Pourquoi ?
Le second post-it que l'architecte choisit correspondait à la question libre et il portait un seul mot : Pourquoi ?
Philippe en fut surpris. "Pourquoi quoi ? Tu pourrais préciser ?" demanda-t-il à Harold.
- Oui, pourquoi fais-tu tout cela ?
Je n’ai pas d’autres clients qui me portent autant d’attention ou qui m’invitent à diner.
En général ils me passent leurs consignes et je ne les vois plus avant mon départ, sauf s'ils ont des trucs à redire sur mon boulot. Avec toi, c'est très différent, tu es très présent. - C’est simple, je trouve que tu es un garçon qui mérite que l'on s'intéresse à lui, car tu es à la fois encore très jeune mais aussi par certains côtés très mature.
De plus, même si tu ne parais pas encore avoir réellement confiance en toi, tu as l’air de vouloir prendre ton destin en main et ça, ça me plait.
J’aimerais à la fois mieux te connaître et t’aider à tracer ta route. Tu me rappelles quelqu’un que j’ai bien connu.
Cette réponse de l'architecte était sincère. Petit à petit, il avait appris à connaître Harold et à l'apprécier.
Malgré son air désinvolte, il avait décelé chez ce garçon une certaine fragilité. Il l’avait d’abord remarqué en regardant ses mains et ses ongles rongés bien au-delà du raisonnable. De plus, une ou deux des premières fois où ils s’étaient croisés dans le jardin, Harold avait cru que l'architecte se moquait de lui, alors que ce n’était pas du tout le cas. Mais, Harold avait aussi montré qu’il ne se contenterait pas de ce poste de jardinier salarié mais qu’il envisageait d’autres options, y compris devenir son propre patron.
La suite prouvera qu’il était capable de franchir le pas.
Dès la visite d’avril, l'architecte voulu en savoir plus sur lui et, comme les prestations intervenaient systématiquement le jeudi, il s’arrangea pour ne plus prendre de rendez-vous ce jour de la semaine.
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