Chapitre 1

3 minutes de lecture

La Saint-Valentin. Illizi, le 10 février 2024.


Je me réveille vers neuf heures du matin, à la cité universitaire de Oued Aïssi. Un mélange d'excitation et d'anticipation m'envahit, conscient de l'importance de cette journée particulière. Je me rase avec soin et me lave les cheveux pour les rendre plus faciles à coiffer. Ensuite, je me brosse les dents pour afficher un sourire éclatant et une haleine fraîche. Chaque geste est dicté par le désir de plaire à ma petite-amie, Lynda.
Je fouille dans ma maigre garde-robe qui ne contient, en tout, que deux pantalons, deux chemises et deux vestes, à la recherche de la tenue parfaite pour l'occasion. La moitié des vêtements sont sales et attendent la fin de la semaine pour être lavés.
J'

enfile un pantalon en toile vert olive et une chemise bleu ciel. Un choix réfléchi compte tenu de mes modestes ressources, dans l'espoir de faire bonne impression. Cependant, même dans ces moments de frénésie, un soupçon de tristesse se manifeste face à la réalité de ma garde-robe étriquée et révèle les limites de mes moyens du bord.
Je mets mes chaussures en cuir un peu usées, que je porte depuis deux ans maintenant. Je les avais préalablement cirées en noir et frottées avec un chiffon pour leur donner de la brillance. Je voulais tant faire bonne figure en cette journée spéciale.
Je n'ai ni déodorant ni de parfum dans mes affaires, mais j'ai utilisé un après-rasage bon marché qui dégageait une bonne odeur, en espérant que sa fragrance durera jusqu'au soir. Mon colocataire dispose d'un parfum sur son bureau, mais je ne voulais pas y toucher, même pour cette occasion très spéciale.
Alors que je m'apprête à quitter la chambre, une pointe d'angoisse se mêle à mon excitation. Bien que je m'efforce de me présenter sous mon meilleur jour, je ne peux m'empêcher de craindre de ne pas être à la hauteur. Cette appréhension témoigne de mes profondes inquiétudes quant à la perception que j'ai de moi-même et de ma capacité à impressionner ma bien-aimée.
Porte-documents à la main, je quitte la pièce pour me rendre au restaurant de la résidence. Comme il faisait beau, je n'ai pas jugé utile de prendre mon parapluie. Après le déjeuner, je prends le bus du transport universitaire en direction de la ville de Tizi Ouzou.
Je m'avance avec détermination pour faire de cette journée particulière un moment inoubliable. Le soleil radieux me donne un peu plus de confiance et me conforte dans ma conviction que tout se passera bien. Pourtant, une ombre de doute plane dans mon esprit. Mon inquiétude quant à la réussite de cette journée se mêle à mon désir ardent de créer des souvenirs mémorables avec Lynda.
Le tumulte de la vie urbaine m'entoure, mais mes pensées restent fixées sur ma mission du jour : trouver le cadeau parfait pour mon amie Lynda.
En arrivant en ville, je suis attiré par la musique qui s'échappe de certains établissements dont les devantures étaient décorées de fleurs, de cœurs et de bandes multicolores. Ils affichent des soirées dansantes réservées aux couples amoureux pour célébrer la Saint-Valentin, à des prix imbattables.
La perspective de passer une soirée inoubliable avec Lynda me remplit d'enthousiasme et de crainte. Je me demande si elle partagera mon désir de célébrer cette occasion spéciale ou si nos différences créeront des obstacles.

Étudiant depuis maintenant plusieurs années, je rêvais de fréquenter ces lieux pour vivre une soirée inoubliable. Au début, je n'avais pas de petite-amie. Maintenant que j'en ai une, il s'avère difficile de la convaincre.
Et puis, mes maigres ressources ne me permettent pas d'y rentrer. Il y a aussi cette peur instinctive de ne pas être à la hauteur. De plus, il serait contre-productif de se ridiculiser devant sa "future femme".
Mon défi consiste désormais à dénicher un cadeau pour Lynda. C'est le premier que j'offre à une femme de toute ma vie. Le défi était de taille : tenter d'adoucir un peu les mœurs !
Dans mon porte-document, j'ai caché une tablette de chocolat aux amandes de marque Maruja, réputée pour être l'aliment incontournable des amoureux. J'ai même acheté une jolie carte à volet qui porte un long texte d'un poète local, illustrée de fleurs et de cœurs, le tout dans les tons rouge et rose.
Un espace est réservé au soupirant pour écrire son message à sa belle-aimée. Pour ne pas "rater mon coup", j'ai cherché sur internet des messages pour la Saint-Valentin. J'en ai choisi un qui m'inspirait et l'ai adapté à mon usage.
J'ai écrit mon mot sur la carte avec une petite écriture droite et lisible, rédigée avec autant d'hésitation et de prudence pour ne pas gâcher le papier et l'intention du message.

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