Chapitre 14 : Zeïna

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À peine une heure d'expédition plus tard, je me rappelais que le monde extérieur n'avait pas été pensé pour que je puisse m'y sentir chez moi. Après tout, il avait des courants d'air, de la bruine et de la verdure qui s'accrochait à mon jeans : en somme de nombreuse chose qui convenait à mon bien-être mental. Cependant, je ne me plaignais pas. Après tout, j'avais accepté cette quête en connaissance de cause et je m'interdisais de me raviser, c'était une question d'honneur... enfin, surtout qu'Alator me le rappellerait sûrement jusque ma mort et que je n'en avais aucune envie. Mais cela n'empêchait pas la chose suivante : c'était difficile de marcher, de se faire agresser par les moustiques et autres insectes écœurants. Ma bibliothèque me manquait, même si après le braquage que j'y avais fait, mieux valait jouer les abonnées absentes à l'académie.

— Aie ! m'exclamais-je alors qu'une branche venait de me fouetter le visage.

D'un geste rageur, je me frottais la joue en grommelant pour moi-même. S’il y avait bien eu un seul gène utile que ma mère aurait pu me donner, c'était bien sa capacité de vie en nature. Avais-je besoin de me préciser que vivre à l'air libre réduisait considérablement mon espérance de vie ? Et que ma mère dans sa grande générosité avait oublié de me transférer quelques-uns de ces talents ? Enfin, en temps normal, cela m'aurait été bien inutile... sauf pour aujourd'hui, où je devais marcher dans la forêt dense, emprunter des passages cachés qui nous faisaient prendre des portails dimensionnels. Au bout de quelques heures, je savais que me retourner ne ferait pas apparaître l'Academie. Alors, je laissais mon regard braqué sur ce qui nous attendait plus loin. Je fermais la marche, profitant du passage de mes amies pour ne pas me prendre les jambes dans les ronces et autres branchages qu'Elinor écartait d'un simple revers de poignet grâce à son pouvoir.

Devant, à voleter devant nous, Tessa, le familier d'Alpha, semblait inépuisable, à moins que son énergie fût celle qu'elle me volait. Bien que ce soit impossible, rien qu'à la voir s'agiter m'épuisait. Alator la suivait de près, essayant de calmer ses ardeurs, lui grognant dessus au moins une fois toutes les dix minutes... cela aussi était épuisant.

Nous venions d'essuyer une petite pluie fine. Ce genre d'humidité qui s'incruste sous vos vêtements et vous donne un joli rhume. C'était certain qu'en revenant de cette escapade, si nous en revenions vivantes je passerais la fin de l'année à l'infirmerie. Cléofée avait commencé à se plaindre à propos de ses cheveux et de sa teinture qui n'allait pas apprécier les traitements de la nature. Je soupirais et me gardais de faire une remarque. Après tout, je n'aimais pas la pluie non plus. J'oubliais cependant mon humeur maussade en observant le jeu de nos familiers. Tessa marchait entre les pattes d'Alator en espérant ne pas se faire mouiller davantage.

— Je n'en peux plus de cette pauvre créature indisciplinée. Accorde-moi le droit de la dévorer. Un coup de crocs autour de la nuque et elle ne volera plus jamais autour de mon esprit. bougonna mon lynx ailé deux fois plus gros que Tessa.

— Bon, ça nous suffira pour aujourd'hui ! La nuit commence à tomber, il faut monter le campement. annonça la chef de groupe.

Avec Elinor, je fus envoyé chercher du bois sec pour faire le feu tandis que Cléo restait avec Alpha pour monter les tentes et préparer le campement. Tessa était avec nous et nous aidait à repérer les endroits qui n'avaient pas été humidifiés par le crachin.

Nous nous trouvions dans une sorte de forêt dense, une forêt touffue de conifères et de feuillu mêlé.

La course du soleil s'était accélérée, cette course vers son sommeil. J'avais beau lever les yeux vers le ciel, je ne voyais pas l'astre solaire, ma vue étant bloquée par les branches et les feuilles au-dessus de nous. Pourtant, j'avais bien remarqué que la luminosité avait décliné au fil des minutes que nous avions passées dans notre recherche. Je restais silencieuse au lieu de souligner tous les inconvénients d'être partie, être avec Elinor avait ses avantages en forêt. Après tout, elle connaissait la nature, elle en avait la magie. Aussi, elle ordonnait facilement aux plantes de s’écarter, de se mouvoir pour ne pas se retrouver sur notre passage. Quelques ronces mortes et branches de bois tombés au sol firent notre bonheur et nous les rapportâmes où nous nous étions arrêtés.

Là, Alpha et Cléo avaient organisé le campement, dans un endroit défricher grossièrement, des tentes de tailles moyennes avaient été montées, les couvertes étant disposé à l'intérieur, nous attendant pour la nuit. Sur deux de ces derniers, le familier de Cléo s'était déjà installé et semblait s'être endormi lourdement. Alator léchait le dessus de l'une de ses pattes, concentré sur sa toilette.

— … Il va bien falloir que tu nous serves à quelque chose maintenant, c'est bien beau de partager les provisions et de te plaindre, mais maintenant, c'est le moment de bouger tes fesses de pyromane !

— Je ne bougerais rien du tout, je ne me servirais pas de mes pouvoirs pour un vulgaire feu de camp, voilà tout !

