Chapitre 02 : Elinor

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Le stress suintait par tous les pores de ma peau. J'avais des bouffées de chaleur et m'agitais en tous sens. J'étais dans un véritable état d'affolement depuis qu'Alpha était venue m'annoncer que nous allions partager notre entraînement avec Sean et les autres... C'était horrible, et dire que je ne m'étais même pas lavé les cheveux ce matin. Ils étaient encore propres, mais l'odeur du shampoing à l'eucalyptus avait disparu... Alors que c'était le parfum que préférait Sean. Rha ! Si j'avais pu me dédoubler, je me serais sûrement giflée pour cet oubli tragique.

Ma chambre s'était transformée en véritables champs de bataille. En cherchant le collier que Sean trouvait joli, j'avais tout déplacé. L'angoisse me prenait aux tripes, car je ne retrouvais plus ce satané bijou ! Je pestais et shootais dans une petite pile de pulls écrasés au sol.

— Mais vraiment… Vraiment ! Où est-il ?! STUPID NECKLACE !!! rageais-je en soulevant mon tapis...

— On peut savoir ce qu'elle fabrique ? demanda une voix posée dans mon dos.

Par curiosité, je jetais un coup d’œil derrière mon épaule. Dans l'encadrement de la porte, Cléofée, ma meilleure amie, demandait des explications à mon gardien, Elio. Je grognais encore, les observer ne m'aiderait pas à retrouver ce que je cherchais.

— Je crois qu'elle a perdu un objet important... raconta le garçon.

— C'est sûr... que ça ne peut pas attendre... Pas que je saute de joie à l'idée d'être sous les ordres de ma sœur, mais... J'aimerais éviter ses châtiments de détraqué... reprit Cléo en soupirant.

Leur désintérêt quant à ma quête ne faisait que raviver le désir ardent que j'avais de porter ce collier.

— Vous ne comprenez rien ! Ce collier a une importance des plus capitales et.. AHA !!! Je le savais bien que j'avais rangé ici ! lançais-je avant d'enfin trouver ce FUK*NG collier.

Je me l'attachai rapidement avant de me poster devant mes deux meilleurs amis, un énorme sourire enjoué et motivé sur les lèvres.

— Je suis prête ! On peut y aller ! déclarais-je pour les motiver à bouger.

Cléo soupira bruyamment après m'avoir observé un moment. J'avais profité de ce moment pour la détailler aussi. J'avais toujours adoré son physique, ses cheveux teints en un rouge criard dont les racines noires ressortant étaient ce qui m'avait attirée en premier. Aujourd'hui, elle avait simplement relevé ses cheveux à l'aide d'une grosse pince, mais à l’accoutumée elle appréciait se les boucler et les laisser à l'air libre. Ses lèvres étaient soulignées du même rouge tandis que ses yeux vert clair remplis d'éclat noisette trahissaient son manque d’enthousiasme. Elle était plus petite que moi, mais sa paire d'escarpins la remontait des quelques centimètres qui lui manquaient.

Assez vite, elle s'était détournée de nous pour prendre la tête de l'expédition.

— Tu ne ranges pas ? demanda Elio sur le ton de la conversation.

— Es-tu fou ?! Nous allons être vraiment en retard si on reste une seconde de plus ici ! Vite ! répondis-je en lui agrippant le bras afin de le traîner à ma suite dans les couloirs.

Elio était un gardien. Ce qui signifiait qu'il était mort. Son décès était advenu le lendemain de ses vingt-cinq ans. Étant mort, il possédait les cheveux blancs aux reflets bleutés et les yeux bleus ciel de tous les gardiens. Il était plus grand que moi d'une tête et il était beaucoup plus fort que moi... Je le connaissais par cœur, de ses yeux en amande rieurs ou inquiets jusqu'à sa légère fossette au menton qui le complexait, en passait par son nez droit et ses joues creuses. Ses cheveux s’arrêtaient un peu plus bas que l'oreille, mais la longueur ne se voyait pas à cause du large dégradé de sa coupe. Souvent, comme aujourd'hui, il mettait une de mes pinces pour retenir les petites mèches qui se mettait devant ses yeux.

