Chapitre 8
La tension était palpable entre les deux hommes, Elanne le sentait. Finalement, son père déclara :
« Moi, je m’appelle Erlun, et voici ma fille, Elanne. »
Celle-ci fit une grimace et précisa :
« Mes parents sont décédés, je suis sa fille adoptive.
- Merci pour les présentations, mais maintenant, pourrions-nous aller discuter dans un endroit adapté ? demanda Grëals, pas du tout gêné par ce qu’Elanne lui avait appris.
- Oui, pourquoi pas, venez chez nous, je vais vous présenter à mon épouse. »
Ils partirent donc en direction de la maison d’Erlun et d’Elanne. Plus ils approchaient et plus Elanne était mal à l’aise.
« Oups, pensa-t-elle, si je retourne à la maison, je vais sacrément me faire gronder par ma mère, et elle dira sûrement à papa que je suis sortie sans permission. Mon père lui expliquera en plus que personne ne m’avait donné l’autorisation de sortir de l’hôpital. Je serais donc sûrement punie jusqu’à la fin de mes jours. »
Mais c’était trop tard pour les remords de la jeune elfe car ils étaient arrivés sur le pas de la porte.
Erlun frappa deux fois de suite à la porte, ce qui était une sorte de code dans la famille d’Elanne pour se reconnaitre. En effet, si on frappait à la porte en faisant le bon code, la personne à l’intérieur de la maison savait qu’il s’agissait de sa famille ou de ses amis proches.
Amerline ouvrit donc tout de suite la porte et quand elle vit Elanne, une grimace assez sceptique s’afficha sur son visage.
Mais ce qui retint le plus son attention, c’était Grëals. Elle le regarda fixement pendant plusieurs secondes pour enfin demander à Erlun :
« Qui est cet homme ?
- Oh, c’est un invité. Fais-nous entrer et tu sauras tout.
- Très bien. »
Sur ses mots, Amerline se décala pour laisser passer Erlun, Grëals et Elanne. Elle les invita ensuite à s’installer sur les fauteuils confortables de la petite maison.
Erlun prit place en premier. Il s’assit sur un fauteuil en cuir rouge, c’était celui qu’il occupait tout le temps. Elanne le voyait souvent assis dessus en train de lire le journal quotidien de Shanima.
Amerline s’assit aux côtés de son mari, sur un fauteuil presque identique à l’autre, à l’exception de sa couleur. En effet, il n’était pas rouge mais bleu pâle.
Comme il ne restait plus de fauteuils, Grëals s’assit sur un canapé assorti au fauteuil d’Amerline.
Elanne fit une grimace. Il ne restait plus qu’une seule place dans le salon et elle se situait sur le canapé, à côté de Grëals.
La jeune elfe s’y installa doucement en s’écartant au maximum de l’inconnu. Elle était un peu gênée.
Erlun prit alors la parole :
« Bien, maintenant que nous sommes installés, je me permets de faire les présentations. Grëals, voici Amerline, ma femme. Amerline, cet homme est Grëals, un étranger qui veut apparemment nous parler. »
Grëals se redressa alors sur le canapé et affirma :
« Je suis peut-être un étranger pour vous mais vous devez m’écouter, j’ai des choses importantes à vous dire, et j’irais droit au but alors ne tardons pas.
- Bien, alors exprimez-vous, lui intima Erlun.
- Tout d’abord, j’aimerais que vous mettiez votre fille adoptive au courant de la prophétie. »
Grëals lança un regard insistant en direction d’Erlun.
Celui-ci bafouilla :
« Heu, je… J’aillais lui en parler mais…
- Bon, inutile de tergiverser papa, dis-moi tout de suite, je ne me fâcherais pas. »
Mais Amerline devança son mari :
« En parlant d’explications, Elanne, tu devrais d’abord expliquer à ton père que tu es allée chercher ton arc ici puis sortie en douce !
- Inutile d’en parler, temporisa Erlun, de toute façon, elle a bien fait car elle a tué un Garoc grâce à son arc et ses flèches. »
Amerline se tut et Grëals s’impatienta, il regarda Erlun glacialement :
« La prophétie.
- Ah oui, j’allais y venir. Alors quand Dracalane, le lieutenant des Dracs, est venu frapper à notre porte avec un bébé dans les bras, qui n’était autre que toi, Elanne, il nous a fait part d’un étrange présage que le sage de son peuple lui avait annoncé. C’était une prophétie, si vous préférez ce terme. Je vais d’ailleurs vous la citer :
Les terres d’Endoy sont sacrées
Mais elles seront renversées
Par des ténèbres en argile,
Loin de la féérie gracile.
Endoy alors se dressera,
Des justiciers il choisira
L’un d’eux aura un passé pur
L’autre aura connu les blessures.
Entre les flammes à l’air bestial
Et les flèches si triomphales
Les justiciers seront armés
Mais ne seront pas initiés.
Leurs actions changeront le monde
Mais le danger arrive en trombe.
Ils devront prendre garde au mal
Lors de l’hostilité finale. »
Elanne retint son souffle, attendant que quelqu’un s’exprime. Elle trouvait cette prophétie vraiment étrange. De plus, son père adoptif avait pris une voix très grave en la récitant.
Ses pensées furent interrompues par Grëals :
« Voilà, les Garocs et nous-mêmes pensons que les flèches triomphales représentent les elfes, et un en particulier. Comme ils sont trop bêtes pour se poser des questions, ils ont décidé d’éteindre votre race.
- Je comprend mieux pour l’attaque alors, murmura Elanne. »
Grëals reprit :
« Oui, mais comme leur attaque a échoué, ils prévoient en ce moment même de mener un assaut à Dracanord, pour éliminer les Dracs mâles. Ils pensent, et nous aussi d’ailleurs, que les flammes représentent les Dracs. Mais ce que, jusqu’à maintenant, nous avons omis de te dire, jeune elfe, il se tourna vers Elanne, c’est que nous pensons que l’elfe au passé aux blessures est toi. »
Elanne resta muette, elle ne s’attendait vraiment pas à ça. Elle sentait l’air se compresser autour d’elle, elle vit Amerline en train de la regarder tendrement mais elle entendit à peine Grëals et Erlun discuter. Sa tête lui sembla lourde tout à coup et sa vision se troubla. Elle s’avachit sur le canapé, inconsciente.
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