Chapitre 21 : Alpha

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Depuis que j’avais perçu du mouvement un peu plus loin dans ces catacombes, nous avions pu monter un plan avec mes deux amies. Parce que j’en avais assez des pièges et qu’Elinor nous avait assuré que les créatures qui marchaient vers nous étaient des créatures vivantes, nous avions tout prévu malgré la fatigue de chacune.

Comme Liabell avait insisté pour porter tous les bagages, l’attaque se répartissait alors entre Elinor et moi. Mon amie avait pour mission d’immobiliser les créatures, et moi de les embrouiller dans une pénombre épaisse le temps que nous nous croisions. Il faudrait ensuite courir, mais qu’à cela ne tienne, nous commencions toutes à être habituées à ce mode opératoire.

Alors qu’Elinor s’apprêtait à laisser ses racines sortir de terre, nous fûmes toutes surprises par l’arrivée inopinée d’une des silhouettes que j’avais pu détecter grâce à mes ombres.

— Maintenant ! avais-je hurlé à Elinor alors que je concentrais déjà mes ombres pour enlacer la créature.

La créature avait couiné, comme une humaine, et avait alerté la seconde présence. Mais manque de chance pour nos ennemis, la peur d’Elinor la rendait terriblement efficace. Aussi, en un tour de main, nos assaillants étaient fermement maintenus prisonniers et ne pouvaient plus rien voir.

Pourtant, un seul mot m’encouragea à calmer mes ardeurs guerrières. L’un des deux monstres venait de crier le prénom de l’une de nos amies disparues. À mes côtés, Tessa continuait de feuler de façon agressive, les griffes sorties.

Mes ombres se firent de moins en moins denses, et à travers ce brouillard noir, je pus m’apercevoir de la présence surprenante du familier de Zeïna. Surprise, ma concentration se dissipa totalement ainsi que les ombres que j’avais facilement accumulées.

Devant nous se dressait maintenant un tableau grotesque. Au coin de l’un des tunnels se trouvait Alator qui, assit, semblait attendre patiemment que l’orage se dissipe. Emprisonnées et ceinturées fermement entre d’épaisses lianes se trouvaient être prise au piège notre fameuse Zeïna ainsi que notre seconde amie perdue, Cléofée.

— Elinor, c’est bon, je ne pense pas que ce soit des monstres finalement, déclara Liabell dont le sourire s’était étiré jusqu’aux oreilles.

— Oh non ! Je suis tellement désolée ! s’exclama d’une voix forte Elinor tout en laissant ses lianes disparaître dans le sol.

Cléo et Zeï, ainsi libérées, purent reprendre leur souffle. Cependant, je me doutais bien que les deux jeunes femmes ne nous feraient pas payer notre manque de renseignement.

— Et donc, nous sommes de bonnes cibles à vos yeux ! déclara froidement Zeïna.

Un frisson d’effroi me parcourut rapidement la colonne vertébrale, même si j’étais soulagée de revoir mes amies en vie. Je devais me retenir de ne pas leur sauter dans les bras. Zeïna semblait disposée à m’électrocuter plus qu’autre chose et Cléofée nous lançait son regard accusateur -le même que faisait Méline... Signe que les deux femmes étaient bien sœurs malgré leurs nombreuses différentes-

— Tu peux parler Zeïna, mais je suis persuadée que tu étais sur le point de nous attaquer. Si Elinor ne t’avait pas retenue, nous aurions sûrement fini en magicienne grillées. Je me trompe ? intervint rapidement Liabell.

Je pus voir Zeï nous offrir un petit geste du menton hautain comme elle savait si bien le faire avant de s’approcher vers nous à pas lents.

— Je fais ce que je peux pour assurer ma survie. D’ailleurs, j’ai accumulé un peu trop d’énergie pour pouvoir la contenir bien longtemps. J’vais vous en donner un peu ça sera votre punition pour nous avoir confondu avec des gobelins !

Je grimaçais automatiquement. Cette proposition n’avait rien de généreux. Je ne connaissais que trop la désagréable sensation de recevoir un coup de jus. Et pourtant, c’est ce qui me tomba dessus sans même que j’ai le temps de chercher à m’éloigner ou me cacher derrière Lia ou bien Elinor. Zeïna était déjà face à moi, sa main posée sur mon épaule, un sourire sadique et fatigué posé sur ses lèvres.

Un glapissement de surprise s’échappa de ma gorge alors que la décharge venait de me parcourir le bras, le forçant à se crisper. J’avais également senti mon visage se contracter sous cette désagréable sensation. J’aurais pu râler, mais je fus coupée dans mon élan par le couinement d’Elinor et le grognement de Lia lorsqu’elles eurent à leur tour, reçu leur sentence. S’il n’y avait que cela qui pouvait faire plaisir à Zeïna, alors c’était un petit sacrifice.

Cependant, si Zeïna affichait à nouveau un léger sourire satisfait, ce n’était pas le cas de Cléofée qui semblait s’enfoncer dans un mutisme déprimant. J’étais sur le point de m’approcher d’elle, mais le regard qu’elle me lança me fit bien comprendre qu’elle n’avait aucunement l’intention de se laisser amadouer par ma mignonitude légendaire. Ce fut également à ce moment-là que je remarquais l’absence de son familier. Je compris rapidement de quoi il était alors question et me retint de faire tout commentaire.

Les choses étaient claires pour moi. Cléo n’avait plus son familier avec elle. Elle devait se sentir totalement dépassée par les évènements en plus d’être dépouillée de son compagnon et d’une partie de ses pouvoirs.

Silencieusement et sans faire de nouvelles vagues, je me rapprochais de Tessa, passa discrètement ma main dans sa fourrure. Je pouvais comprendre Cléo. Rien qu’à l’idée de perdre mon compagnon, j’étais devenue hystérique. C’était d’ailleurs étonnant que mon amie ne soit pas déjà en train de hurler au scandale.

— Bon, maintenant que nous sommes toutes de nouveau là... commença Zeï, interrompu par le raclement de gorge masculin d’Elio.

— Tous... De nouveau là. rectifia notre oratrice. Nous allons peut-être pouvoir rebrousser chemin et retrouver la terre ferme !

— Hors de question ! déclarais-je au même moment que Cléo.

Son regard paniqué ne laissait aucun doute quant au désir de la jeune femme de retrouver son familier perdu dans ces couloirs sans fin. Mais, en ce qui me concernait, mes raisons de rester sous terre étaient toutes autres. Il m’était impossible de retourner bredouille à l’école. J’avais enfreint trop de règles, risqué la vie de mes amies et pris de trop nombreux dangers pour demander pardon à Alec. Il fallait que je sorte d’ici victorieuse.

Je savais que mon explication allait être un mensonge pour moi, mais au moins serait-il valable pour quelqu’un, aussi, je n’attendis pas l’intervention de Cléo pour m’exprimer d’une voix assurée.

— On doit retrouver Seth.

— C’est trop risquer de croire qu’il pourra me retrouver à l’école si nous nous en allons maintenant. renchérit mon amie à la chevelure rouge.

Il n’en fallut pas plus pour vaincre le plan de Zeïna. Cette dernière soupira bruyamment, leva les bras au ciel en signe d’impuissance et n’ajouta rien. Nous venions d’obtenir gain de cause. Je jetai un œil à Cléo. J’aurais espéré y voir un petit éclat de satisfaction, mais je fus déçue de n’y percevoir qu’une grande tristesse.

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