1
Emportée de soubresauts, je danse sous les traînées blanches des néons aveuglants. Virevolte, tourne, glisse, bouscule, vire. Contact de doigts, peau contre peau. Chaleur fugace.
Parfois un « bip » ! Parfois du sombre !
Le ciel n’est que nuages, mais j’ai du soleil dans les yeux. Vif entrecoupé de noir. Ma cavalcade zébrée n’en finit pas, je file, insouciante, à toute berzingue. Les virages divaguent, les fossés ricanent, les arbres se penchent à m’atteindre. Je frôle tout. Ton image en filigrane m’attire.
Parfois un « bip » ! Parfois du sombre !
Enfin je ralentis. Mon tango s’amenuise, par saccades je respire. Mes murs s’éloignent, mon plafond se grise.
D’autres « bips » plus rapprochés ! Du sombre, plus lugubre !
Franc, un spectre de lumière m’éclaire. Je suis la vedette de l’heure, du jour, et tourbillonnent les ombres autour de moi. Leurs chants de brouillard m’assagissent, leurs mains, gantées de cellophane, me touchent et me retiennent, l’intimité de nos écorces nous unit. J’éclos à la surface puis comprends. Relié au firmament, mon fil appartient aux sauveurs d’existences. Les silhouettes s’organisent, gymnastique de précision, gestes raisonnés. Je suis leur maîtresse, leur dévouée, bâillonnée de tubes translucides. Ma détresse fuse, ricoche sur des regards attentifs, se dilue. Crier ne sert à rien. Je serre les poings, résiste à l’envahisseur puis m’incline au gaz saturé de promesses.
Attends ! Si je dois partir, je veux emmener ton visage.
De lui, je fus amoureuse. Au-delà de tout.
Annotations
Versions