Chapitre 28 : Zeïna
Tout semblait être revenu dans l’ordre. Cléofée avait retrouvé Seth et son excitation semblait s’être calmée. Sans parler de ses flammes qui avaient disparu, au soulagement de tout le groupe. Il fallait dire aussi que Cléo était assez enflammée en temps normal pour qu’elle n’ait pas besoin que cela en vienne à être figuratif !
Une fois tous remis de nos émotions, nous pûmes traverser la porte, ou du moins, le minuscule passage par lequel Seth été passé. Grâce au pouvoir de feu d’une Cléo qui avait pu se rhabiller et de Seth, nous pûmes agrandir l’espace. Je fis de mon mieux pour cacher toutes les difficultés que j’eus pour passer mes hanches de l’interstice.
La pièce suivante était comme tout ce que nous avions traversé jusque-là, c’est-à-dire plongée dans les ténèbres. Par chance, maintenant que Cléo avait retrouvé sa forme humaine, elle et Seth conjuguaient leurs pouvoirs pour que notre mage du feu puisse les maîtriser correctement et nous offrir dans ses paumes de belles flammes jaune-orangé et chaudes, ce qui permettait également à Alpha d’éloigner les ombres qui auraient pu continuer de masquer notre vision.
Cette pièce était immense. Le plafond très haut et les murs faits de pierres gris et blanc, le sol était régulier et la pièce vide. Elle était vide mis à part un tombeau. Une sorte de sarcophage de marbre lisse dont le dessus représentait un visage de jeune homme, il y avait également la présence d’une statue. Alpha était ravie de notre découverte. Elle avait rêvé de ce moment pendant des jours et des jours et c’était cette pièce, cette découverte, ce lieu et tout ce qu’il renfermait qui nous avaient amenés ici en cet instant.
Certes, nous n’avions aucune autorisation de nous trouver là, nous avions frôlé la mort plus de fois que je ne pouvais les compter et pourtant, je pouvais déjà sentir en moi un sentiment d’accomplissement et de réussite. Cependant, je prenais garde à ne pas trop crier victoire tout de suite. En effet, nous avions rencontré tellement de pièges et d’obstacles pour arriver en cet endroit qu’il me paraissait logique que d’autres épreuves nous attendent encore.
La statue présente dans les lieux était à taille humaine, mais le garçon représenté tenait un véritable coffret entre ses doigts de pierre. À me placer devant lui, je remarquais qu’il aurait pu être plus grand que mois si seulement son dos n’avait pas été voûté, pourtant ses traits paraissaient jeunes…
À côté de moi, Cléofée tenait ses mains près du visage de pierre. Je n’étais visiblement pas la seule à être guidé par la curiosité. Ce constat me fit intérieurement sourire.
— Nous y sommes ! Nous l’avons enfin trouvé ! Nous avons réussi ! déclara Alpha avec toute l’excitation qu’elle avait pu contenir jusqu’alors.
La voir si épanouie me réchauffait le cœur, autant que si j’avais découvert cet endroit seul.
Contre mes jambes, Alator restait proche et se frottait très légèrement. Inconsciemment, cela me rassurerait de sentir la présence de mon familier tandis qu’autour de nous l’inconnu nous enlaçait.
— Nous sommes dans le tombeau d’Alister MacGodron. Le coffret que tient la statue doit être l’objet que nous recherchons ! reprit Alpha en s’approchant dudit coffret.
Alpha levait déjà les mains pour attraper la boîte. Dans ce même mouvement, Liabell s’élança pour l’arrêter. Cependant, il était déjà trop tard, Alpha venait de poser ses deux mains sur le bois du petit trésor et aussitôt le piège se referma sur nous.
Nous n’étions pas derrière des barreaux, mais c’était sans importance étant donné que notre prison était magique. Des flammes vert et bleu nous encerclaient avec le tombeau et la statue.
Comme je l’avais pressenti, un nouvel obstacle se dressait devant nous. J’essayais de réfléchir rapidement, mon regard se porta aussitôt sur Cléofée. Puis qu’il s’agissait de flammes, elle pouvait peut-être les contrôler ? Elle croisa mon regard, étendit ses mains vers notre prison magique, mais rien ne se passa. J’en conclus donc que Cléofée ne pouvait rien contre ces flammes venues des enfers…
— Je ne peux pas manipuler ce feu ! Ce doit être de la vieille magie, mes pouvoirs sont inutiles ! me cria Cléofée qui recommençait à paniquer.
— Ça valait le coup d’essayer ! répliqua aussitôt Liabell pour tempérer l’angoisse qui naissait chez notre amie.
