— Maman est quoi ?! s’étrangla Lyana, brisant enfin le silence.

— Je suis désolé…

— Mais comment… interrompit Vaati.

— Un chat est entré dans le village et elle a décidé de l’affronter… de l’affronter seule. C’est de ma faute, j’aurais dû la retenir…

Vaati et Lyana auraient voulu un câlin, une étreinte réconfortante, pour sécher leur tristesse, mais le vieux Minish restait là, debout, son visage immobile déformé par le chagrin.

Lyana adressa à son frère un regard mouillé et complice, puis le serra dans ses bras.

— La cérémonie a lieu ce soir. Est-ce que vous voulez y assister ?

Les deux enfants firent signe que oui.

Tous les Minish du village s’étaient réunis dans la clairière, à la lueur des flambeaux. Le corps de Keyoko reposait sur une souche.

— Ne regardez pas, dit doucement Exelo.

L’un des bras de la défunte manquait, la moitié gauche de son visage était lacérée et sanglante. Du sang et des poils rougis maculaient ses vêtements déchirés.

— Peste soit de ces chats ! grogna quelqu’un dans l’assemblée.

Puis Festa le prêtre s’avança.

— Au revoir, Keyoko. Tu étais une guerrière fière, et nous aurions aimé avoir plus de temps avec toi avant que la déesse ne vienne te chercher. Puisse ce temps passé dans son royaume n’être qu’un repos, avant ton retour en Hyrule.

Il baissa la tête avec déférence.

— Tu laisses derrière toi deux enfants, deux petits, Vaati et Lyana. Puisse ta route recroiser la leur, dans ce monde ou dans celui d’Hylia. Au revoir.

Les uns après les autres, tous les Minish s’approchèrent et déposèrent une poignée de fleurs sur le corps de Keyoko. Quand vint le tour de Vaati, on ne voyait plus ni fourrure, ni sang, mais juste un tas de pétales colorés.

Il posa deux pâquerettes aux pieds de la défunte et se recula.

— Au revoir, maman.

En se retournant, il aperçut les petites pestes se qui frottaient les mains.