André Pouette
Tu baves, brave poète
Les tripes à l’air sur la moquette.
La pensée de ta fleur, inexistante,
Te consume.
Et la plume
Dégouttée de ton sang, dégoulinante,
Comme la rose morte et puante
Qui rêve d’un soleil frais, et lumineux.
Poète, tu t’enfonces,
Tu renonces
Te désespères, t’enchaînes aux nœuds
D’une société qui sent, même aux confins de l’univers,
Le charnier où remuent dans ces morts-vivants des vers.
Tu entraînes
Et traînes
Avec toi, dans la mort, cette vierge,
Innocente, prise entre le ciel et ta verge.
Poète es-tu ?... Poète où es-tu dans ce monde ?
Tu rêves de remords
Quand ta bouche au mors
Se ringardise de rébellion ; c’est Satan poète du monde
Qui gouverne Dieu, les rois et l’homme immonde,
Parce que la pensée n’existe pas sans laideur ni beauté
Sans rêve, ni réel.
L’amour est un duel
Entre individus qui s’affrontent ; chacun veut survivre à la vérité
D’une utopie réelle. Mais il n’y a aucune vérité dans cet univers ;
L’homme est le rêve de l’homme et le poète le cauchemar du vers.
Le cauchemar du vers,
Navigant sur les mers.
Et là, toi, poète dans la contrainte de te soumettre,
Tu accostes sur des ports imaginaires, et tu sais paraître,
Vêtu de sourires, d’hypocrisie, de bonnes manières.
Tu es au paroxysme
De l’altruisme
Comme le veulent ces terriens, nés d’amours ordurières,
Ceux dont tu combleras de bonheur le cœur centime ;
Et, peu à peu, tu oublieras tes amis SDF rêvant de confort intime.
Tu seras l’assassin
De la poésie, enfin !
Où le poète cherche encore, dans la liberté tragique,
Allier, rimes, parfois, musicalité et rythmique
Dans un fatras de mots barbares, un condensé épique.
Tu es mort, brave poète
La Mort ne s’en inquiète.
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