Chapitre 6 : Louve...
Assise dans la salle d’attente d’une clinique privée. Nous avions eu un rendez-vous pour Ugo. La pédiatre avait trouvé Ugo en pleine forme et ce dernier n’avait pas perdu de poids. Celle-ci m’avait vu le nourrir et m’avait félicité pour ma rigueur et ma minutie pour une première fois. Santo lui avait posé beaucoup de questions, et la pédiatre nous avait donné de quoi lire. Un coffret entier avec des prospectus, des magasines et autre. Santo avait évoqué mon idée d’éducation, celle de laisser notre fils grandir à son rythme sans le freiner, ni le restreindre tout en veillant à sa sécurité. Cette dernière avait évoqué la méthode Montessori, une méthode que je connaissais déjà, car ma nourrice en était une férue. Santo avait pris des notes sur son téléphone.
Santo était concentré sur son téléphone, Ugo était éveillé, mais silencieux. Quant à moi, j’avais commencé à lire un magasine sur le rythme du sommeil de bébé. La porte de la salle du gynécologue s’ouvrit et une femme d’une quarantaine d’années en sortit. Vêtue d’une blouse blanche, un chignon banane parfait, elle tendit un dossier à sa secrétaire avant de nous convier à la suivre.
Franchissant le seuil de son cabinet, je sentis l’angoisse monter en moi. Santo passa sa main dans ma nuque et murmura à mon oreille de me détendre. On prit place sur les chaises en face de son bureau. Celui-ci était plutôt sobre, et minimaliste. Des affiches de femme enceinte, schématisées, de seins et d’utérus étaient exposés sur un mur près de la chaise obstétrique.
- Bonjour, je suis le docteur Campbell. J’ai reçu votre dossier médical, Madame Vicenzini. Vos analyses de sang ont montré des carences en fer et en vitamines. Je vais demander à en faire de nouvelles pour voir si les taux ont changé depuis la naissance de ce petit bout. J’ai vu que vous allaitiez, comment ça se passe ?
- Bien, Ugo prend bien le sein et le pédiatre m’a dit que pour une première fois, je me débrouillai bien.
- Pas de douleur, ni de gênes ?
- Non, aucune. L’infirmière que j’ai vu, elle m’a conseillé une crème pour les crevasses et de penser à bien nettoyer mes mamelons avant et après chaque tétée.
- Bien, je vais vous examiner. Vous pouvez vous déshabiller entièrement, je vais regarder tout cela.
Je déglutis et me levai de ma chaise avant de me rendre derrière le paravent. Lentement, je me déshabillai tout en écoutant distraitement la conversation entre Santo et cette dernière.
- Docteur Campbell, je peux vous poser des questions ?
- Evidemment, Monsieur Vicenzini.
- Combien de temps faut-il pour que ma femme et moi, puissions reprendre nos activités ?
- En général, je conseille aux couples d’attendre six à huit semaines. Votre femme vient de donner la vie et son corps doit se remettre de ce changement brutal, en particulier son utérus.
- Et toutes les pratiques lui sont interdites où seulement la pénétration vaginal ? lui demanda-t-il sans aucune honte.
- Je vois, vous pratiquez la sodomie. Je ne vois aucun inconvénient à cela, tant que cela est partagé par les deux partenaires.
La discussion prit fin quand je sortis de derrière le paravent. Nue comme un verre, timide, je m’approchai de la chaise obstétrique avant de m’y installer. La doctoresse me fit mettre mes jambes sur les étriers et s’approcha de moi tout en mettant des gants. Elle vint doucement palper mes seins et ausculter mes mamelons. Douce, elle m’affirma que tout allait bien pour ma poitrine et de continuer comme ça. Après ça, elle prit place sur son tabouret et alluma la lumière pour éclairer mon intimité. Elle ausculta mes lèvres, puis se leva et me regarda avant de m’offrir un sourire rassurant. Je détournai le regard et cherchai celui de mon mari.
- Je vais prendre un spéculum et regarder à l’intérieur. Cela risque de vous gêner un peu. Ensuite, je vous ferai une échographie pour voir si tout va bien. On respire bien et on se détend. Monsieur, si vous voulez, vous pouvez lui prendre la main pour la soutenir.
