Chapitre 24 : Zeïna

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J’étais tellement concentrée sur cette porte que les suppliques et le reste de comédie qu’offrait Cléo ne m’atteignaient plus. Mes yeux couraient sur les symboles, mais ces derniers ne me disaient rien et pour mieux comprendre, je m’étais déconnectée de la réalité. Ce qui pouvait se passer autour de moi n’avait plus d’importance. Je n’entendais plus, ne ressentais plus l’humidité du lieu me glacer les os. Mon regard allait et venait sur la façade de la double porte de bronze, fascinée.

Cependant, même si j’arrivais à faire abstraction du bruit ambiant et de l’agitation, je décrochai de mon étude lorsqu’un « clic » de mécanisme retentit dans mon dos. Puisque je n’avais pas encore commencé à manipuler les sceaux de la porte, il me parut évident que le bruit n’était pas de mon fait. Aussi vivement que me le permirent mes vertèbres, je me tournais en direction de la source du bruit qui avait osé me tirer de ma contemplation.

Cléo ne bougeait plus. Elle avait le regard écarquillé, surprit. Ses lèvres formaient un « o » digne d’un enfant ayant cassé le vase de sa grand-mère. Je laissais mon analyse continuer et pu constater que le pied de mon ami s’était enfoncé sur une dalle mouvante.

— Bon sang, Cléo, tiens-toi tranquille ! sifflais-je inutilement.

— Je fais quoi maintenant ? osa-t-elle demander sans pour autant retirer son pied du déclencheur du piège.

— Qu’est-ce que j’en sais ? Tu crois que j’habite ici ?! répliquais-je de mauvaise humeur.

Il fallait que ça nous arrive maintenant. Un piège, alors que nous étions arrivées devant la porte sans encombre. Me massant les tempes, j’essayais de réfléchir rapidement et à autre chose que ces symboles qui hantaient maintenant mon esprit.

— Elinor, fais une petite vérification entre les pierres, histoire de savoir d’où le piège va venir. Alpha, tiens ton ombre prête à réceptionner un coup à la place de Cléo. Elio, réveille Liabell qu’elle puisse réagir en cas de problème.

Je n’eus pas besoin de donner ses instructions à Alator. Ce dernier s’enfonçait déjà dans les ténèbres, loin du cercle de lumière que fournissaient les lucioles. Qu’il parte en éclaireur m’angoissait, mais nous n’avions pas d’autre choix.

Après cela, réfléchir clairement me fut particulièrement difficile. C’était comme si je retournais à la case départ avec la moitié de mon esprit prit par la porte et non sa totalité. J’étais à moitié efficace et c’était insupportable.

— Nous allons avoir de la visite ! m’informa Alator avant de revenir en courant vers notre groupe, quelques instants plus tard.

Avec regret, je détournais mon regard des deux panneaux de bronze qui n’avaient pas bougé d’un centimètre depuis notre arrivée. Je n’arriverais à rien.

— Plus précisément ? demandais-je à mon fidèle compagnon.

— Squelette zombie, armé jusqu’aux dents. Il n’a pas l’air commode. Il sera bientôt sur nous, nous sommes faits comme des rats. expliqua beaucoup trop calmement Alator.

Les dents serrées, je me retenais d’inonder Cléofée d’insultes toutes plus fleuries les unes que les autres.

En quelques phrases, j’expliquais la situation au reste de mes amis. Leurs visages se décomposèrent aussi sûrement que le mien avait dû le faire sous les mêmes informations. Par chance, Lia était maintenant parfaitement réveillée. Même si le sommeil embrumait encore son esprit, au moins était-elle sur ses deux pieds, prêt à courir pour sa vie.

— Je vais faire diversion avec les ombres. Quand il sera dans mon piège, il faudra que tout le monde coure. déclara Alpha d’un ton déterminé.

Je n’eus pas le temps d’acquiescer que déjà, un squelette imposant, les orbites du crâne brillant et armé de sabre à ses deux mains, nous faisait face.

Il ne m’était pas possible de connaître l’humeur de la créature à cause du crâne sans expression. Cependant, vu la liesse qu’il mettait à brandir ses armes, je ne me faisais pas d’illusion quant à ses intentions. Si nous restions là, nous allions finir en rondelles.

Alpha lança le top départ et brusquement le squelette fut englouti par une vague puissante de noirceur. Je ne pus voir que cela, car la seconde d’après, je regardais devant moi, courant le plus vite qu’il m’était possible tout en suivant les inscriptions phosphorescentes.

Nous allions beaucoup trop vite. Les lucioles peinaient à nous suivre, nous plongeant doucement dans l’obscurité. Je regrettais alors de ne pas avoir réussi à attraper une de nos lampes avant de nous mettre à courir. La précipitation m’empêchait de faire les choses correctement.

Cependant, une fois qu’Alpha nous eut rejoints, la luminosité s’intensifia assez pour que nous puissions tous voir où nous mettions les pieds.

Je n’avais aucune notion du temps. Aussi, je me fiais à l’état de fatigue de mon corps. Le souffle court, je continuais pourtant d’encourager le groupe. Derrière nous, des bruits de lames raclant les parois résonnaient, nous indiquant que notre poursuivant n’était pas encore semé.

Alator nous guida au travers de ces boyaux sans logique jusqu’à arriver dans un endroit immense et circulaire. Nous avions traversé une grande arche. Cette dernière était en réalité une entrée. Une entrée avec des portes.

Personne n’eut à se concerter pour agir comme un seul homme. La seconde qui suivit la découverte de notre planche de salut, nous nous attelâmes tous à pousser les deux lourdes portes pour bloquer l’accès. Grand bien nous en fit, car au travers de la fente s’amenuisant, je pus apercevoir que notre assaillant était maintenant le général d’une armée de squelettes-zombies. Si nous avions cherché à le combattre, nous nous serions rapidement retrouvés submergés par le nombre.

Les portes étaient difficiles à manœuvrer. Je supposais que tout le monde devait être aussi épuisé et à bout de forces que moi. Pourtant, je mettais toute ma puissance et tout ce qu’il d’énergie pour que les deux battants finissent par claquer l’un contre l’autre, nous plongeant aussitôt dans la nuit la plus sombre.

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