L'alexandrin
Le vers alexandrin fut un soleil.
Aujourd’hui son feu est éteint.
À écrire un poème pareil
Aux classiques autant le faire bien.
Sinon composons des vers qui ne se domptent
Sans contraintes ni cadres,
Et nos alexandrins iront sans qu’ils ne se comptent ;
Ainsi, le poète dira : « voilà mon vers, certes, ladre
Et boiteux, mais c’est le mien ».
Il a mis son cœur pour le voir vivre.
Il n’a nulle fonction que son trouble lesbien,
Nul hasard, juste son cri qui se délivre,
Mais jamais, surtout jamais, il ne pourra dire,
(Même si sa gémellité est éblouissante) :
« C’est un alexandrin qui ne saurait se contredire ».
Évidemment, car son E caduc le diffère de ses vrais jumeaux.
Cette voyelle est un roc
Sur lequel se brisent les bateaux,
Un pic qui pointe comme un estoc
Un cap, que dis-je, un cap ?
Une péninsule lointaine
Impossible à atteindre, un handicap.
Mais que l’âme poète aime dans sa peine.
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