout, n'est qu'une étape et non une fin. Elle n'est qu'un moment de la vie du Christ. N'oublies pas la résurrection et l'assomption.
Francine, je voudrais tant que tu prennes ce monde à bras le corps et que tu y trouves ta force. Je t'y aiderais dans la mesure des moyens qui me sont accordés.
Pense-tu vraiment que les pâles univers conventuels soient aimés de Dieu ?
Crois-moi Francine, ta Rencontre est la plus importante de toutes celles que j'ai faites et jamais je n'ai été plus fraternellement près d'une femme.
A bientôt,
André.
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