Je sais
Je sais qu’au-delà de mon âme ridicule
Existe un univers plus profond que les cieux,
Une terre d’exil où la muse recule
L’ordre et les règles de l’art poussiéreux.
Je sais que quelques poètes étranges
Ont découvert ce paysage verdoyant,
À l’aide de quelques drôles de mélanges,
Mais qui éloignent plus vers l’enfer bruyant.
Je sais que là-bas les erreurs sont pardonnées,
Et que les hommes et les femmes ceinturent
Par un amour inépuisable, les valeurs oubliées,
Les sentiments haineux que nos sociétés perdurent.
Je ne connaîtrai jamais ce monde parfait,
Car la réalité de notre monde coupe mes ailes,
Et cloue mon esprit maudit et insatisfait
Sur les pierres du monde aux puissances spirituelles.
Réveille-toi splendeur ridicule, âme de l’ennui,
Ouvre enfin ta vie au monde de l’orient,
Écoute encore les rires d’enfants qui ont fui,
Et regarde la mort de son œil émollient.
Qu’attends-tu pour apporter, à mon salut diabolique,
L’antidote du mal confinant tout mon être
Aux plaisirs charnels, aux voluptés, à l’impudeur ironique ?
Qu’attends-tu pour me sauver de la mort et me reconnaître ?
J’ai trop espéré en me disant dans mes rêves, te voilà !
J’ai tant attendu ton amour que ma chair en est gravée.
Mais je partirai dans ce monde sans toi, au-delà
Des rêves enfantins, par-dessus cette société endoctrinée.
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