Chapitre 11 : Alpha
Le souffle court, j'avais l'impression de n'avoir jamais été aussi productive qu'à ce jour. Mon sac de voyage était prêt... enfin, mes deux sacs à dos de dix kilos étaient enfin fermés. Rien ne semblait manqué. Les vivres, les lumières de nuits, la tente et les duvets. Il ne restait plus qu'à s'armer talisman et de sortilèges de protection et nous serions les reines de l’aventure.
Les poings sur les hanches, je regardais ma chambre parfaitement ranger autour de moi, satisfaite, et sans aucun remord ni appréhension... Même si j'avouais que le dernier point je le devais à la présence de Cléo qui avait dit m'accompagner. Inspirant et expirant à fond plusieurs fois, je finis par fermer le volet de ma chambre et ainsi me plonger dans le noir total. L'ombre, le noir, c'était comme si j'étais chez moi, je commençais enfin à calmer les battements trop frénétiques de mon cœur. Les muscles de mes bras se décrispaient eux aussi peu à peu.
Mon esprit se vidait lentement, et rapidement je ne pensais plus à rien, 'entendant plus que le calme de ma respiration rejoint rapidement par le doux ronronnement de mon familier qui venait de se mettre en boule contre mon oreille.
Déconcentrée, mais pas agacée, je laissais mes lèvres s'étirer en un sourire paisible.
— Tessa... murmurais-je autant pour elle que pour moi.
Elle ne me répondit pas, mais son ronronnement se fit plus intense jusqu'à ce que je sente son museau se frotter contre mon crâne. Doucement, ou plutôt, lourdement, je déplaçais ma main pour enfouir mes doigts dans le pelage chaud et duveteux de l'Ocelot ailé qui me suivait partout.
— Il faudrait prévenir Zeï et Cléo... est-ce que tu veux bien t'en charger ? Il faut que je sois complètement zen pour le cours d'Alec... pour une fois qu'il nous fait l'honneur de sa présence. demandais-je non sans amertume sur la fin de ma phrase.
— Sans problème, cela fait longtemps que je n’ai pas vu Seth. souligna-t-elle en se levant aussitôt avant de lascivement s'étirer.
J'entendis la porte s'ouvrir sans se refermer et alors je sus que Tessa était partie accomplir sa mission. Qu'est-ce que je pouvais adorer cette boule de poil adorable. Et j'étais encore plus fière en sachant que le caractère d'un familier n'était que l'expression de l'âme de son magicien.
Mon entraînement ne dura que quelques minutes au final, seulement quelques manipulations d'ombres et une tentative de rendre tangible l'ombre de ma main pour refermer la porte. Un succès mitigé puis qu’avant que la porte ne se ferme totalement, la main avait fini par la traverser, la surprise m'ayant déconcentré, l'ombre était revenue à moi.
Je m'arrêtais là, consciente que je ne pourrais rien tenter d'autre avec les deux sacs à dos qui me faisais de l’œil et ma montre qui ne cessait de me rappeler qu'Alec était resté pour nous faire cours. D’ailleurs, j'appréhendais assez ce moment. Après tout, je ne l'avais pas revu depuis la foi où je l'avais ligoté.
Je m'en rendais compte alors que je me rendais dans la salle de cours attribuée à Alec, bloc-notes et stylo être les doigts, prête à être l'étudiante modèle. Chaque pas que je faisais, j'avais l'impression que tout résonnait dans mon crâne et que ma gorge se serrait un peu plus. Avais-je honte ou bien peur de cette confrontation ? Je n'aurais sûr le dire. Pourtant ce qui était sûr c'était que j'allais au-devant du danger en essayant de paraître la plus détachée possible. J'avais même réussi à plaquer un faux sourire sur mes lèvres.
— Alpha. Tu peux venir un instant ? me demanda alors la voix d’Alec dans mot dos.
Au son de sa voit tout mon être s'était raidi en j’eus beaucoup de difficulté à paraître naturelle alors que je tournais tout mon corps vers mon mentor, le faux sourire que j’affichais ne disparaissant pas aussi vite que mon mouvement pour faire face à l'homme.
Le visage d'Alec était fermé, comme crispé, comme si lui aussi retenait sa véritable expression. Je ne lui posai pas de question, et acquiesçait tout simplement à sa demande, entrant dans la petite salle d'étude qui communiquait avec la salle de cours.
Sans douceur, il referma la porte derrière moi avant de contourner mon corps et d'installer ses fesses sur le bureau devant le tableau, les pieds sur le premier bureau d'étudiant. Cela lui donnait un style de « prof-rebelle » plutôt attirant, je devais l'avouer. Cependant, le regard transperçant qu'il me servait suffisait à me faire oublier son sex-appeal et faire rentrer ma tête entre mes épaules.
— Je voulais parler calmement de ce qu'il s'était passé hier. Outre que cela est tout à fait indigne de toi, je pense avoir compris ce que tu essayais de m'expliquer.
Il fit une pause, semblant chercher ses mots pour la suite.
— Si j'ai bien compris : tu crois... enfin, vous croyez... que je ne vous fais pas confiance.
Je hochais la tête quand je compris qu'il cherchait mon approbation. Il avait raison, en partie.
— Dans ce cas, il est de mon devoir de vous rassurer. Sans parlé du fait que vous êtes capable de m’agresser, moi, votre supérieur hiérarchique, il n'y a personne en qui j'aurais le plus confiance que vous. Vous êtes mes stagiaires et pour vous êtes sûrement les filles le plus fiables de cette académie !
— Prouve-le. lançais-je sur la défensive.
Il était adorable à chercher de s'excuser pour sa fainéantise et ses absences répétées, mais cela ne suffisait pas encore à me faire penser à lui pardonner.
Un bref instant, il parut désorienter avant de froncer les sourcils puis un profond soupire s'échappa de ses lèvres.
— Très bien, s'il te faut des preuves pour me croire. déclara-t-il pour gagner du temps avant de reprendre une profonde inspiration ? Mais garde cela pour toi, personne ne doit être au courant.
Je hochais la tête, les yeux grands ouverts, comme si c'était eux qui étaient chargés de récupérer les informations qui allaient m'être offertes.
— Je suis chasseur de relique... sous couvert de mon titre de mentor, je vais chercher les reliques magiques du monde entier afin de les entreposer à l'académie pour les garder en sécurité.
Déçue, je l'étais au plus profond de moi-même tandis que j'affichais mon sourire le plus radieux.
— J'étais certaine que tu nous cachais quelque chose dans ce genre-là ! Annonçais-je d'une voix joyeuse. Cela me suffira pour croire que tu me fis confiance. Enfin, je crois. N'hésite pas à venir me voir si tu as d'autres secrets à partager ! lançais-je avant de quitter la pièce, pleine d'amertume.
Un secret ça ? Comme si personne n'avait jamais remarqué qu'il partait toujours équiper comme pour aller faire du camping ou bien que lorsqu'il revenait, il n'était pas rare qu'il ait gagné une nouvelle cicatrice. Il me prenait pour une buse et je n’amatis pas cela du tout. Son attitude visant à me prendre pour une enfant ne faisait que de renforcer mon opinion : il fallait que je lui montre tout comme au reste du monde que je n'étais plus une élève. Que nous étions capables de grande chose, et ce, sans que notre mentor ait eu à nous chaperonner.
Ruminant l'affront que m'avait fait mon mentor, j'écoutais son cours d'une oreille, en faisant mine de noter quelques mots alors que je dessinais un arbre mort.
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