chap 2

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 Antoine nous guide dans un long couloir sombre en parlant avec Julie et je suis encore trop sonnée par ce sourire pour écouter un traitre mot de ce qu’ils se racontent. Mais j’entends qu’il a une belle voix grave. Merde Lili, ravales ton béguin ! En arrivant devant la porte, le portable de Julie sonne. Vu sa tête, c’est sûrement Chris. Elle s’excuse, s’éloigne vers l’escalier et Antoine me fait signe d’entrer. Je passe devant lui et il pose doucement sa main sur mon épaule pour me guider. Décharge électrique.

 L’entrée est sombre et petite. Je me débarrasse de mon manteau avant de suivre mon hôte qui ouvre la porte du salon. La lumière se déverse. Les bruits de voix aussi. J’aperçois une dizaine de personnes, tous de l’âge d’Antoine et de Julie, discutant debout ou confortablement installés dans le grand canapé rouge. Un verre à lla main, ils s'interrompent en me regardant entrer. Ils ont l’air mal à l’aise et j’ai l’impression que nos dix ans d’écart sont un fossé que je ne franchirai jamais. Antoine me présente comme une amie de Julie, et me propose un verre. Les conversations reprennent, sans que personne ne se soucie de moi. En attendant qu’il m’apporte une bière, je jette un œil à l’appartement. Simple, spacieux. Les murs sont blancs, les meubles noirs. Il y a plusieurs bibliothèques, je reconnais la tranche violette caractéristique de la collection SFF. Des posters de groupes de rock et d’affiches de films sont proprement encadrés au mur. J’ai l’impression de me retrouver dans une version rangée de mon premier appart.

 Désœuvrée, je m’approche des rayonnages et je ne peux retenir un rire de plaisir en voyant plusieurs rangées de DVD et de CD. Sûrement une collection, plus personne n’en utilise aujourd’hui. Mais je retrouve des classiques que j’ai vus des dizaines de fois et des groupes que j’adore.

 Une présence derrière moi me fait frissonner. Antoine m’apporte une petite bouteille d’une très bonne bière belge et me demande mon avis sur ses bouquins. Il est plus grand que moi, il sent bon. Ses yeux s’arrêtent sur mon alliance pendant que je prends ma bière. Mon cœur se serre, irraisonnablement. Si j’avais fantasmé jusqu’à présent sur l’intérêt que ce jeune homme pouvait me porter, il était certain à présent que le délire s’arrêterait là.

 A ce moment, Julie entre et salue tout le monde avant de me rejoindre. Pour la première fois depuis longtemps, je mesure la différence d’âge entre ma meilleure amie et moi. Antoine s’éclipse pour lui chercher un verre, pendant que Julie me glisse à l’oreille qu’elle ne reste pas avec moi. Chris et elle viennent de se remettre ensemble (encore) et elle part le retrouver.

 Je n’ai pas le temps de protester, qu’elle s’esquive. Elle serre Antoine dans ses bras, le remercie et disparait. Nous nous retrouvons face à face, décontenancés, et je m’efforce de lui clarifier la situation. Il hausse les épaules :

— Bah, je vois qu’elle n’a pas changé depuis l’école. Au moins elle a changé de mec, je n’étais pas sûr qu’elle parvienne un jour à se détacher de son Manu.

— En fait, Chris est le meilleur ami de Manu…

— Sérieusement ?

— Heu… Oui. Ecoute, je ne vais pas m’incruster, je vais rentrer, ne t’inquiète pas.

— Je ne m’inquiète pas, mais tu as tout le temps. Finis au moins ta bi… Ho, c’est déjà fait. Quelle descente !

— J’ai de l’entraînement tu sais ! Et je ne veux pas m’imposer.

— Bon, et bien tu boiras le mojito que j’ai préparé pour Julie alors, ce qui me laisse le temps de te faire visiter le reste de mon appartement. C’est une pendaison de crémaillère, je ne te laisserai pas partir sans avoir fait le tour du propriétaire !

 Il me tend le cocktail, et nos doigts s’effleurent. Ses yeux accrochent les miens et l’espace d’un instant, je me demande s’il me drague. Mon cœur s’emballe beaucoup trop pour que je nie l’effet que ça me fait. J’accepte sa proposition, lance une plaisanterie, à laquelle il rit de bon cœur, et à nouveau, il pose sa main sur mon bras et m’emmène dans la cuisine. D’autres personnes sont arrivées entre deux, et nous devons nous faufiler entre ces amis. Il finit par m’attraper la main. Impossible qu’il ne se rende pas compte que je tremble. Merde Lili, on dirait une gamine de vingt piges !

 La cuisine est spacieuse. Un bar la traverse, et une grande porte fenêtre donne sur ce qui semble être une terrasse. Je tombe en admiration devant le frigo vintage et le placard à épices. Typiquement le genre de cuisine où l’on adorerait préparer des gâteaux et attendre qu’ils soient cuits en faisant l’amour sur le plan de tr… Lili ! Stop !

 Antoine m’explique qu’il l’a entièrement refaite en rachetant l’appartement. Je l’imagine torse nu, une masse à la main…. Je lui demande de me montrer la terrasse. Il est temps pour moi de prendre un peu l’air et de me calmer.

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