Alpha non plus ne pouvait lutter contre ces flammes. Elle avait beau ordonner aux ténèbres qu’elle manipulait d’étouffer le feu, rien n’y faisait. Au contraire, plus nous nous acharnions sur les flammes avec notre magie, plus ces flammes grandissaient, gourmandes de magie.
— D’accord. Que tout le monde se calme ! On va trouver une solution ! déclarais-je pour que l’affolement cesse.
Il me fallait du calme pour arriver à me concentrer. Toute vie avait son point faible, il fallait seulement trouver le point faible de celle qui nous tenait emprisonnés.
Malheureusement, à peine le silence fut-il revenu parmi nous et déjà un second obstacle nous faisait face, le pas lourd, mais imposant. Il s’agissait d’une silhouette humaine. Les épaules larges, le torse nu, le visage dur, le regard déterminé, nous avions devant nous une sorte de gladiateur armé d’un trident et d’un filet.
Je le prenais pour une sorte de zombie comme nous avions pu déjà croisés, mais un zombie drôlement bien conservé ! Tandis qu’il se rapprochait, il devenait le problème le plus urgent à résoudre. Ce qui représentait un avantage, c’est qu’il semblait assez frêle sur ses jambes. Comme s’il ne les avait pas utilisées depuis des jours. Je supposai qu’il venait seulement de se réveiller, ce qui nous donnait un peu plus de supériorité en termes de puissance. Il fallait maintenant que je saisisse cette chance pour activer plus rapidement mes neurones.
— Vous qui profanez le tombeau de mon maître, vous qui pensez être les dignes successeurs de son savoir, tentez de prendre cette boîte, tentez de m’affronter ! Ceux qui périssent ne peuvent être héritiers ! clama le colosse, comme une poésie apprise depuis longtemps et répétée à de nombreuses reprises…
En temps normal je n’appréciais pas tant que cela les défis. Cela différait cependant puisqu’il était question d’un savoir ancestral… Ma curiosité et mon désir de connaissance m’encouragèrent à relever le défi que l’inconnu nous lançait.
Alors ce fut comme un déclic. Mes yeux balayèrent l’ensemble de mes compagnons, j’avisai Alpha, Cléofée, puis Elinor, Liabell et moi… Oui, j’avais une idée, cependant, il fallait que mes amis me suivent mentalement. J’établissais la liste des étapes de mon plan et l’envoyais silencieusement en direction d’Alator qui avait repris place devant moi en guise de bouclier. Il fallait qu’il transmette mon plan à Seth, Tessa et Drago. Si les trois autres familiers arrivaient à faire obéir leur maîtresse, alors mon plan fonctionnerait.
Lorsque je croisais à nouveau le regard de mes amis, je sus qu’elles avaient bien reçu le message, alors je pus lancer le top départ : un éclair de mon cru en pleine poitrine de notre assaillant.
Je fus déçue qu’il réceptionne mon attaque à l’aide de son trident en ne souffrant pas plus que cela, comme s’il venait de recevoir une toute petite décharge de rien du tout… C’était vexant... Néanmoins, mon attaque n’avait servi que de diversion, le temps que mes amis se mettent en position et puissent puiser au fond de toute la magie qui leur restait pour exécuter mon plan.
Les flammes de Cléofée et de Seth devaient éblouir l’homme, ensuite, ils devaient les éteindre pour permettre à Alpha de créer d’épaisses ténèbres autour du visage de notre agresseur. Une fois ce dernier privé de sa vue, c’était à Elinor d’entrer en scène. À l’aide de ses plantes, elle devait ligoter tout simplement le gladiateur, assez fermement pour le faire tomber et ainsi l’empêcher d’attaquer, de lancer son trident et son filet. Il faudrait nous mettre à l’abri d’une potentielle offensive et ensuite, il ne me restait plus qu’à offrir au revenant solide un véritable éclair de mon cru. Pour se faire, même Alator me prêta de sa magie, rendant mon agression plus destructrice que jamais.
Étonnamment, notre assaillant avait été maîtrisé. Il ne restait plus que la dernière étape à réaliser. Je me tournai en direction de Liabell qui, n’ayant pas de familier, n’avait eu aucun moyen de comprendre ce qu’il se passait. Je lui pointais du doigt la petite boîte qu’Alpha avait dû reposer précipitamment entre les mains de la statue. Il fallait qu’elle s’approche un peu de notre prisonnier, de ce fait, je lui ordonnais de se dépêcher.
Par chance, Liabell était l’une de mes amies les plus réactives. Cela était sûrement dû à sa pratique du Foulard Rouge. Plus rapide que je n’aurais pu l’imaginer, elle s’élança et attrapa la boîte avant de se reculer et de se mettre à l’abri derrière le barrage de nos familiers.
Il ne restait alors plus qu’à trouver un moyen de s’enfuir.
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