Chapitre 26 : Liabell
Je ne savais pas encore bien si c’était parce que je voyais l’une de mes plus proches amies en train de prendre un bain de feu ou parce que Zeïna commençait à paniquer, mais j’avais l’impression d’avoir été projetée dans une tout autre dimension.
Nous nous retrouvions tous à patauger dans l’eau qui semblait recouvrir le sol de la pièce.
— Mais c’est pas vrai ! Quel Dieu nous a maudits ! Nous sommes encore tombés dans un foutu piège ! S’écria Zeïna toujours devant la porte, les mains sur le métal à observer comme elle pouvait les glyphes d’inscrits. Lia ! Je n’aurais pas le temps de réfléchir assez vite avant qu’on ne soit totalement noyées. Est-ce que tu penses pouvoir te téléporter à la surface et faire des allers-retours pour nous emmener chacun notre tour ?
La question me fit aussitôt blêmir. Je ne m’y étais pas attendu une seule seconde et maintenant, je devais l’avouer autant aux autres qu’à moi-même.
— Je suis vraiment désolée. lâchais-je en un sanglot que je n’avais pas pu retenir.
— C’est audacieux, mais je suis sûre que si tu te concentres assez, tu pourras passer outre la barrière de la distance. Il suffit que tu visualises ton point de chute comme l’entrée de la grotte. reprit Zeïna dont la voix tremblait. Son sang-froid s’effritait alors que ses doigts parcouraient toujours notre porte de salut.
— Ce n’est pas ça. Les filles... Elio. Le souci, c’est que... depuis que je suis revenue à moi, je le sais, je le sens... Je suis incapable d’utiliser mes pouvoirs.
Ça y était, la bombe était lâchée, il ne me restait plus qu’à ramasser les morceaux des visages décomposés maintenant.
— Attend... Comment ça « incapable d’utiliser tes pouvoirs » ? reprit aussitôt Alpha horrifiée.
Avec difficulté, je déglutis avant de répondre.
— Quand j’étais inconsciente, j’ai été guidée par la voix de ma sœur, je vous ai décrit les visions que j’ai eues. Je crois qu’avoir frôlé la mort m’a rendue... Mortelle.
Un lourd silence s’abattit alors dans la salle, silence seulement brisé par le clapotis de l’eau. Un silence qui me hérissait l’échine, et je n’eus pas le courage d’attendre que quelqu’un d’autre ouvre la bouche.
— Je suis désolée. Sinon, j’aurais tenté quelque chose lorsque nous étions devant l’autre porte tout à l’heure. Je suis désolée. bafouillais-je, les larmes aux yeux.
J’étais devenue inutile dans cette quête. Et dire qu’au départ, je ne voulais même pas en faire partit ! Maintenant, je n’étais qu’un poids mort, j’allais ralentir l’expédition... Outre le fait que je me sentais plus vulnérable que jamais. Sans pouvoir, je ne pouvais rien faire.
— Bon sang ! Mais c’est pas vrai ! Alors, on va vraiment se noyer ici ?! C’est du n’importe quoi ! ragea Alpha tout en donnant un coup de pied dans le brasero qui accueillait une Cléofée en larme. Je pus d’ailleurs apercevoir que cette dernière pleurait des larmes de laves tandis que des gouttes d’eau lui tombaient dessus, la mettant au supplice.
Elinor essayait de créer des plantes pour absorber l’eau. Elle avait voulu faire un parapluie à Cléo, mais les plantes avaient tout simplement brûlé sous la chaleur qui émanait de la jeune femme qui semblait être en combustion spontanée.
Pour ma part, je n’avais rien à ajouter. Je me sentais terriblement coupable d’être le rouage qui menait toute notre équipe à sa perte. Aussi, je finis par m’approcher des deux battants de porte scellés, l’air de rien.
Mes yeux couraient sur la surface, comme devaient le faire ceux de Zeïna.
Si au départ, je n’y voyais que des formes géométriques sans aucun sens, mon esprit finit par y mettre de l’ordre petit à petit et cela me coupa le souffle tandis que la réponse que nous cherchions me frappait de plein fouet.
— Est-ce que ce sont les mêmes symboles que ceux sur l’autre porte ? questionnais-je sans vraiment accorder de l’importance à la réponse. Je savais qu’au fond de moi que la réponse serait positive.
Je ne savais pas d’où je tirais cette certitude, mais elle était imprégnée en moi. Ce fut d’une seule oreille que Zeïna confirma ce que nous avions devant les yeux.
— On dirait des signes alchimiques découpés et éparpillés ! avouais-je finalement en ayant reconnu le symbole pour la vie.
Ne prêtant pas d’attention au regard surpris qu’on pouvait me lancer, je me mis sur la pointe des pieds pour attraper le symbole que j’avais reconnu. Il était à l’envers et la tête en pas, mais je n’étais pas folle, il s’agissait bien du signe de la vie !
Alors que mes doigts l’agrippaient, je lâchais un petit cri lorsque brutalement, mes pieds se retrouvaient sur le sol, la main alourdie d’un objet en bronze.
Je me sentis bien sotte d’avoir brisé un bout de porte. La tête de Zeïna faisait des allers-retours pour regarder tantôt mes mains, tantôt le trou qu’il avait laissé dans la porte.
— Oui !!! C’est peut-être ça ! s’exclama notre tête pensante en m’agrippant les poings de ses doigts gelés.
Je frissonnais à ce contact, le froid de ses mains m’avait surpris. Elle me regardait dans les yeux. Je pouvais discerner ses cernes et son soulagement se lisait sur son visage.
— Tu es géniale Liabell ! affirma-t-elle.
Puis, elle se pencha aussitôt sur le glyphe que mes mains gardaient précieusement.
Je ne savais pas vraiment pourquoi j’étais géniale, j’espérais seulement que mon amie ait trouvé la bonne solution, car maintenant, l’eau était montée jusqu’à nos chevilles.
— Regarde, il y a des symboles alchimiques, mais aussi des runes ! Qui connaît son alphabet runique par cœur ? lança-t-elle au reste du groupe.
— Moi ! répondit Elio en s’éloignant à contre sœur d’Elinor.
Zeïna sembla satisfaite de la réponse.
— Bien, nous ne serons pas trop de trois. Il faut chercher une combinaison qui pourrait arrêter l’eau ou bien ouvrir la porte. À moins que l’un d’entre nous trouve une solution pour allier les deux. expliqua vaguement Zeïna qui au vu de ses sourcils froncés, était plus déterminée que jamais.
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