Je suis un idiot
Je suis un idiot encombré de pensées
Languissantes et revêtues de vide.
Un idiot offrant ses pensées
À la lune millénaire sans ride.
Et je suis amoureux d’une dame
Généreuse, débordant de bonheur ;
Qui répand une beauté d’âme
Sur les invisibles et dans mon cœur.
Je suis un idiot, c’est le sage du village
Qui me l’a dit, et moi, idiot, je le crois.
J’offre mon dévouement en partage
Pour un petit service, des moqueries, parfois.
Tu la connais ma crétinerie, intelligente Olga,
Mais toi au moins avec moi tu deviens idiote,
Et me fais rire sur les mots du sage un tantinet gaga
Qui se prend pour un dieu et mène une vie sotte.
Tu me dis : « Avec un cœur intelligent,
Aimant la nature où il puise ses amours,
Ce sein n’est pas idiot. Mais il a tort, cependant,
De m’aimer en secret tous les jours. »
Je suis quand même un idiot, car mon cœur bat fort
Quand je la vois, m’adressant de grands signes, les matins,
Dans la ruelle au pied de l’enceinte du fort.
Je ne peux m’empêcher d’aimer ces sourires malins,
Lorsqu’au creux de l’oreille, elle me dit : « Je t’aime bien,
Tu es l’ami qui me délivre du dédale des pensées
Des autres qui veulent n’écouter que l’ancien,
Ce vieux barbu aux idées ternes et surannées. »
Tout le village et le sage n’aiment guère Olga,
Ils disent de sa tenue, c’est une débauchée.
Mais ils ne savent pas que ces habits-là
Sont destinés pour plaire à mon âme amourachée.
Nous sommes idiots parce qu’Olga et moi avons de l’entrain,
Aimons la liberté, la nature, l’amour et le bonheur
Et qu’elle me soutient, me tient par la main
Avec son regard sœurette qui fait chavirer mon cœur.
Mais je n’appartiendrai jamais au cœur de cette fille
Qui est intelligente et me raconte des bêtises sur le rocher,
À moi, le sot du village qui ne sait que cueillir la myrtille,
Puisqu’elle embrasse en cachette la fille du maire sous le clocher.
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