— Où est passé Vaati ? s’inquiéta Keyoko.

Elle avait fouillé chaque recoin de la maisonnette, le jardin et la place publique, sans retrouver son rejeton.

— Il est où Vaati ? demanda Lyana, tirant sur sa robe de tissu vert.

Du haut de ses quatre ans, elle la toisait de ses yeux noirs inquisiteurs, le soleil dessinant des reflets d'or sur ses cheveux châtains.

— Je ne sais pas, tu penses bien que si je savais, je ne le chercherais pas !

— Il est où Vaati ? répéta Lyana

La petite Picori planta ses griffes dans l’étoffe. Sa mère soupira.

— Je vais le chercher. J’espère juste qu’il ne s’est pas trop éloigné du village.

— Vous n’auriez pas vu mon fils ? interrogea Keyoko. C'est un... un enfant de quatre ans, le pelage blanc, plutôt petit...

— Le gamin aux yeux rouges ? demanda le gros Minish entre deux âges qui lui faisait face.

— Oui, oui ! C’est Vaati. Vous l’avez croisé ?

— Non.

Il tourna les talons avec un « tss » méprisant, la laissant complètement désemparée.

— Keyoko ? appela quelqu’un derrière elle.

La Minish se retourna, les dents serrées.

— Quoi encore ? dit-elle sèchement.

Devant elle se tenait Festa, le jeune prêtre du village, vêtu de son long manteau blanc et rouge et coiffé de sa mitre. Il ajusta ses grosses lunettes, glissa dans sa sacoche le livre qu’il lisait et fourra quelques graines dans sa bouche.

— Tu… tu en veux ?

— Non, merci. Tout va bien ?

Il déglutit, entreprit de se ronger les griffes, mais se ressaisit.

— Tu cherches ton fils ?

— Tu l’as vu ?

— Je…

— Où est-il ?

— Je crois que ça ne va pas te plaire… articula-t-il, une patte pointée vers le temple.

— Mais qu’est-ce que ?! s’étrangla la jeune mère.

Elle se frotta les yeux, mais la petite silhouette était bien là, sur le toit de la chapelle.

— Vaati ! Descends tout de suite !

— Na !

— Vaati, je compte jusqu’à trois…

— Un deux trois, abracadabra, je descends pas, je reste là !

Il se balança un peu d’avant en arrière avec un air de défi.

Keyoko rongeait son frein.

— Vaati Toma Keyoko Ysalie Delta Picoru, descends de ce toit maintenant, ordonna-t-elle en faisant les gros yeux.

Il hésita un instant, puis sauta dans le vide.

— Vaati ! couina Festa, avant de se jeter à terre pour réceptionner le gamin.

Il s’écrasa dans la boue avec un splotch mouillé, laissant l’enfant atterrir en douceur à un bon mètre de lui. La tunique mauve du petit Picori battit dans le vent, puis retomba.

— Mais que… comment… Oh là là, ne me refais plus jamais ça ! éructa Keyoko, la queue hérissée.

Vaati maîtrisait la magie ? La magie du vent, de surcroît. C'était un don rare. Mais il lui avait fait une belle frayeur.

— C’est pas ma faute, c’est eux…

— Qui eux ?

— Rien, maman. Pardon.

L’enfant baissa la tête, coupable, mais des larmes perlaient aux coins de ses yeux rubis.

Qu'aurait-il bien pu lui dire ? Que des méchants l'avaient poursuivi en le traitant de tout un tas de grands mots qu'il ne comprenait pas ? Elle ne l'aurait pas cru. Et puis, il ne voulait pas lui faire de souci.