Le verre du fils du PDG
C'était l'anniversaire de Jésus hier, il a offert son verre. Une salle fut réservée avec billard et karaoké. Il y avait beaucoup de gens. Faut dire, il a toujours eu l'art d'être fédérateur. Les gens l'aiment bien, même s'il est un peu lourd-dingue avec ses tours de magies. Sur la scène, il nous en a fait plusieurs tels que l'eau en vin ou faire passer le foulard à travers la paume de sa main. Sérieux, il faut qu'il se renouvelle. Au début c'était chouette et cela nous émerveillait mais maintenant le vin, c'est surfait. Je ne sais pas, essaie l'eau en Schweppes ou Gin Tonique. Enfin bon, c'est le fils du patron alors lorsqu'il fait passer le foulard à travers sa paume, tout le monde applaudit même si le truc est visible à s'en péter l'orbite.
La fête passa. Tout au long, j'ai revu plusieurs anciens collègues. Beaucoup ont voyagé et déménagé, mais la plupart sont dans des succursales. Nathanaël par exemple est au département marketing. Judas, lui, est à la tête du département Enquête-Interne. C'est une chouette équipe qu'il a mise en place. J'ai demandé, au hasard de la conversation, s'il n'y avait pas de poste ouvert dans son équipe, mais bon, Judas est connu pour être assez laxiste, il n'y a donc pas assez de travail pour ouvrir un nouveau poste.
Il y avait Sachatte aussi. Grande fan de karaoké, elle nous a fait un récital complet. L'alcool aidant, son jerk déhanché s'est terminé à quatre pattes le cul à l'air après un rip magistral sur la marche de l'estrade. J'ai dû l'aider à se remettre debout. L'odeur de son haleine me fit comprendre que la soirée était bien avancée, j'ai donc décidé de la soutenir dans sa démarche. Moralité, j'ai fini par jouer au billard prenant pour trou l'antre de ses nichons qu'elle avait étalés sur le tapis. Sur la fin, on était seuls. Il y eut quiproquo, il y eut blagues marrantes, il y eut regards complices et, il n'y eut rien d'autre. L'éternité n'a pas besoin de lit et de toute façon, mon bureau m'attend. Je ne suis pas le fils du patron, moi, je ne peux pas ressusciter le temps de m'envoyer en l'air.
Je l'ai ramenée à son Paradis-chat, à son bureau d'accueil. Celui-ci étant ouvert 24 heures sur 24, il y avait une file de chats qui attendait. Des petits, des gros, des écrasés, des avec les pattes rentrées dans le corps (probablement quelqu'un qui a essayé de voir si un chat retombait toujours sur ses pattes, même du toit d'un immeuble. Vu le résultat, la réponse est oui.) Bref, Sachatte s'est mise à son bureau et a crié "AU SUIVANT" soutenant sa tête et son inéluctable fatigue. Moi, j'ai pris le chemin pour mon Paradis. À mon bureau, la file s'était allongée aussi. Que cette "pile de travail" m'épuisait rien qu'au regard que je portais sur elle ! Et puis ça parle entre eux et ça grogne pour l'attente qu'ils ont passée. Ils se croient dans un supermarché ou quoi ? Oh zut, je n'ai pas envie de travailler.
"Bonjour à tous. Désolé pour le retard, la suite de votre mort se passe en bas de ces escaliers. Oui voilà, vous suivez les couleurs roses et vous serez très bien accueillis".
Maintenant, il faut que j'appelle Lucifer.
" Allô Lulu ? Dis, je viens de retrouver un stock de matière première. Je t'envoie le tout en tas... C'est ça, brûle tout je ferai la paperasse plus tard."
Voilà, problème règlé. Je suis épuisé. Il faut que je me conserve, trop de travail tue le travail.
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