Noël, c’est l’ennuie…

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Tous les ans, c’est la même chose. Je dois faire croire aux autres que le Père Noël existe. Et franchement, ça commence à être lourd. Même quand je ne dis rien, même quand je ne fais pas un seul sous-entendu, ma mère, elle, réussit toujours à glisser un petit « oh, mais le Père Noël va adorer ça ! » Ou à me demander de donner un coup de main pour « décorer la maison pour l’arrivée du Père Noël ». Comme si j’allais encore y croire… Pourtant, je suis là, obligé de suivre le jeu pour mes deux petites sœurs et mon petit frère, tous entre trois et huit ans, et complètement fous du vieux bonhomme à la barbe blanche.

Tout à l'heure, c'était l’archétype du Noël en famille : on est partis à l’hypermarché juste pour acheter des croquettes pour les chats, et bien sûr, le « Père Noël » était là. Logique. Forcément, mes frères et sœurs ont voulu faire une photo avec lui, comme si c'était la première fois. J’ai failli m'étouffer de frustration en les regardant poser, tout excités, sous le regard attendri de mes parents. Mais bon, faut bien. Pour eux, c’est magique. Et pour moi, c’est juste… encore une autre photo qui me donne l’impression de jouer un rôle.

Je m'assois à la fenêtre de ma chambre, en regardant la neige tomber doucement. La ville se couvre d’un tapis blanc, et dehors, tout semble tellement calme. Noël. Encore. Tous les ans, c’est la même rengaine : on reste à la maison, on mange pendant trois heures, on attend que tout le monde soit là pour ouvrir les cadeaux, et pendant ce temps, je suis là à me demander ce que je pourrais faire pour échapper à cette ambiance si… éternelle.

À 16 ans, franchement, ça devient ridicule. Les décorations, les chants de Noël, la foule qui hurle de bonheur dans les rues… tout ça me fait juste soupirer. L’envie de partir, de m'échapper quelque part, loin de cette routine, de ce Noël « parfait », m’envahit de plus en plus chaque année. Mais bon, il faut être là, « en famille », et garder un sourire qui masque l'ennui.

Ma mère hurla mon prénom du bas des escaliers, comme si elle pensait que je n'avais pas d'oreilles. À chaque fois, je me demande si elle croit que je suis sourd. Ma chambre est juste au-dessus, pas besoin de se casser la voix pour m’appeler.

Je soupire, m'étire un peu et descends les escaliers. Un grand sourire éclatant illumine son visage. Un sourire qui, je dois l'avouer, me met un peu mal à l’aise. Il y a quelque chose de trop… intense, comme si elle avait une idée derrière la tête.

— Quoi ? demandai-je d’un ton un peu sec. Tu as vu le Père Noël en personne ou quoi ?

Elle rit, comme si j'avais dit une blague.

— Viens ici, mon poussin, j’ai un cadeau pour toi.

Elle aime bien m’appeler par des petits surnoms. Ça peut aller de « mon monstre » à « ma crapule », et parfois même « mon poussin » ou « ma luciole ». Franchement, il y a des moments où je me demande si elle a un répertoire de surnoms qu’elle choisit au hasard en fonction de son humeur.

Un cadeau ? Le 23 décembre ? Je fronce les sourcils. C’est pas vraiment le moment des surprises, surtout que Noël approche à grands pas. Ce genre de geste me met toujours sur mes gardes. Je la suis jusque dans le salon, intrigué mais aussi un peu méfiant. Qu'est-ce qu'elle a encore derrière la tête cette fois ?

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