Naissance
Exelo se frotta les yeux, croyant à une hallucination, mais elle était bien là, recroquevillée sur le pas de sa porte.
Il avait failli ne pas la reconnaître. Elle avait perdu ce charme sauvage qui la distinguait jadis des autres Minish. Son pelage ne sentait plus ni l’herbe fraîche, ni les feuilles mortes, ni la fougère. Elle avait l’odeur de la ville, l’odeur de la poussière, de la viande fumée et des Hyliens. Une odeur qui ne lui rappelait que de mauvais souvenirs.
Sans son allure altière et l'épée à sa ceinture, il ne l’aurait pas reconnue.
Mais elle était là, Keyoko, celle qui avait autrefois été son élève.
Exelo s’avança et l’aida à se relever.
— Keyoko ? Toi… ici ? Pourquoi ?
La Picori fit un geste vers son ventre. Au premier abord, il avait juste cru à une prise de poids normale. La nourriture était plus abondante en ville, après tout. Mais ce n’était pas ça.
— Félicitations, sourit le vieux Minish. Combien de petits ?
— Deux, répondit Keyoko, plus à l’aise. Pas une grande portée. C’est étrange, je n’ai pas trouvé ma maison. Il me semblait qu’elle était plus haut sur le sentier, mais…
— Un arbre déraciné par la foudre, il y a deux ans. Je suis désolé.
La Picori serra les dents.
— Peut-être que tu pourrais t’installer chez moi, au moins le temps de reconstruire ta maison, ou jusqu’à la naissance de tes enfants ?
Elle gémit, le souffle court.
— Tu es malade ? demanda Exelo, inquiet.
— Non, ce… c’est les petits… ils arrivent…
Les yeux du vieux sage s’agrandirent tant il était étonné.
— Déjà ? Mais… je… tu… Tu peux marcher ? Entre, allonge-toi sur le canapé, je vais chercher un médecin.
Et il disparut dans la nuit qui drapait le village.
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