Oreilles

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Harold prit alors son premier post-it.

  • Si tu devais y changer quelque chose à ton corps, qu’y ferais tu ?
    Globalement, sans fausse modestie, j’ai l’impression qu’on me trouve plutôt beau garçon, mais si vraiment je devais changer quelque chose, ce serait sans doute mes oreilles. J’aimerais avoir des oreilles plus courtes. Je trouve que les miennes sont un peu trop grandes par rapport à mon visage.
    Mais ça va encore, ça pourrait être pire.
    Et puis, j’ai entendu dire que pour profiter de la musique, il valait mieux avoir de grandes oreilles. C’est peut-être pour cela que dans les soirées je suis à fond.
    Pour le reste, je ne ressens pas le besoin de passer entre les mains d'un chirurgien esthétique, j'ai beaucoup d'autres idées pour dépenser mon argent.

L'architecte pensait lui qu’il n’y avait rien à changer chez lui, et surtout pas ses oreilles qui étaient bien dessinées et parfaitement proportionnées. De plus, les boucles qu’il avait choisi d’y fixer lui donnaient un petit air d’aventurier qui lui allait parfaitement.

Il se souvint de ce jeudi de mars où il l’avait vu débarquer pour la première fois de sa camionnette en lui annonçant avec pas mal de désinvolture :

  • Bonjour, moi c’est Harold, je remplace Loïc qui venait ici avant et qui est parti tenter sa chance ailleurs.

Immédiatement Philippe apprécia le ton tranquille mais sûr de lui de ce garçon d’une vingtaine d’année.
Pour ne rien gâcher, il était plutôt mignon avec ses yeux marrons, son nez fin et ses boucles chatain qui débordaient d’un grand bonnet de laine vert. Le tout lui donnait un faux air du nain Timide.
Le léger sourire qu’il arborait, son mètre quatre-vingt, son corps longiligne et son teint légèrement hâlé lui donnaient l’allure de quelqu’un de bien dans sa peau.
Philippe sentit qu’ils s’entendraient bien et fut content de l’accueillir.

Au bout d’une heure durant laquelle le jardinier travailla seul à préparer le terrain pour le printemps, l'architecte lui proposa un café et ce fut leur première vraie conversation.

Harold indiqua qu’il avait une formation d’horticulteur et qu’il aimait ce job dont il appréciait la solitude et aussi le fait de travailler en extérieur où, une fois reçues les consignes du client, il pouvait s’organiser comme il voulait.

La suite de la matinée se passa tranquillement et les deux hommes ne se revirent qu’au moment du départ du jardinier. Philippe lui dit alors :

  • J'espère que tu resteras plus longtemps à travailler chez nous que les intervenants précédents qui, au bout de 2 ou 3 prestations, ont disparu.
  • Je l'espère aussi, lui répondit Harold, en le regardant dans les yeux.

Philippe accueillit cette réponse et le regard direct d’Harold avec plaisir, une étrange sensation lui parcouru la colonne vertébrale.

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