— Elinor... m'appela doucement Elio tandis que nous courrions dans les couloirs.

— Quoi !

— Tu as oublié tes marguerites...

— Ho... Heu.... Merci ! Je les ferais pousser plus tard.

Mes marguerites, je les adorais, généralement, j'en faisais naître quelques-unes dans ma tresse. J'aimais sentir leur parfum et observait leur petit ballet d’ouverture et de fermeture au gré de mes mouvements. C'était aussi une façon pour ma de montrer quel élément je maîtriserais bientôt...

La double porte de la salle d'étude était fermée, mais j'entendais tout de même la voix sèche et grave de Méline. Nous étions en retard et ce fut à ce moment que je me rendis compte que j'avais un odieux point de côté.

— Nous sommes en… Elio ?!

Mais trop tard, à peine avais-je tourné le dos que mon gardien ne s’était pas dérangé pour ouvrir en grand les portes. Haaa ! Tous les regards étaient braqués sur nous ! Une désagréable chaleur que j'aurais voulu supprimer s'installa dans mes joues. Instinctivement, je me rapprochais d'Elio.

— Excusez-nous pour notre retard mademoiselle Bergham, cela ne se reproduira plus...

— Oui... C'est ça… Veuillez nous excuser... répétais-je emportée par la timidité.

— Très bien, alors dépêchez-vous de prendre place, que je ne perde pas plus mon temps avec votre histoire ! claqua notre professeur improvisé.

Tête baissée, je me faufilai jusqu'à Cléo et m’installa près d'elle.

— T'en fais pas, elle m'a sorti la même réplique. Elle manque cruellement d'imagination... souffla ma camarade.

Je souris en coin quand je vis ce que ses mains faisaient sous la table. Elle se limait les ongles. Je trouvais ça amusant chez elle, mais jamais je n'aurais pu me détourner aussi nonchalamment du cours. Du cours ou de Sean. Ha... Sean... Il était si beau... si brillant... si parfaiiiiit ! Je me demandais comment il faisait pour supporter cette peste d'Astrid depuis bientôt une année entière. Enfin, je savais comme il faisait, c'était parce que cet homme était exceptionnel qu'il supportait tout les caprices de cette pimbêche aux mèches acajou, aux yeux ambre et au visage poupin. Rhaaaa !

Je me tirai de ma contemplation à cause d'un coup de coude violent dans les côtes. Je faillis laisser échapper un grognement de douleur, mais réussi à me retenir en me rappelant aussitôt où nous nous trouvions.

— Je te préviens Elinor... Si tu tournes encore une fois la tête vers ce gars... je t’assomme ! me menaça mon amie.

Elle devrait donc m’assommer, car il était hors de question que je perdu une occasion de contempler sa belle crinière blonde et châtain mêlée, ses lèvres fines, ses yeux bleus nuits... et puis ses muscles que laissait entrevois son sweat... Qu'il était beau...

— AIE !!!! lâchais-je agacée de recevoir une nouvelle douleur sur le flan.

Sans plus me soucier du cours, je fusillai sans merci ma voisine.

— Mesdemoiselles... Encore un bruit et vous sortirez de la salle. expliqua froidement Méline.

— Pfff.... soupira Cléo.

— Un problème Cléofée ? relança Méline.

— Nan, ça ira, merci...

Cléofée se redressa aussitôt et rangea ses outils de manucure. Apparemment elle avait terminé. Elle m'offrit un regard lourd de reproches, je lui répondis par un simple froncement de sourcils. C'était de sa faute si j'avais eu mal... SI elle m'avait laissé regarder tranquillement l'homme de ma vie, nous ne nous serions jamais fait remarquer.

Le cours dura toute la matinée et s’allongea sur l'heure du déjeuner. J'avais pris de nombreuses notes où Cléo avait rajouté ses commentaires en rouge. J'aimais bien notre façon de faire, j'écrivais la base et elle ajoutait ce qu'elle pensait que j’avais pu oublier.

