Les trois coups donnés sur la porte réveillèrent Exelo. Il s’était endormi à même la table de bois, le nez dans ses dessins, ses notes et ses grimoires. Il essuya sa joue. Pour la feuille qui s’était trouvée dessous, il ne pouvait rien faire.

Le vieux sage se leva et alla ouvrir. Derrière la porte se tenait le livreur.

Il était plutôt grand, les épaules larges, et ses longues oreilles dépassaient de sous sa vilaine casquette rouge. Comme tout livreur, il amenait la livraison, une petite boîte en bois.

— Voilà, déclara-t-il, tendant la boîte à Exelo.

— Moins fort, moins fort, mon apprenti est au lit !

— Oups, pardon ! s’excusa le coursier, encore plus fort.

Exelo résista à l’envie de se plaquer une patte contre le visage. Il se pinça nerveusement l’arête du museau, puis indiqua d’un geste que le livreur pouvait entrer.

Le sage ouvrit la boîte et en tira la pierre, qu’il déposa sur la table. C’était un saphir rouge, importé spécialement d’une mine Hylienne du mont Gonggle. Quand Exelo le toucha, il en sentit immédiatement la puissance magique.

— Voulez-vous une tasse de thé ? proposa-t-il.

Le livreur, trop pressé, refusa et sortit.

Enfin.

Après les cinq années passées à se renseigner, prendre des notes, faire des plans et des croquis.

Après la fabrication difficile du chapeau.

Après la véritable quête qu’il avait dû mener pour se procurer ce rubis.

Après l’attente interminable de sa livraison.

Après tous ces obstacles, Exelo pouvait enfin achever son projet.

Il passa toute la nuit à graver sur la pierre de minuscules motifs, puis à l’enchanter. Finalement, il la sertit dans la bordure dorée du chapeau.

Restait à le faire essayer à Vaati.

Mais Exelo n’était pas sûr d’en avoir envie.

Son apprenti lui semblait de plus en plus étrange, intéressé, distant. Vaati était devenu calculateur. Exelo entendait des bruits bizarres toute la nuit et, au matin, le jeune Minish était épuisé, de lourds cernes noirs sous ses yeux encore plus rouges qu’à l’accoutumée.

Vaati ne parlait plus des humains, mais son professeur le connaissait. Il n’avait pas abandonné.

Peut-être était-il en train de préparer quelque chose de mauvais ?

Peut-être que son cœur s’était déjà assombri ?

Exelo ne savait pas quoi faire.