Ils ne sont pas seuls, ses amis sont là également et par miracle aucun d’eux ne semble avoir remarqué ma présence, la foule pourtant peu présente me cachant quelque peu. Ce serait le moment opportun pour s’éclipser, mais rien n’y fait, mes pieds refusent de bouger.

Figée.

Je sens la peine m’envahir petit à petit, déchirante, mais je dois prendre sur moi. Un pas et je glisse sur la chaussée, une flaque d’eau accueillant mes pauvres chaussures déjà que trop usées.

Et à cet instant précis des regards pèsent sur moi, subitement, alors qu’auparavant, je n’étais que fantôme à leurs yeux. Satanée pluie bordel. Ils me dévisagent lourdement, mais malgré tout, je ne ressens pas le sien. À croire qu’il m’a définitivement oubliée.

C’est sans doute mieux ainsi après tout.

Cette seule pensée lacère douloureusement mon cœur et je serre les poings, maudissant une fois de plus ma naïveté.

Stupide pour changer.

Inutile de poursuivre ma route, cette misérable entrevue a suffit à me faire renoncer. Sans oser jeter un regard dans leur direction, je me retourne et reprends mon chemin dans la direction opposée, la démarche rapide. Ignorant le couinement de mes semelles sur le sol, je marche le plus rapidement possible, luttant contre cette envie détestable de craquer.

Ça ne me fait qu’enrager, contre moi-même de me mettre dans un tel état…

Et contre lui.

La respiration saccadée, j’aperçois enfin ma rue et ralentis lentement ma cadence, mon cœur cognant avec vitesse dans ma poitrine. Et je m’en veux, me hais. Ces larmes menaçantes ont coulé sans mon consentement, brouillant ma vue, mouillant mes joues déjà humides.

Mais suis-je celle que l’on doit blâmer ?