Alpha essayait de pousser à bout notre amie cracheuse de feu. Elle essayait de la pousser à bout pour faire naître les flammes chez Cléo. Elinor qui n'avait pas compris s'était dressé entre les deux demoiselles essayant de calmer les ardeurs de notre chef de groupe.

Les invectives continuèrent longtemps et auraient continué longtemps si Alator n'avait pas pris les choses en mains et décider d'enflammer le bois mort à coup de décharge électrique. La petite joute verbale s'arrêta pour observer le phénomène et les deux filles semblèrent considérer qu'il n'était plus nécessaire de chercher à s'entretuer.

— N'empêche que, même Alator est plus utile que toi. souffla malicieusement Alpha. Ce qui lui attira un regard assassin de la part de sa rivale du soir.

La nuit était tombée, le feu allumé et Alpha se concentraient pour éloigner les ombres en s'aidant de la lumière du feu. Nous mangeâmes à notre faim tout en faisant attention à nos vivres puis nous nous glissâmes dans nos duvets, Elinor s'étant proposé pour le premier tour de garde en compagnie de Seth. De mon point de vue, c’était plus Elinor qui accompagnait Seth dans cette quête, après tout, nous ne pouvions pas voir dans le noir contrairement à nos familiers.

J'étais finalement tombé dans le plus profond des sommeils, celui où l'on n’a plus conscience de rien, ou plus rien n'a d'importance, où nos idées ne s'entrechoquent plus. Une mort avec le billet de retour. Et j'étais bien, je savais que j'avais chaud, Alator prenait peut être toute la place, mais son corps au pelage épais me tenait chaud. J'étais bien et aurait voulu rester ainsi plus longtemps.

Puis, soudain, une force extérieure m'obligea à ouvrir les yeux en grand. Alator était pelotonné contre mes pieds maintenant. J'aurais dû me sentir en sécurité, cependant, je sentais tous mes sens en alerte ! Mon instinct me poussa à sortir de ma tente que je partageais avec Cléofée qui semblait jouer les princesses maudites.

À l'extérieur, la forêt était plongée dans la plus profonde des pénombres, mais les bruits de la nuit étaient encore là... accompagnés de craquement sinistre et régulier. Au fur et à mesure que les battements de mon cœur s'accéléraient, j'entendais les craquements se rapprocher puis des bruissements. Un animal sauvage ?

— Je vais éloigner les ombres à partir des braises, localise l'intrus et attaque. murmura Alpha que j'avais entendue se faufiler dans mon dos.

Quelques secondes plus tard, les braises semblaient être de véritable vers luisant boosté aux hormones, cela éclairait notre zone, assez pour que je distingue une silhouette humaine à quelques mètres de nous. Sans me poser de question, sans sommation ni interrogatoire, je laissais des éclairs d'énergie électrique pure s'échapper de mes doigts, visant sans mal notre potentiel ennemi.

Mais notre assaillant semblait avoir de meilleurs réflexes et mon éclair ne fit que fumer l'écorce de l'arbre derrière le corps.

— Ha oui !! c'est comme ça que vous le prenez ! Vous me laissez derrière, et quand je viens vous sauver la vie, je me prends des attendues dans la tronche ! Non ! Trop c'est trop ! Vous dépassez les bornes ! hurla la voix hautement reconnaissable de notre amie laissée derrière.

— Lia ?! interrogea Alpha qui fit de son mieux pour éloigner d'avantage les ombres et nous faire découvrir les traits fatigués et assassin de Liabell.

Mes mains en position d'attaque se baissèrent aussitôt que j'eus reconnu notre amie et maintenant complice. Doucement je croisais les bras et haussait un sourcil. Ce que j'avais suggéré avant de partir était arrivé : Liabell acceptait de nous accompagner... Mais maintenant qu'elle nous avait retrouvés par elle-même, il était certain qu'elle ne se priverait pas pour nous mener à la baguette.

Grognant et jurant à cause des ronces dans lesquelles elle s'empêtrait, elle nous rejoignait sans doute, se préparent sûrement à nous passer un sacré savon.

Alors que je commençais à chercher un endroit où m'asseoir pendant qu'Alpha éloignait encore la pénombre de nous, je vis une tornade spectrale me frôler avant d'entendre un bruit sourd.

— Pardonne-moi !!!! Je t'en prie, pardonne moi, Elinor. Je suis stupide, stupide ! Tu vas bien ? Tu n'as rien de cassé ? Tu n'es pas empoisonné ? harcela aussitôt Elio qui s'était jeté sur sa protégée pour l'enlacer, les entraînant dans une chute lente et inévitable.

La jeune femme avait laissé un petit cri de surprise mêlée de douleur s'échapper de ses lèvres quand son postérieur avait touché le sol, m'amusant légèrement. Leurs retrouvailles étaient touchantes. Elio me faisait un peu penser à un amant revenant s'excuser après quelques paroles déplacé, c'était toujours mal venu, mais au moins cela avait le mérite d'être touchant.

— Viens te recoucher, j'ai froid. marmonna Alator alors que j'apercevais son regard brillant dans la nuit m'observer.

Je soupirais après avoir bâillé derrière ma main, laissant à Alpha le soin de prendre le blâme de Liabell à notre place... ce n'était pas comme si j'avais été contre de la prévenir au départ.

En tous les cas, avec cette arrivée, notre voyage commençait à être intrigant, j'étais curieuse de savoir ce que le destin allait nous réserver à partir de maintenant.

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