chap 3

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 J’aurais dû me douter en voyant son regard que la terrasse était son piège à filles. L’appartement en rez-de-chaussée s’ouvre sur une magnifique surface recouverte de bois. Une pergola attenante à la cuisine, sous laquelle un canapé de jardin et une table basse est occupée par des invités. Plusieurs grands pots garnis d’arbustes végétalisent cette terrasse, et j’ai le souffle coupé en m’approchant de la balustrade. Un escalier de bois en descend pour mener à l’adorable place derrière la cathédrale que nous avions vue avec Julie en arrivant.

 Le soleil est en train de se coucher, les commerces de fermer, et mon envie de glisser ma main dans la tignasse d’Antoine d’augmenter furieusement. Je me tourne vers lui et son petit air satisfait me fait éclater de rire.

— Très impressionnant, je dois le reconnaître ! C’est probablement la plus belle vue de la ville. Ça aussi, tu l’as refait toi-même, j’imagine ?

— Bien sûr ! Et attend que la nuit tombe, je te montrerai les étoiles !

— Ho non, merci ! En plus en ville, on ne voit presque rien !

— C’est plutôt rare qu’une fille refuse une invitation si romantique, me répond-il faussement gêné.

— J’ai un peu plus d’expérience que les filles à qui tu sers ton baratin d’habitude à mon avis… il faudra faire mieux que ça !

— J’en prend note.

 J’hésite, puis décide de jouer franc jeu :

— Mon mari est passionné d’astronomie, il m’a déjà fait le coup de la séance sous les étoiles, et ce n’est pas si amusant que ça semble en fait. On passe une nuit dehors, à attendre que le télescope et le matériel soient réglés, et la plupart du temps, on ne voit pas grand-chose à l’œil nu... en fait, c’est vite chiant. Sans parler du froid !

— C’est pour ça qu’il n’est pas là, ton mari ? Il profite des étoiles ?

— Oui, c’est ça. Nos enfants ne sont pas là alors…

— Alors vous en profitez pour passer une soirée chacun de votre côté. Tant mieux !

 Ma parole, il me drague vraiment ! Son regard me trouble et comme une idiote, je passe mes cheveux derrière mes oreilles. En bredouillant, je lui rappelle qu’il a de nombreux invités et qu’il ne devrait pas laisser sa réserve d’alcool sans surveillance. Il me sourit avant de rentrer dans la maison, me laissant reprendre mon souffle sur le balcon.

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