Chapitre 3 (4/4)
NdA : Désolé, chapitre cours mais j'me suis mal emmanché avec le découpage des chapitres... pas le choix.
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Il y eut un long silence, peut-être une d'heure, la torchère de la salle s’était éteinte.
— Et vous, pourquoi êtes vous-ici, questionna Astark contemplant l'obscurité.
— J'ai bien peur d'avoir servis le mauvais camp, plaisanta-t-il.
— Je croyais que votre histoire était passionnante, dit Astark d'une voix fatigué, dont les paupières lourdes tombaient à nouveau.
L'humidité rampante formaient de grosse gouttes, qui s'écrasaient sur le sol dans une trajectoire rectiligne ; touchant parfois la joue d'Astark qui frémissait sous l'impact froid. Elles s'assemblaient dans un arrangement dissonant, de celui qui forme de sombres pensées. L'horreur de la mélodie s'amplifiait, submergeant l'esprit d'Astark qui ne fit rien pour s'en prémunir, affaiblit comme il était.
— J'ai peur mon garçon, peur de ce qui se passe ici, de cette chose qui réarrange les esprits qui s'y égarent. Ne t'endors pas s'il te plaît, je ne retournerai pas t'aider, je n'en ai pas la force, dit-il de la voix d'un homme fatigué de mener son propre combat.
Astark ne bougea pas, les paroles de l'ancien se perdirent dans le dédale de la prison. Les murmures filaient en cercle autour de lui, labourant à chaque passage un nouveau sillon dans son âme. Ils y plantaient les graines de la dissidence, de l'inhumanité. Les étranges lamentations des prisonniers firent sens, se joignant à l'ensemble de la prison, dans laquelle battait le cœur d'un chef d'orchestre. Tapie dans l'ombre, des yeux plus noirs que la suie, plus profond que l'abîme fixait avec avidité les dernières murailles d'un homme déjà brisé. Astark ne pouvait en détacher son regard, les frissons qui, par vagues intenses, hurlaient l'instinct bestial de la survie, ne purent l'en détourner. Il s'y abandonna totalement, et prit le chemin de la mort dans la béatitude, la libération en échange de son âme, ce n'était pas un mauvais pacte, pensa-t-il.
Il marchait sur une terre tassée par les innombrables pas des voyageurs qui l'avaient précédés ; bordée d'arbres morts, dont les branches difformes offraient une danse spectrale dans un clair de lune noir. Des lueurs, toujours par paire, observaient son pas décidé. Ils erraient, à la recherche d'un chemin, que leur âme fracassée ne pouvait plus voir. Ils suivirent l'enfant tant qu'ils pouvaient, celui qui avait accepté docilement la mort. Astark ne ressentait plus qu'une grande gratitude, à chaque pas, son fardeau s'allégeait. À chaque pas, son corps meurtris se purifiait de la vie, abandonnant le grincement des os, délaissant la brûlure du muscle, abdiquant la puissance qui l'avait autrefois levé.
Son corps maigre s'écrasa sur le sol, la poussière l'accueillit dans un nuage doux, statique. Derrière lui se tenait tout ce qu'il avait eu de sa courte vie, il n'en regretta rien. Restait pourtant une étincelle, son Lien qui brûlait d'un désir ardent, place forte de la vie, et de ce qui l'avait construit. Mémoire indélébile, pelote de fils traçante, route de lumière vers ce qui le constituait. La mèche prit comme un fétu de paille, de toute part les fils s'embrasèrent, reliant ce qui avait été perdu. Matrice de la vie, du monde, les os grincèrent à nouveau, les veines saillirent, les muscles brûlèrent et le corps prit vie. Un seul Lien, aussi ténu soit-il, attache le monde à ses côtés, et dans le silence de la mort, c'est l'harmonie de l'existence qui s'impose.
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