L’écureuil et l’homme
En sortant du bar j’ai envie de pisser,
Je m’arrête devant un arbre et me soulage,
Lorsqu’une voix m’empêche alors de mieux viser,
Me dit : « Tu fais quoi là, espèce de sauvage ? »
« Je pisse ! » affirmé-je sans que je me retourne.
Après que je l’agite, extrayant le filet,
Je fais un demi-tour sur moi-même pour ne
Voir personne face à moi, juste un vide complet.
« Qui m’a parlé ? » dis-je.
« C’est moi » me certifie une voix à mes pieds.
J’ai soudain un vertige
En voyant l’animal avec de grands souliers.
« Nom d’un petit bonhomme ! Il parle ou je suis soûl ? »
« Pourquoi urines-tu, étranger, sur mon arbre ?
L’humus absorbe plus que les troncs acajous. »
J’observe l’animal à la teinte cinabre.
« Non …, tu peux pas parler. Du reste, tu es quoi ? »
« Je suis un rat des champs cela ne se voit pas ?
Je suis un écureuil, cerveau sans foi ni loi ! »
Je le montre du doigt comme un fameux repas.
« Serais-je devenu une espèce d’Alice ?
Où est le lapin blanc ? »
« Qu’est-ce tu chantes là tête fabulatrice ?
Tu es vraiment un gland !
Je savais que l’humain était bête, mais toi,
Tu es le bigarreau au milieu de la tarte. »
Je l’observe comme un ahuri, restant coi,
Je veux le caresser, mais soudain il s’écarte.
« Hé ! Pas touche dadais. Tu te crois où teckel,
Au pays des cocktails ?» Je sens comme un présage…
« Désolé, je voulais voir si tu es réel. »
« Je le suis, picoleur, et à présent dégage. »
« T’es pas cool ma peluche à la couleur sanguine. »
« Parce que l’humain, lui, en est le champion ? »
« Mais dis-moi mon petit, tu danses la biguine ? »
Un stratège connu : feindre une question.
« Les autres animaux, ils parlent aussi eux ? »
« Regarde autour de toi, abruti et inculte. »
Je tourne le visage et des regards haineux
Transpercent mon cerveau de même qu’une insulte.
« Va-t-en, crois-moi, c’est mieux. Sinon tu vas mourir. »
Je suis parti chez moi, mais le lendemain, sobre,
je vais dans la forêt aidé du souvenir ;
Je vois un écureuil au pelage d’octobre.
J’aurais dû me vider au bar de la Futaie
Et ne pas avoir vu ce curieux gibier,
Car, aujourd’hui, c’est sûr, je bafouille et bégaie.
Je n'irai plus jouer au pisseur forestier.
Le texte où sont tirés les vers est à la suite ; libre à vous d'en prendre ou non connaissance.
La morale à cette histoire : il vaut mieux se contenter de la réalité que finir dans un asile, car qui cause à des animaux si ce n’est qu’un fou. Ou bien, quand t’es bourré ne t’aventure pas dans la forêt, reste assis tranquillement.
Annotations