Désarmé
La première chose que Vaati regretta de ne pas avoir su tout de suite, c’est que le chapeau puisait dans son énergie vitale. Bien entendu, il aurait dû y penser. Après tout, les humains ne pouvaient pas piocher dans l’énergie magique des éléments.
Mieux encore, les souhaits épuisaient son énergie vitale, et les sorts, son énergie magique. Le combo gagnant !
Il avait perdu connaissance quelque part au milieu de sa téléportation.
En ouvrant les yeux, Vaati aperçut d’abord le ciel azur, sans aucun nuage pour le cacher. Puis les arbres, bien plus petits que dans la forêt de Tyloria, et enfin une haute muraille de pierre blanche entourée par des douves, ornée d’immenses bannières marquées du blason des Hyliens.
Un oiseau rouge sang et un triangle d’or.
Vaati s’approcha des douves et se pencha au-dessus de l’eau, observant son reflet avec étonnement.
Son visage était étrangement plat, avec juste un petit nez pointu, et ses cheveux ressemblaient à de la soie violet pâle, presque blanche. Il avait la taille d’un Hylien. Vaati constata avec déplaisir qu’il n’avait plus ni griffes ni queue, et qu’une peau très claire et nue avait pris la place de sa fourrure. Il voyait nettement la cicatrice sur sa joue, jadis couverte par son pelage.
Mais à l’endroit où, selon les planches anatomiques de Festa, auraient dû se trouver ses canines, il n’y avait que quatre espaces vides.
Il ne se reconnaissait pas.
Il se redressa, perplexe. Sa tête tournait.
Bien, finissons-en. Je veux entrer dans la…
Soudain, les deux gardes qui protégeaient l’entrée de la ville s’avancèrent dans sa direction.
— Eh ben, tu fais quoi, le Sheikah ? grogna le premier d’un air railleur.
— Je…
— S’tu veux rentrer, oublie, la porte est fermée !
"Et alors ?" songea Vaati. Il avait le chapeau.
— Mais qu’est-ce que c’est que ce chapeau ?
Avec un sourire mauvais, le premier garde arracha le chapeau à vœux.
— Ben tiens, ça fera un super cadeau pour mon fils !
— Mais non, rendez-moi ça ! couina Vaati.
Il était épuisé et n’avait même plus la force de se battre.
Le garde hésita un instant. Il puait le vin, la sueur et le fumier. Vaati fronça le nez.
— Rendez-moi ce chapeau ! répéta Vaati, avec plus d’assurance.
— Non.
Le jeune garçon bondit dans la direction du premier garde, mais le second l’arrêta en le saisissant par le col.
— Écoute-moi bien, l’gamin : la semaine de fête commence dans deux jours, et on a pour ordre de garder les mendiants, les bandits et les types louches dehors. J’compte bien faire c’qu’on m’dit !
— Mais je ne suis absolument pas louche !
— Ouais, c’est ça ! se moqua le premier garde. T’as une p’tite tête de Sheikah, ça suffit déjà à te laisser dehors. Pis un sacré accent, on dirait une grosse souris qui essaierait de parler Hylien ! En plus, r’garde-toi, non mais quelle dégaine ! Le violet, c’est la couleur des mages noirs, et c’est bien la dernière chose qu’on veut avoir en ville pendant l’festival ! Allez, du vent, et merci pour l’chapeau !
Sur ce, il balança Vaati dans l’herbe et s’en alla, laissant son collègue garder la porte seul.
— J’s’rais toi, j’irais me trouver un coin pour passer la nuit, l’hiver vient d’se finir mais les nuits sont encore froides !
— Satanés humains ! pesta Vaati, à voix basse.
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