Pardon
As-tu seulement l'idée, ou te rends-tu compte
De la tristesse qui remplit mon cœur ?
Es-tu assez sobre pour remarquer la honte
Dans ces rues où je souriais aux inconnus ?
Combien de fois, du sol, j'ai ramassé ton corps,
Si pesant que j'en avais mal aux bras ?
Combien de fois j'ai lavé ta pisse dans le corridor,
Ou esquivé tes insultes, tes attaques d’alcoolique ?
Je ne sais plus quoi faire. Mon amour se fane ;
Il aurait besoin d'un peu d'eau et d'air pur
Pour retrouver la sérénité
Et t'aimer comme aux premiers jours.
Et voilà ! À présent tu pleures sans tristesse.
Je le sais, car tes larmes expriment de la colère,
Ce sentiment plein de rage qui te compresse
L’âme, se désespérant de voir un jour la lumière.
Mon amour pour toi, tu le sais, est infini,
Où il accepte sans broncher ton pouvoir.
Devenu ton esclave et ton bouffon hypocrite
Tu le couches à tes pieds de souveraine.
À te voir ainsi, je veux te prendre contre moi,
Consoler ton enfance et guérir tes plaies,
Qui ont marqué ta vie et t'ont laissée effrayée.
Aujourd'hui, c’est trop tard, l'alcool te sert de bouclier.
Je te demande pardon. Pardon de n'avoir pas su,
Comprendre tes peines, moi qui suis ton ami.
Mais comment les aurais-je devinées face à ta pudeur ?
Pardon d’avoir souffert sans que je le sache.
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