Le cadeau

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Je suivis ma mère, un peu à contrecœur. Elle marchait rapidement, comme si elle avait un plan bien précis, et moi, comme un idiot, je la suivis, rentrant dans son jeu sans même m'en rendre compte. Elle m'emmenait de pièce en pièce, toujours plus loin, comme si elle voulait me perdre. Arrivés au salon, elle fit demi-tour d’un coup, me forçant à la suivre encore. Puis, elle changea brusquement de direction, se dirigeant vers l’autre côté de la maison. Elle répéta ce manège trois fois, comme si elle cherchait à m’amuser ou à me rendre fou. Je commençais à comprendre qu’elle se jouait de moi, mais franchement, ce n’était pas très drôle.

— Bon, t’attends qu’il neige ? demandai-je, un peu agacé.

— Mais mon cher fils, il neige déjà dehors.

Elle me lança un de ses sourires éclatants, un sourire un peu trop grand pour être naturel, et je levai les yeux au ciel. Comme toujours, elle adorait me taquiner, et même si ça m’agace, je devais admettre qu’il y avait quelque chose dans sa manière de faire qui me faisait sourire malgré moi.

— Bon, bah si c’est comme ça, je retourne dans ma chambre.

Je pris un air faussement indifférent et fis mine de partir en traînant des pieds, espérant qu’elle me rattraperait. Mais avant que je puisse atteindre les escaliers, j’entendis sa voix, un peu plus basse, comme si elle jouait à nouveau un rôle.

— Désolé, c’était juste pour rigoler ! Viens, suis-moi, le cadeau est par ici, il est tout près.

Elle m'amenait jusqu'à la buanderie, et avant que je n’aie le temps de franchir le seuil, elle me fit signe de m'arrêter. Un sourire malicieux flottait sur ses lèvres, comme si elle savait déjà que j'allais râler.

Elle entra dans la pièce, se haussant sur la pointe des pieds pour atteindre quelque chose en hauteur sur une étagère. Après quelques secondes infructueuses, elle s'arrêta, visiblement frustrée, et se tourna vers moi avec un air suppliant.

— Mon fils chéri, tu peux m’aider à attraper ça, s’il te plaît ?

Je levai une nouvelle fois les yeux au ciel. C’était une blague, non ? Pourquoi m’avoir dit d’attendre devant la porte de la buanderie si, au final, elle me demandait de venir l’aider ? Ahlala…

Après quelques secondes à tâtonner dans le vide avec mes doigts, je finis par tomber sur un objet. Je le ramenai à moi avec précaution. C’était une boîte blanche légèrement brillante.

Je levai les yeux vers ma mère, un peu perplexe.

— C’est ça ?

Ses yeux s'illuminèrent immédiatement, comme si j'avais trouvé quelque chose de vraiment précieux.

— Oui, oui, oui ! Passe-la-moi !

Je rapprochai la boîte encore un peu, la tenant à bout de bras pour la tendre à ma mère. Elle la saisit avec enthousiasme, un grand sourire sur son visage. Elle me remercia d’un ton presque trop excité, comme si c'était Noël avant l’heure. À cet instant, j'ai plus l'impression que ce cadeau était destiné à elle plutôt qu'à moi.

Je jetai un regard agacé à mes doigts qui dorénavant etaient recouvert d'une couche de poussière. Rien de pire que de devoir aider à une mission dont on ne comprend pas vraiment l’enjeu. Mais bon, c'était ma mère, et c'était Noël... alors je laissais passer.

Une nouvelle fois (et j'espère que c'est la dernière, parce qu'à ce rythme-là, je vais m'entraîner pour un marathon…), elle me fit signe de la suivre. Ce que je fis, bien sûr, toujours aussi résigné. Elle m'emmena dans le salon et m'invita à m'asseoir dans un des fauteuils moelleux. Je n'avais pas l'habitude de les occuper longtemps, car dès que mes frères et sœurs étaient là (et là, ils étaient à la sieste, chanceux), j'avais l'impression qu'ils s'appropriaient tout le salon, fauteuils compris.

— Tout à l'heure, un jeune homme est venu me voir pendant que j'admirais la neige qui tombait dehors. Il m'a donné cette boîte.

— Attends, je l'interrompis, ce "jeune homme" ne serait-il pas, par hasard, déguisé en Père Noël ?

Elle éclata de rire, un sourire malicieux sur les lèvres.

— Non, non, ce n'était pas le Père Noël. Lui, il te donnera des cadeaux dans deux jours.

— Bah, c’est qui alors ?

— Mais laisse-moi finir, rigola-t-elle, exaspérée mais amusée.

Elle se réinstalla confortablement dans le fauteuil en face de moi, puis posa délicatement la boîte sur la table basse, comme si c'était un objet précieux. Un silence un peu étrange s’installa, avant qu'elle ne reprenne la parole.

— Le jeune homme qui est venu me parler tout à l'heure m'a demandé de te remettre ça. Je n'ai aucune idée de ce que contient cette boîte, mais il tenait absolument à ce que je te la donne aujourd'hui. Et il insiste aussi pour que tu l'ouvres seulement le 25 décembre.

Elle me lança un regard chargé de sous-entendus, presque comme si elle attendait une réaction de ma part.

— Je te fais confiance. Et lui aussi, je pense.

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