Chapitre 19 : Zeïna

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J’avais l’impression de revenir de terriblement loin. Mes paupières tremblaient, mais au moins je pouvais les ouvrir. C’était un premier constat. Mon esprit était bien de retour.

Avec pragmatisme, je cherchais à mouvoir chacun de mes membres, vérifiant leur état à l’aveugle. J’avais mal un peu partout, mais rien ne semblait être cassé ou foulé. Je pouvais respirer normalement... Quoiqu’un poids mort pesait sur mon abdomen.

Je grognais doucement en cherchant à vérifier ce qui entravait ainsi ma liberté. Mes doigts s’enfoncèrent rapidement dans une matière pelucheuse que je reconnaissais au simple touché.

Il s’agissait de la fourrure de mon familier.

Au moins, il était là, chaud contre moi. Je pouvais sentir son âme contre la mienne, ses battements de cœur faire écho aux mieux.

La chaleur qu’il me transmettait sapait petit à petit toute la motivation que je trouvais mettre à me réveiller. Je devais avoir reçu un coup à la tête... Si c’était le cas, il ne fallait pas que je m’endorme. Que je garde à l’esprit que je n’étais pas seule dans cette galère. Il y avait aussi Cléo et son propre familier.

Rassemblant toute ma détermination, je secouais lourdement mon compagnon. Lui arrachant un profond soupire d’ennui.

— J’ai cru que tu ne te réveillerais jamais. se moqua-t-il avant de se mettre à flotter dans les airs.

Sa tête avait quitté mon ventre et aussitôt, le froid et l’humidité profitèrent de la place libre. Un frisson me parcourut. C’était ce qu’il me fallait pour réveiller.

Les yeux maintenant en face des trous, je me redressais doucement pour faire un nouveau tour d’horizon et analyser la situation.

Nous n’étions pas morts noyés dans des sables mouvants. Au-dessus de nous, le mur était fait de pierres qui semblaient tenir ensemble par magie. Un choc trop violent sur les parois et c’était l’éboulement assuré.

Je m’étais effondrée de façon inconfortable sur un lit de gravats. Pas étonnant que je ressente la présence d’ecchymoses partout sur mon corps.

La luminosité n’était entretenue que grâce aux lucioles échappées de leur bocal. Cela me permettait d’apercevoir, un peu plus loin, le corps inerte de Cléo. Son visage était couvert de sang et pendant une seconde, mon cœur s’arrêta... Était-elle...

— Toujours vivante, elle est seulement assommée. m’informa Alator toujours près de moi.

Cette information me rassura et je pus me concentrer sur mon propre cas. Je devais me lever pour commencer. Ensuite, je verrais si Cléo était assez en forme pour se gérer toute seule.

Debout sur mes jambes, j’avais l’impression d’être un faon tout juste né. Je n’aimais pas du tout sentir mes genoux trembler. Avec beaucoup d’appréhension, j’utilisais le mur pour me remettre sur pied. Contre toute attente, la paroi était plus solide qu’il n’y paraissait. Cela me rassurait quelque peu. Autant que je pouvais l’être dans un sous-terrain inconnu avec une amie avec une plaie à la tête et encore inconsciente. Heureusement que je n’étais pas claustrophobe !

Après m’être déplacée pour me retrouver auprès de mon amie qui n’avait toujours pas montré des signes de vie, je grimaçais en m’agenouillant. Puis, je secouais la jeune femme à la chevelure rouge tout en vérifiant que son pouls était bien régulier.

Un sourire étirait un coin de mes lèvres à l’idée qui venait de me traverser l’esprit. L’application de cette idée se fit dans la foulée. Une légère décharge électrique suffit à faire sursauter mon amie encore évanouie. C’était ça ou bien une succession de gifles. Dans ma grande mansuétude, j’étais parti du principe que Cléo préférerait ressentir un fourmillement lancinant plutôt qu’une joue trop chaude.

Comme un diable sortit de sa boîte, Cléofée se redressa précipitamment. Je la calmais en plaçant une main sur son torse. Si elle avait mal quelque part, mieux valait qu’elle ne bouge pas trop. Je ne voulais pas qu’elle se brise quelque chose, j’avais d’autres chats à fouetter que de traîner son corps en miette.

— Zeï... Tu n’as rien toi ? marmonna la jeune femme en se rallongeant sur les gravats.

Comme seule réponse, elle obtint un signe négatif de la tête. J’avais mal partout, mais ce n’était pas suffisant pour m’immobiliser. Cléo n’avait pas à connaître en détail tout mon état de santé. Il fallait d’abord qu’elle se concentre sur le sien.

— Seth... Seth... appela-t-elle finalement d’une voix cassée.

Je tiquais. Voilà qu’elle cherchait son familier qui jouait les abonnés absents.

— Je ne l’ai pas vu autour de nous. confirmais-je après un nouveau regard circulaire.

— Je ne le sens pas dans les parages non plus. m’assura Alator tout en se frottant légèrement contre moi.

Je me gardais de faire la commission à mon amie. Je ne voulais pas qu’elle plonge tout de suite dans la panique.

— Tu peux te lever ? Il faut qu’on commence à chercher un moyen de sortir d’ici avant de mourir de faim ou d’asphyxie. encourageais-je en tendant finalement une main amicale en direction de la rouquine qui était restée étalée dans son coin.

Elle ne m’offrit aucune réponse verbale, mais ne se fit pas prier pour agripper avec force mon bras. Je fus surprise par la force qu’elle mît dans sa poigne pour se redresser et du mieux installer mes appuis pour assurer l’élévation de Cléofée. Elle était peut-être un peu courte sur pattes, mais c’était visiblement un concentré de force et d’énergie.

— Je passe devant, ça nous évitera toutes autres mésaventures et sables mouvants. reprit Alator de mauvaise humeur en prenant la tête de notre trio, emportant avec lui une poignée de lucioles.

Cléo avait le regard dans le vide alors qu’elle s’époussetait comme j’avais pu le faire un peu plus tôt. Elle réarrangea sa coiffure, dégageant au mieux son visage en une queue-de-cheval haute et asymétrique. Même si elle n’avait pas de miroir sous la main, elle avait réussi à faire quelque chose d’élégant -autant que faire se peut- avec sa tignasse sale. J’en déduisais que mon amie avait acquis une impressionnante mémoire musculaire pour ce qui était coiffure et maquillage. Je restais impressionnée, mais aucun compliment ne glissa mes lèvres.

Puisque nous étions enfin prêtes, nous pûmes entamer notre exploration en quête d’une sortie. Survivre était une bonne quête alternative de mon point de vue.

— Il n’est pas mort, tu sais... Je le sens... Il n’est pas trop loin... me confia Cléo tout en chuchotant.

Je n’eus rien à répondre. Il n’y avait aucune réplique adéquate. Ce qu’elle venait d’énoncer avait été prononcé pour apaiser ses craintes. Rien de ce que j’aurais pu dire n’aurait pu apaiser ses doutes et de toute manière, je n’étais pas d’humeur à mentir. Les yeux braqués dans la direction qu’avait prise mon familier, je nous entraînais dans les différents boyaux de pierres qui nous entouraient.

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