La rose
Je te vois étouffer dans un vase écarlate ;
Tu sembles manquer d’eau tant la main scélérate
Armée d’un ciseau t’avait taillée sans cœur.
Elle remonte l’allée puis s’en prend à ta sœur.
Conte-moi ta naissance agréable au début du printemps
Et tes amours de poète comme la douceur des vents.
Ceux qui dodelinent tes robes empourprées,
Ont bien dû te narrer des légendes passées.
Moi, je te rêve dans l’opacité de mon brouillard,
Tu es nue, couverte d’eau, je te suis du regard,
Et je t’invente un domaine paisible, une terre divine
Où la face de l’homme et de la femme aimables se devine.
J’aurais voulu te voir verdoyer ma tendre rose,
Dans ce parc de l’enfer où veille le démon morose.
Mais la vie revient, n’est-ce pas, après chaque saison.
Et la vie sans cesse se taille avec déraison.
Vous êtes nées pour la coupe du jardinier
Et de cette femme assise au pied du châtaignier,
L’esprit abandonné dans le rêve et la lecture.
Parfois, l’œil biaisé, surveille l’homme et sa nature.
Je ne saurai jamais pourquoi elle retire en vainqueur
La vie, le parfum que tu véhicules dans les cœurs, ma fleur.
Serait-elle jalouse de toi, rose issue du printemps ?
Rose fraîche et pleine d’espoir, je veux t’aimer longtemps !
Si je ne sais jamais, je ne comprendrai jamais pourquoi
L’indécence, la cruauté, le geste et l’indifférence, moi,
Cet homme pleurant face contre terre devant ta grâce,
De voir cette main répandre la mort, afin de plaire à un cœur de glace.
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