La salle du déjeuner était prête à nous accueillir, des assiettes fumantes se trouvaient à nos places. Aujourd'hui, c'était de la raie en sauce avec des salsifis. Je n'avais rien contre ce plat se fut donc avec appétit que j'entamais mon plat. Elio se tenait derrière moi, les gardiens n'ayant plus besoin de se sustenter, il préférait rester là au cas où j’avalerais de travers ou commencera à m'étouffer. Ce qui m'était déjà arrivé un nombre incalculable de fois.

— Quelqu'un a vu Zeï ces derniers jours ? demanda Liabell

— Pas moi... Son antre est trop poussiéreuse pour que j'y mette les pieds, mes cheveux n'apprécieraient pas. répondit Cléo qui mangeait du bout des lèvres.

— T'as qu'à faire le ménage toi-même... ça les vaccinerait peut-être. rigola Alpha qui avait terminé ses salsifis.

— Je l'ai croisé dans les douches ce matin... Elle m'a dit qu'elle serait là au dîner... expliquais-je distraitement.

— Il faut qu'elle arrête de jeûner comme cela... Manger ne la retardera pas dans ses lectures... soupira Liabell.

— Carets surtout sortir et prendre l'air qui lui faudrait, Méline à dit qu'elle préviendrait son père de son absence à son cours. ajouta Alpha la bouche à moitié pleine.

Mais nous connaissions toutes Zeïna et son attitude vis-à-vis des cours et de la vie en collectivité. Moins elle voyait de monde, mieux elle se sentait. Pas qu'elle ne nous appréciait pas, elle nous adorait à sa façon. Seulement, elle offrait tout son temps à ses recherches sur la magie et tous les procédés liés pour améliorer le quotidien. Elle faisait rarement des expériences, mais quand elle en faisait, les résultats étaient toujours parfaits. Le reste de son temps, elle le passait à lire des livres d'histoire sur toutes les pratiques de tortures suivant les siècles et les civilisations : un passe-temps trop glauque à mon goût. Rien que d'y penser j'en avais les poils des bras qui se hérissaient.

— Ça me tue de penser que c'est à cause d'Alec qu'on a été obligé de suivre les instructions de ma sœur.. Qu'est-ce qu'il peut être feignant des fois !!! reprit Cléo.

— M'en parle pas ! Pour te dire, il ne m'a même pas laissé le choix... Si je ne vous avais pas prévenu, tout me serait retombé sur les épaules... Et tu crois qu'il me remercierait ?! Pheu, je peux m'asseoir dessus ! s'indigna Alpha en rangeait son assiette.

Je ris derrière ma main, parce que lorsqu'elle se retourna, se fut pour être nez à nez avec notre mentor.

— Alec... Heu je... Heu... balbutia-t-elle en triturant l'une de ses mèches de cheveux.

— Et bien, figure-toi... Que j'étais venu pour m'excuser et te remercier, mais comme apparemment ce n'ait pas mon genre... Tu peux.... comment tu as dit déjà ? Ha oui : Tu peux t’asseoir dessus... déclara Alec en dissimulant avec difficulté un sourire moqueur.

— Je ne savais pas... Le prends pas, comme ça voyons... essaya Alpha pour se sortir de son pétrin.

Mais Alec se mettait rarement en colère. C'était le genre d'homme à prendre tout à la rigolade et à rire de tout. Je trouvais ce comportement un peu désaxé pour un mentor, mais nos résultats n'en étant pas entachés, je ne disais rien à ce sujet.

Pour montrer qu'il n'était pas fâché contre son élève, il mit l'un de ses bras autour des épaules de mon amie et laissa un rire franc éclater.

— Je déconne. Il paraît que tu t'es fait remarquer Cléo... Je comprends, mais fais gaffe la prochaine fois... Sinon, merci d'avoir prévenu tout le monde Alpha. Si tu meurs d'une pharyngite, je te prendrais en gardienne, pas de doute là-dessus ! déclara-t-il avant ébouriffer les cheveux blond platine d'Alpha.

Le déjeuner sembla s'arrêter là, car tout le monde mettait son assiette en bout de table, signe que le repas était terminé. J'en fis de même, le temps était clément, je voulais en profiter pour prendre l'air... Ce fut donc accompagné d'Elio et de Drago, mon familier chat brun, que j'allais me perdre dans le petit bois qui bordait l'académie.

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