L'accueil
En cette longue nuit d'hiver, Philippe travaillait depuis plusieurs heures sur le projet de bâtiment qui venait de lui être confié. Dehors la lune déjà haute faisait scintiller les sommets des montagnes toutes proches et donnait à la nuit une pureté de glace.
Un peu avant vingt heures, l'architecte entendit la voiture s’engager dans l’allée qui menait à sa maison.
Il éteignit son ordinateur et s'apprêta à accueillir Harold. Pour la première fois Philippe le recevait chez lui, en dehors de ses prestations de jardinier.
Il ouvrit la porte alors même qu’Harold immobilisait sa voiture, une superbe 2cv bordeaux et noir splendidement restaurée. En en sortant, et bien qu'il ait mis le chauffage à fond, le jardinier avait l'air frigorifié.
Philippe l'invita à entrer rapidement et Harold ne se fit pas prier.
Les deux hommes se serrèrent la main, ils avaient l’air heureux de se retrouver, même si Harold se demandait un peu pourquoi l'architecte l’avait invité. C'était en effet la première fois qu'un client l'invitait en dehors de son boulot.
Après que Harold se fut débarassé de sa doudoune et déchaussé, ils passèrent directement au salon et chacun s'installa sur un canapé.
La pièce était spacieuce et une large baie vitrée laissait voir, en contrebas, les lumières de la cité. Le feu qui ronronnait joyeusement en rendait l’atmosphère chaleureuse. Harold s’y sentit tout de suite à son aise.
Malgré leur différence d’âge, et le peu de connaissances qu'ils avaient l'un de l'autre, les deux hommes s’entendaient bien et une petite complicité s’était établie. Ils avaient plaisir à travailler ensemble et ces moments avaient déjà été l’occasion d’échanges francs et directs, parfois même sur des sujets intimes.
- Que veux tu boire ? Tu as le choix entre du vin, de la bière, un whisky ou d’autres apéros genre Porto ou Martini. Qu’est ce qui te ferait plaisir ?
- Ton whisky, il est comment ?
- Pas mal, si tu aimes les whiskies maltés, mais pas trop, celui-ci devrait te plaire…
- Alors, va pour le whisky.
- Excellent choix, je te suis.
Pendant que Philippe préparait les verres, Harold admira la pièce. Les murs qui n’étaient pas occupés par la cheminée ou l’insert, accueillaient de grandes bibliothèques débordantes de livres. Un superbe tapis oriental légèrement réchauffé par le sol renforçait la sensation de confort. Pour ne rien gâcher, quelques masques, tableaux et sculptures glanés lors de voyages lointains incitaient au vagabondage de l’esprit.
Harold se détendit et oublia le froid du trajet.
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