Victime tu seras
Catherine regarda Monsieur K , par en dessous :
- Franchement, vous ne voyez pas ?
- Non, Madame ?
- Pas d'attentat, d'erreur judiciaire, d'erreur médicale ?
- Non, Madame.
- Pas d'accident de la route ?
- Une plaque de verglas .
- Quand ?
- J'avais 20 ans .
- C'est très vieux , mais…
- Une plaque de verglas, c'est personne !
Catherine soupira, décidément Monsieur K n'était pas un client facile !
Elle choisit l'attaque frontale :
- Tout va bien ?
- Je ne dirai pas.
- Surtout après une tentative de suicide ?
- Je m'en suis sorti.
- C'est donc votre femme qui…
- Non, Madame.
- Non ?
- C'est une relation de couple.
- Oui, et alors ?
- Je ne suis pas une victime…
Catherine décida de changer de tactique, et déboutonna, légèrement, son corsage :
- Si vous êtes victime, vous aurez de l'argent .
- Je n'en ai pas besoin.
- Pouvez-vous payer les études de vos enfants ?
- Non, Madame.
- Alors qui vous dit que vous n'êtes pas une victime ?
- Je pense , comme Sartre, qu'il faut sortir de la mauvaise foi.
- J'ai trouvé : nous allons faire un procès aux ayants droit de Sartre, car vous êtes victime d'une philosophie qui vous empêche de faire valoir vos droits de victime !
Bouche bée, Monsieur K signa la demande de procès.
Radieuse, Catherine regarda la devise du cabinet d'avocats :
Victime tu seras...
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