Chapitre 3 - La quête du dragon

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Le chemin se poursuivait au travers de la forêt elfique. Lasse était l'infatigable Chlamydia et épuisé était l'endurant Syphilis. Pourquoi le destin se montrait-il si cruel, si implacable, si impitoyable ? Voilà dix minutes qu'ils remontaient une pente ! Et vers où allaient-ils, dans cet exil maudit ? Nanarnya existait-il, ou n'était-il qu'une légende de la nuit des temps sortie ?

Chlamydia, exténuée, laissa choir son délicat visage contre un tapis de mousse douce. Syphilis s'apprêtait à faire de même… Mais c'est souvent quand il n'y a plus d'espoir que renaît l'espoir.

« Chlamydia ! Contemple ! Nous sommes arrivés à la légendaire Montagne du Dragon ! Cet être très ancien, et donc forcément pourvu d'une grande sagesse, nous fera sans aucun doute bon accueil !

— Es-tu sûr que nous ne risquons rien ? demanda Chlamydia en battant ses longs cils.

— Mais non ! s’exclama Syphilis en piétinant le tas d’ossements le plus proche. Il est forcément bourru, mais il ne peut pas être si méchant ! »

Ils firent alors face à une immense grotte, où ils s'engouffrèrent soudain plus effrayés. La pénombre noire faisait danser dans l'obscurité les silhouettes de monstres de légende… Tout était si immonde, si effrayant qu'un instant ils crurent contempler pire que le visage de l’abject Sidhe Veyyash. Et soudain… Tout s'illumina devant eux.

Il y avait là des montagnes d'or, des montagnes d'argent, des montagnes de bronze, des montagnes d'or plus grosses, des montagnes de pierres précieuses, des montagnes de cristal, des montagnes de pierres semi-précieuses, des montagnes d'or encore plus grosses, des montagnes de corail, des montagnes de porcelaine et des montagnes d'or encore encore plus grosses. Le seul problème était qu'il y avait au milieu une montagne de dragon.

« Que c'est beau ! cria Chlamydia, sa svelte silhouette tressaillant d'excitation.

— Oui, ajouta Syphilis soudain pris d'un brusque accès de sagesse, mais méfie-toi, car tout ce qui brille n'est pas or.

— Et quand bien même, je vous détrousserais malgré tout, si vous voyez ce que je veux dire ! » retentit une voix hilare derrière eux.

Médusés, les deux elfes se retournèrent et firent face à un individu d'une extrême beauté bien que couvert de cicatrices ; mais le plus étrange était que ses oreilles n'avaient rien de pointu. Le formidable esprit de déduction elfique s'opéra alors en Chlamydia :

« Êtes-vous donc un humain ?

— Oui, ma p'tite dame. Je me nomme Belkaroth, fils de Bohnbouloth, dans les lointains territoires du Nord. Je suis un barbare, un coupeur d'escarcelles et un brigand de grand chemin, ainsi que terrible écumeur des tavernes, car si pierre qui roule n'amasse pas mousse, bière et poules tabassent ma bourse ! Si vous voyez ce que je veux dire !

— Ha ! ha ! » fit Chlamydia. Syphilis lui lança un regard noir : ce fieffé séducteur la faisait rire aux éclats !

« Et que faites-vous ici, messire Belkaroth ? lança Syphilis sur un ton plus tranchant que la plus tranchante de toutes les épées elfiques.

— Eh bien je vais voler le trésor de ce dragon !

— Tout cet immense trésor ? glapit Chlamydia. Mais comment allez-vous faire ?

— Eh bien ma dame, il se trouve que je suis très, très, très costaud ! »

Et il prit sur son dos une imposante quantité d'or. Mais ce tintement soudain eut pour effet de réveiller le dragon. Celui-ci se leva dans toute son immensité et cracha une gigantesque colonne de feu dans leur direction. Par chance, ils l’évitèrent tous les trois de justesse et s'en sortirent avec seulement quelques cheveux roussis.

« Aha ! rit haut le voleur. L'aventure comme je l'aime ! On dit que bien mal acquis ne profite jamais, mais bien bien acquis avec une épée et un peu de jugeote me sied grandement, si vous voyez ce que je veux dire ! »

Terrible fut la bataille qui s'ensuivit. Chlamydia les regarda s'affronter, ne sachant pourquoi son coeur battait si fort face à ce jeune beau voleur galant et à l'humour si subtil. Mille fois elle manqua de tomber en pâmoison, et mille fois elle se ressaisit. Tout cela était si incroyable !

Au bout d'un moment, Belkaroth fit appel à la magie du feu et celui-ci se retourna contre son terrible envoyeur. Le dragon s'écroula en un petit tas de cendres calcinées, et Chlamydia sut qu'elle pouvait enfin s'évanouir.

« Oh ! s’écria sa douce voix à son réveil. J'ai eu si peur…

— Mais c'est grâce à vous que j'ai triomphé ma bonne dame, car je vous aime, et l'amour triomphe de tout. »

Ils auraient pu s'étreindre à ce moment, et alors à l'intérieur de la fascinante grotte on aurait pu voir se dresser une superbe stalagmite, mais la voix de Syphilis les interrompit net.

« Hum-hum ! dit-il aux deux amants sur le point de s'embrasser. Messire Belkaroth, nous avons besoin de vous pour nous conduire à Nanarnya.

— Mais pourquoi le ferais-je ? s’enquit le rusé larron. Car, si vous voyez ce que je veux dire…

— Parce que si vous ne le faites pas, alors le monde va s'effondrer. »

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