Le clown
— Que faisiez-vous sur terre ?
— A la base je suis clown dans les hôpitaux pour enfants. J'essaie de leur donner un peu de bonheur avant qu'ils n'arrivent ici.
— Ah, vous êtes négociant de matière première.
— o_O ?!?
— Mort, Négociant, enfants, ...humour ?
— Je suis clown, monsieur, donc l'humour, je connais. Ça, ce n'est pas drôle, monsieur. On ne rigole pas avec la mort des enfants.
— Euh non mais enfin, et, et, et sinon vous êtes mort comment ?
Dans d'atroces souffrances j'espère, connard.
— Je faisais mon travail : essayer de donner un rire à un enfant. C'est dur de faire rire des enfants qui sont au bord de l'épuisement, vous savez.
— Oui. Puis vous m'avez l'air doué (-_-).
— ?!?
— Je vous en prie, continuez. Votre mort ?
— Je n'arrivais pas à décrocher la moindre remontée labiale chez pauvre petit, J'ai essayé le ballon en chien, cela ne marchait pas, la fleur à eau, non plus, donc je me suis dit, aux grands maux, les grands remèdes.
— Vous vous êtes fait remplacer ?
— Non, le docteur est arrivé. J'ai fait semblant d'avoir une crise cardiaque.
— Mon idée était meilleure.
— Le problème, c'est que le docteur était stagiaire. Il a vraiment cru que je faisais un malaise. Il a donc attrapé le défibrillateur.
— Ah c'est con, mais vous auriez pu montrer au médecin que c'était une blague.
— Vous ne comprenez pas, il a glissé sur la flaque d'eau produite par ma fleur. Il est tombé sur moi, les deux poignées sur ma tête. Il y a eu des étincelles...
— Oh, ah c'est ça les deux marques sur vos joues. Moi qui croyais que c'était le bronzage.
— Très drôle, bon je vais par où ?
— Par où ?
— Oui, le Paradis, c'est par où ?
— Attendez, il n'y a rien qui dit vous devez aller au Paradis, laissez-moi voir le poids de vos actes.
— Quoi ? Mais j'essayais de faire rire des enfants.
— Vous essayiez mais y arriviez-vous ?
— Non, mais c'est dur, il faut les comprendre, tous les traitements que ces gamins doivent endurer. Ils n'ont pas le coeur à rire.
— Donc vous ne serviez à rien.
— Quoi ? Je ne vous permets pas. J'essayais de les faire sourire.
— Vous savez, à essayer presque tout, on ne fait presque rien.
— Quoi, m'enfin, qui êtes-vous pour dire cela ? C'est intolérable. Appelez-moi votre patron.
— Dieu, il est en vacances. Vous voulez attendre ici ou en bas ?
— C'est Dieu votre patron ?
— Bah oui, vous vous attendiez à qui ?
— Je ne sais pas, j'aurais dis... Qu'importe, par où je dois aller ?
— Prenez ces escaliers là jusqu'en bas. Il y a une marmite à clowns qui vous attend.
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