Chapitre 13 : Liabell
La sueur coulait le long de mon dos. Une sueur chaude, dégoutante... Mais cela m'importait peu en cet instant crucial. J'étais concentré sur mon sortilège tout comme je faisais attention où je mettais les pieds. Mon souffle était cours, brûlant. Je donnais tout ce que j'avais au fond de mes tripes en récitant silencieusement les mots créant la magie autour de nous.
Le terrain était divisé en deux carrés et au centre un poteau de trois mètres de haut. Moi, j'étais proche du poteau adverse, le foulard qui flottait à son extrémité était de couleur jaune brillante, un jaune aussi aveuglant que le soleil. Aussi, j'avais grande peine à le fixer. Je faisais de mon mieux. J'entendais dans mon dos les grognements et cris de nos adversaires. Ils essayaient de repousser Magnus et un autre garçon de l'équipe, mais le sortilège de feu protecteur s'évanouit une fois que le gardien de l'équipe ennemie fut assommé par un coup de poing de notre capitaine.
Pour ma part, il ne me restait plus qu'à esquiver les deux agressives qui me courraient après depuis le début de la rencontre. Pour mettre fin à ce match et emporter la victoire, je me lançai d'un bon dans l’air et grimpa que je pus le poteau jusqu'à atteindre le morceau d'étoffe que je recherchais. Les derniers mots de mon contre sort firent faiblir la lumière jusqu'à rendre le tissu inoffensif.
À cet instant, un cri s'échappa de mes lèvres avant même que j’eus le temps de me rendre compte de l'immense douleur qui faisait cuir la chair de mon dos. Sous la surprise et la douleur, je lâchai ma prise sur le poteau et mon corps fut entraîné par la gravité, j'attendais l'impact avec le sol. J'attendis une fraction de seconde avant d'user instinctivement de mon pouvoir, réduisant la distance que mon corps entretenait avec le sol. Aussi au lieu de me briser la nuque et les côtes, j'eus simplement le souffle coupé. Doucement, je levais le poing vers le ciel et un large sourire apparut sur mes lèvres quand je vie le foulard blanc virer au rouge carmin.
Mon équipe avait gagné ce match des foulards rouges.
Quelques instants plus tard, après avoir serré respectueusement la main de nos adversaires... même à celui qui m'avait tiré un jet de flamme dans le dos, nous nous retrouvâmes dans le vestiaire. Magnus regardait mon dos l'air sérieux, tout en appliquant de sa glace sur mes blessures. Cela faisait beaucoup de bien et je me laissais aller à soupirer de bien-être.
— Tes amies ne sont pas venues te voir jouer aujourd'hui, c'est plutôt rare de toutes les voir rater un de nos matchs. me fit-il remarquer.
Je restais silencieuse tout en cherchant dans ma mémoire si je n'avais pas vu Elinor quelque part. Après tout, Elinor n'aurait jamais loupé une occasion d'observer Sean en pleine activité sportive. Mais d'aussi précise que pouvait être ma mémoire, j'étais obligé de constaté que notre capitaine des foulards rouges avait raison. Les filles n'étaient pas venues me voir jouer. Sur le coup, je me sentis blessée et vexée, même si d'un côté, j'avais toujours su qu'aucune de mes amies n'appréciait le sport que je pratiquais avec assiduité depuis des années.
— Enfin, cela te fera peut-être comprendre que tu vaux beaucoup mieux que ces filles qui ne pensent qu'à leur maquillage et leurs cheveux. ajouta-t-il tandis qu'il remettait mon maillot en place.
J'ignorais sa pique sans m'attarder dessus, il avait toujours en travers de la gorge sa rupture avec Cléofée et sa rivalité inconsciente avec sa sœur n'arrangeait pas les choses. Mais j'avais arrêté depuis longtemps d'essayer de réconcilier tout le monde, c'était beaucoup trop de temps et de fatigue pour si peu de résultats.
J'étais en train de me diriger vers les douches quand je passais devant Sean qui m'attrapa discrètement le bras.
— Est-ce qu'Elinor va bien ? Je ne l'ai pas vue au match. me demanda-t-il.
Je ne pus me retenir de froncer les sourcils. Sean m'agaçait parfois avec son excès de gentillesse mal placée envers Elinor. Il semblait ignorer qu'elle était raide dingue de lui et lui... qui semblait filer le parfait amour avec Astrid, encourageait mon amie à s'accrocher toujours un peu plus à lui. C'était énervant et malsain bien que le jeune homme ne me donnait pas l'impression de chercher à blesser intentionnellement Elinor.
— Je ne sais pas. Pour qu'elle ne vienne pas, il y dû se passer quelque chose d'important. expliquais-je.
Ma propre réponse m'inquiéta. En effet, il fallait qu'Elinor ait au moins quarante de fièvre pour qu'elle résister à venir admirer Sean.
J'offris un petit sourire désolé à mon coéquipier avant de filer prendre une douche et me vêtir proprement. J'avais fait tout cela en quatrième vitesse, car l'angoisse m'avait gagné. Je comprenais que Zeïna et Cléo ne viennent pas à chaque match, mais Alpha et Elinor qui étaient souvent là, ne m'avaient même pas prévenue de leur absence. Ce fut donc des questions plein la tête que je gravis avec difficultés les marches pour arriver près de la chambre d'Alpha.
— Liabell ! m'invectiva une voix connue.
Je sursautais avant de me retourner. Elio me faisait face, le lèves pincé, le regard perdu autant que torturé.
— C'est Elinor ! continua-t-il.
Mon angoisse se transforma en véritable frayeur, mon cœur retint ses battements pendant quelques secondes. Mais comme le gardien ne semblait pas vouloir craquer le morceau, je m'approchai de lui.
— Quoi Elinor, qu'est-ce qu'il lui ait arrivé ! demandais-je impatiente.
— Elle est partie avec les autres ! finit-il par déclarer.
Je haussais un sourcil perplexe et le spectre se lança dans des explications maladroites.
— Il était question de grand pouvoir, d'une quête de reconnaissance et d'aventure.
Mon sang avait eu le temps de chauffer jusqu'à devenir bouillant. La mâchoire serrée, je n'hésitai pas un seul instant et je disparus dans le portail que je venais de créer jusqu'à arriver à l'intérieur de la chambre d'Alpha. J'utilisais alors une de ses feuilles de cours pour expliquer la situation à qui voudrait bien la lire. Je laissais ainsi une trace de notre disparition à toutes en espérant qu'un responsable serait assez malin pour récupérer mes amies par les peaux des fesses avant qu'une catastrophe ne leur tombe sur le coin du nez. Suite à quoi, 'j’invoquais un nouveau portail pour me téléporter à l'extérieur du cercle de protection de l'école. Elio mit un petit moment à réapparaitre à mes côtés.
— Elles ont pris la direction nord-est ! m'indiqua l'albinos.
Je grommelais et continua mes sauts dans l'espace, cela me fatiguait rapidement. Jamais je n'avais autant abusé de mes pouvoirs. Mais tout était de leur faute et je leur ferais bien comprendre, j'exigerais qu'elles prennent soin de moi jusqu'à ce nous soyons rentrée saine et sauve à l'académie.
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