Chapitre 7

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Elanne avait une idée, une idée risquée mais une idée qui correspondait tout à fait à ce qu’elle espérait. Pour son plan, il lui fallait son arc et ses flèches. Elle se mit donc en marche vers chez elle en empruntant les ruelles pavées de Shanima. À cette heure-là, le matin, la ville paraissait calme, paisible et pleine de joie. Elanne voyait des enfants acheter du jor avec leur mère à la boutique du coin. Le jor était de couleur mauve, on le fabriquait à base de farine de lorï, une céréale mauve, cultivée dans des champs aux alentours de Shanima. Une vieille dame assise sur un banc autour de la rue lisait « le Quotidien Elfique », un journal quotidien de Shanima. Elanne put lire la une « Une attaque prévue pour éliminer les elfes ? » ce qui ne put que confirmer ses craintes lorsqu’elle avait entendu les deux infirmières parler : les Gogems cherchaient bel et bien à éliminer les elfes, mais dans quel but ? Et c’est là qu’Elanne se souvint que ça avait un rapport avec une certaine prophétie, celle que son père connaissait.

Cela ajouta une raison de plus à Elanne pour qu’elle mette son plan à exécution. Elle se dépêcha d’aller chez elle. Au fur et à mesure qu’elle avançait, Elanne retrouvait ses forces au lieu de les perdre, elle était déterminée.

Une fois devant chez elle, Elanne inspira une grande bouchée d’air puis elle mit sa main sur la poignée. Mais quand elle voulut ouvrir, elle se rendit compte que c’était fermé. Elle soupira en pensant : « Et zut ! Moi qui voulait entrer discrètement, il va falloir que ma mère m’ouvre »

Elle frappa à la porte et elle entendit des pas venant de l’intérieur. Puis un bruit de clés se firent entendre et la porte pivota. Elanne vit Amerline en robe de chambre, une tasse de Gördánarh dans la main. Elanne lui demanda :

« Depuis quand tu bois ce truc ?

  • Déjà, bonjour Elanne, moi aussi je suis ravie de te voir et deuxièmement, j’étais tellement morte d’inquiétude pour ton père et toi que j’en ai bu pour me rassurer.
  • Ah oui, pardon. Je vais bien comme tu peux le constater et papa aussi, il est avec le Chef du Bataillon à l’hôpital.
  • Ouf, je suis ravie que vous alliez bien, dit Amerline avec soulagement, mais… attends ! Comment sais-tu cela et pourquoi n’es-tu plus à l’hôpital ?!
  • Ben… je vais mieux du coup j’ai pu partir, et aussi, j’ai été convoquée par le Chef du Bataillon, j’ai donc pu voir papa avec lui, mentit Elanne en pensant qu’il y avait quand même une part de vérité dans ce qu’elle venait de dire.
  • Ah, et bien, entre, tu as envie de manger quelque chose ? demanda Amerline, quelque peu soupçonneuse par-rapport à la réponse d’Elanne. »

Elles rentrèrent dans la maison et Amerline referma la porte derrière elle. Puis elle se tourna, s’attendant à voir Elanne derrière elle, mais ne la vit pas.

« Elanne ? appela-t-elle. »

Pas de réponse.

Amerline soupira puis monta le petit escalier en bois qui menait à l’étage, là où se trouvait la chambre d’Elanne. Elle se doutait que sa fille mijotait quelque chose, mais elle ignorait quoi.

Elle arriva devant la chambre et colla son oreille contre la porte, elle entendit des bruits de farfouillement, puis plus rien.

Elle entrouvrit la porte et vit Elanne, en train d’attacher son carquois à son dos et de passer son arc autour de sa taille.

« Hum hum ! » toussota-t-elle.

  • Hein ! sursauta Elanne.
  • Je pense que tu n’as pas besoin de ton arc, alors pose le sur-le-champ ! Tu es irrécupérable ! À peine as-tu finis de combattre et de te remettre de tes blessures que tu veux retourner faire je ne sais quoi avec une arme ! Tu vas m’expliquer tout de suite ce que tu mijote ! »

Elanne déglutit face à la détermination de sa mère, elle tenta de lui expliquer.

  • En fait…c’est…pour m’entrainer si jamais les Garocs revenaient, pour être prête à en découdre…tu comprends ?
  • Non ! Car je sais que tu me mens ! Je te connais, Elanne, tu as toujours un sourire en coin quand tu racontes des bêtises, alors, je te l’ordonne, tu restes avec moi !
  • Bon, marmonna Elanne, tu ne me laisses pas le choix… »

Tout à coup, elle bondit, ouvrit en quatrième vitesse la fenêtre de sa chambre et sauta. Elle atterrit tant bien que mal sur le toit puis descendit en se suspendant à la gouttière.

Au loin, elle entendit le cri d’Amerline résonner.