M’attendant à ce que Santo n’en fasse rien, ce dernier s’approcha de moi et prit ma main. Il effleura mes cheveux et me sourit. Je sursautai en sentant un truc froid entrer en contact avec mon intimité. Je sentis le speculum s’ouvrir en moi, puis je vis la doctoresse prendre un long coton-tige. Elle le passa dans mon vagin, puis retira le speculum. Elle se mis debout et plongea deux doigts dans mon vagin avant de venir appuyer avec son autre main sur mon ventre. Quand elle eut terminé son auscultation externe, elle s’empara d’un long tube branché à une machine. Cette dernière m’expliqua que c’était une sonde endovaginal. Elle y déroula un préservatif et versa beaucoup de lubrifiant. Après ça, elle la glissa en douceur dans mon sexe. Je fermai les yeux et chassai les images atroces que cette sensation raviva en moi. Je serrai ma main sur celle de Santo et il répondit à ma peur en posant sa bouche sur mon front. La gynécologue fixa son écran tout en faisant tourner la sonde en moi avec une délicatesse inouïe.
- Alors ? demanda Santo.
- Tout va bien. L’utérus de votre femme est encore gonflé, mais rien d’anormal à ce niveau-là. Son accouchement n’a pas laissé de cicatrice, ni causé de déchirure.
- Ce qui veut dire ?
- Je vous conseille d’attendre encore quinze jours minimum. Après rien ne vous empêche d’avoir de longs préliminaires et d’essayer, mais si elle ressent la moindre douleur, ne forcez pas. Et surtout ne lésinez pas sur le lubrifiant. Votre femme allaite et pourrait avoir des sécheresses vaginales. Cela ne veut pas dire qu’elle n’éprouve pas de plaisir. En réalité, ses hormones sont en guerre. L’hormone de l’allaitement entre en contradiction avec l’ocytocine que produit l’excitation et le désir. Après, vous m’avez dit pratiquer la sodomie, ce qui, peut être un bon compromis. Oh, une dernière chose, comme vous allaitez, votre retour de couche peu avoir lieu plus tardivement, mais cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas tomber enceinte à nouveau. Des questions ? demanda cette dernière.
Je secouai énergiquement la tête. Celle-ci retira ses gants puis entrepris de ranger et de nettoyer tout son matériel. Elle m’autorisa à aller me rhabiller. Je filais derrière le paravent et me rhabillai à la hâte. Santo posa de nouveau des questions, sur la dangerosité ou non d’une nouvelle grossesse, l’allaitement, si jamais tombai à nouveau enceinte. Le docteur y répondit avec une franchise désarmante, donnant son avis tout en expliquant le pour et le contre.
Une fois prête et rhabillée, on paya l’auscultation et rapidement j’éprouvai le besoin de partir. Tout en remontant les couloirs de la clinique, Santo m’attrapa par le bras.
- Louve, pourquoi est-ce que j’ai l’impression que tu n’aimes pas les médecins ?
- Ce n’est pas une impression, je déteste les médecins et j’en ai une peur bleue.
- Pourquoi ?
- Ma tante, la sœur de ma mère, elle est médecin. Oui, cela doit être la seule femme de la mafia que je connaisse et qui bosse. C’est elle qui a surveillé ma grossesse, et contrairement au docteur Campbell, sa préoccupation pour mes états d’âmes était le cadet de ses soucis.
- Pourquoi elle ne t’a pas aidé à avorter proprement ?
- Elle est croyante et à souvent milité contre cette pratique. Elle n’a jamais pu avoir d’enfants, alors envisager de tuer un bébé, c’est impensable pour elle.
- Je vois et j’ai une dernière question. Je n’ai pas relevé au restaurant, mais dans les toilettes, tu as dit que tu ne souvenais pas d’avoir couché avec mon frère.
- Je refuse d’en parler. Je l’ai fait une fois et j’ai fini torturée, séquestrée et punie. De plus, je ne veux pas être punie parce que tu penseras que je veux salir la mémoire de ton frère.
- Sauf que j’ai reçu une vidéo de l’hôtel où il a passé la nuit et je sais ce qu’il a fait.
- Santo je t’en supplie, laisse-ça où c’est. Pour ma famille, je suis une traînée qui s’est fait engrosser par ton frère. Ton frère a été tué a cause de moi, c’est tout, c’est la version officielle.
- Il t’a violé, me dit-il.
- Je ne m’en souviens pas.
- Louve...
- Santo, ne fait pas ça. Punie moi, abuse de mon corps, soumets-moi à ta volonté, mais ne me fait pas ça, le suppliai-je.
- Mon frère n’était pas un ange.
- Toi non plus.
- Moi, j’en suis conscient. Je sais que je ne suis pas parfait, mais j’essais de ne pas me laisser guider par mes envies. Une voiture va te ramener à la maison. Aldo va t’accompagner à l’appartement, le mien. Tu t’occuperas d’Ugo. Je te préviendrais quand je rentrerai.
- D’accord, dis-je dans un souffle.
Santo me guida à l’extérieur et me fit monter dans un 4x4 avec Ugo et son garde du corps. Avant de partir, il attrapa mon visage à deux mains et m’embrassa violement.
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