« Elanne ! Reviens !!! »

Le cri avait-du alerter tout le quartier tellement il était puissant. Elanne ne se retourna pas et courut jusqu’à l’hôpital, son plan allait pouvoir commencer. Elle emprunta une petite ruelle déserte et passa la main dans sa bourse. Elle sentit son petit poignard et, le plus important, son amulette qui permettait de se transformer en Garoc. Elle la saisit et la sortit de la bourse puis elle sortit de la ruelle. Elle marcha jusqu’à la fenêtre de la chambre d’hôpital du Chef du Bataillon, là où se trouvait son père, et cria :

« Au secours, un Garoc attaque ! »

Puis, aussi vite que possible, elle mit l’amulette autour de son cou et elle devint un Garoc pour la deuxième fois de sa vie.

Elanne distingua des silhouettes derrière la fenêtre de la chambre d’hôpital du Chef du Bataillon Elfique de Shanima, ce n’était autre que son père adoptif, le Chef du Bataillon lui-même et les soldats elfiques qui les entouraient. Elle les regarda ensuite de façon démoniaque et montra ses crocs de Garoc.

Ce qu’espérait Elanne se produisit alors. Elle vit son père et le Chef du Bataillon se précipiter hors de la chambre d’hôpital, Elanne devina qu’ils se dirigeaient vers l’escalier. Elle les attendit devant l’entrée puis, quand elle les vit sortir du bâtiment, elle courut jusqu’à la ruelle et se cacha derrière une petite maison abandonnée en mauvais état. Les soldats, le Chef et son père ne la virent pas enlever l’amulette et redevenir elle-même, ils cherchaient toujours le mystérieux Garoc.

Elanne sortit alors de sa cachette en annonçant :

« Le Garoc est vaincu, je l’ai tué. »

Sur ses mots, elle brandit son arc et ses flèches sous le nez de son père, celui-ci s’insurgea :

« Mais Elanne, tu étais censée rester dans ta chambre d’hôpital, tu n’es pas encore remise !

  • Oh, c’est bon, je vais bien. Arrête de tout le temps de préoccuper de moi, papa !
  • Je ne voudrais pas vous gêner lors de cette dispute, intervint le Chef du Bataillon, mais je ne trouve aucune trace du corps du Garoc. »

Le cœur d’Elanne fit un bond dans sa poitrine, elle n’avait pas pensé à ça ! Alors qu’elle était en train de prier je ne sais quel dieu pour qu’un miracle se réalise, son regard se posa sur l’intérieur de la petite maison derrière laquelle elle s’était cachée. La solution était juste sous sn nez ! En effet, un corps de Garoc mort était étendu dans la maison, Elanne pensa qu’il avait dû être oublié lors du nettoyage de Shanima après le combat.

Quoi qu’il en soit, cette solution la ravissait, elle montra le corps aux soldats en mentant :

« Après l’avoir tué je l’ai caché dans cette maison abandonnée pour ne pas effrayer la population. On ne sait jamais leur réaction quand ils voient un Garoc dans la ville, même s’il est mort.

  • Tu as sans doute raison, soupira le père adoptif d’Elanne, nous allons l’incinérer, nous n’avons pas besoin de laisser ce corps ici. »

Il fit ensuite un signal à quatre soldats. Ceux-ci hochèrent silencieusement la tête et entrèrent dans la maison abandonnée. Ils en ressortirent avec le corps du Garoc sur les épaules, en marche vers la base de combat de Shanima. Le Chef du Bataillon Elfique de Shanima les suivit.

Erlun, le père adoptif d’Elanne, quant à lui, resta sur place. Vérifiant qu’ils étaient seuls, Elanne demanda à son père adoptif calmement :

« Papa, connais-tu une prophétie ? »

Les yeux d’Erlun trahirent sa surprise, il ne s’attendait pas à ce que sa fille lui pose cette question. Il lui répondit tant bien que mal pour cacher sa stupéfaction :

« Pourquoi me demandes-tu cela, Elanne ? »

Sur ses mots, Elanne perdit patience :

« Mais parce que je sais que tu es au courant d’une prophétie ! Tu l’as sans doute dit à toute la population sauf moi car j’ai entendu deux infirmières en parler, en sortant de l’hôpital ! Cette prophétie doit même avoir un rapport avec cette histoire de Gogems souhaitant éliminer les elfes ! »

Elanne était à bout de souffle, elle regarda son père adoptif avec des yeux suppliants et finit sa phrase d’un murmure presque inaudible :

« S’il te plait, dis-le-moi. »

Avant qu’Erlun n’ait pu dire quoi que ce soit, une silhouette encapuchonnée sauta depuis le toit de la bâtisse abandonnée et s’interposa entre le père et la fille.

Elanne ne pouvait discerner son visage mais elle banda néanmoins son arc, prête à encocher une flèche si l’étranger les menaçait, elle ou son père.

Mais à la grande surprise d’Elanne, l’étranger se contenta de dire :

« Désolé d’interrompre cette conversation mais j’ai des choses bien plus importantes à vous annoncer. Tout d’abord, je me permets de me présenter. Je me nomme Grëals.

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